Livre du jour : « Atlas du sport. Business et spectacle : l’idéal sportif en je»
Après l’histoire, la géographie. La coupe du monde de football nous le rappelle, le ballon rond n’est pas qu’une simple métaphore de la planète bleue. Car si un sport symbolise la mondialisation (au point qu’il puisse également cristalliser l’hostilité envers ses dérives monétaires, voire simplement sa nature « capitaliste), le « soccer » peut servir de prototype, presqu’une caricature.
Le choix de l’Afrique du Sud, après celui des États-Unis et du Japon/Corée du Sud, marque clairement la volonté de la FIFA d’intégrer définitivement les « marges » de son empire dans cette vaste stratégie d’hégémonie globale. Et projeter l’affaire sur des mappemondes, y compris quand il s’agit de suivre le parcours transnational de jeunes joueurs africains, donne tout de suite une autre réalité visuelle aux banalités proférées sur les plateaux télé.
Ainsi le chapitre consacré au football dans cet « Atlas » généraliste –dont les cartes sont accompagnées de petits textes explicatifs plutôt bien ficelés, qui devraient éviter bien des soucis de bachotage aux étudiants en STAPS et de nombreuses consultations fastidieuses de wikipedia aux journalistes d’hebdos politiques–, offre une vision saisissante de la contamination quasi achevée du monde par le virus du foot. Même si demeurent des zones épargnées comme l’Indonésie –le plus grand pays musulman– et autres espaces dominés par des singularités locales à l’instar du cricket –petite lubie aristocratique du Commonwealth, pourtant si populaire au Pakistan et à Trinidad, ou encore la lutte en Iran ou Mongolie.
Dans ce cadre, les bonnes performances des All Whites néo-zélandais ont presqu’autant d’importance pour l’avenir de ce jeu, pas franchement à son aise dans ce Brésil du Rugby, que le soap opéra des Bleus. Les problématiques qui traversent le football aujourd’hui (droits télé, circulation des joueurs, prépondérance fatiguée bien que maintenue de l’Europe, « ignorance » totale du dopage, etc…) l’éloigne surtout de plus en plus du lot commun des autres disciplines, après pourtant leur avoir servi longtemps de modèle dans leur projet de diffusion mondiale. Le foot est-il encore un sport au sens du XXème siècle ?
« Atlas du sport. Business et spectacle : l’idéal sportif en jeu », par Gillon, Pascal & Frédéric Grosjean & Loïc Ravenel – (Autrement)
Nicolas Kssis-Martov