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Liénard et la manière

Par Maxime Brigand
Liénard et la manière

Pivot central du succès du Racing samedi face au PSG, Dimitri Liénard est un homme qui revient de loin. Soit du foot à dimension humaine, des petits boulots et du difficile apprentissage du haut niveau.

Il paraît que dans la gestion d’une vague, le hasard n’existe pas. Une fois la lame passée samedi, à la Meinau, Thierry Laurey, le météorologue du Racing, a pourtant regardé rapidement vers le ciel : « Pour battre une équipe pareille, il faut que les planètes soient alignées. On a ouvert le score rapidement, puis on a mis du cœur à l’ouvrage. On n’a pas très bien joué certains ballons de contre. À la fin, on a défendu comme des morts de faim. De toute façon, tu ne peux pas faire autrement. » En d’autres termes, il n’existe pas mille façons d’aborder un exploit et un col de la catégorie du PSG, la semaine traversée par la Ligue 1 l’a bien résumé : lundi dernier, au moment de faire ses valises pour se poser quelques heures au Parc deux jours plus tard avec ses gars, Jean-Louis Garcia, coach d’un ESTAC difficile à suivre, avait évoqué avant même le coup d’envoi « un match à part » , racontant au passage qu’en prendre quatre – Troyes est finalement reparti avec une défaite moins lourde (0-2) – était une chose normale. Laurey, collègue du wagon des promus, lui, avait préféré se rouler en boule en public : « À part si vous leur payez du vin chaud à leur arrivée au stade et qu’ils arrivent un peu torchés, tu perds contre eux. »

En privé, pourtant, le coach strasbourgeois a sans aucun doute servi un tout autre discours à ses hommes, historiques vainqueurs de l’ogre samedi (2-1) au bout d’un match héroïque où le Racing n’aura pas laissé sa mâchoire se décrocher à la vue d’un bolide ultra-sophistiqué qui roulait jusqu’ici sur tout le monde, laissant derrière lui plus de louanges que de réactions d’orgueil. Battre le PSG, c’est avant tout le regarder dans les yeux, lui marcher dessus dans les duels, ne pas rêver de gratter un maillot dès le coup de sifflet final entendu : le foot est un sport, une histoire d’approche psychologique où les souvenirs n’ont leur place qu’une fois le ballon rangé. Après la rencontre, Dimitri Liénard, métronome du jour, qui avait déjà attrapé les projecteurs du bout des doigts face à l’OM (3-3) le 15 octobre, ne disait d’ailleurs pas autre chose : « On savait que, face à une équipe qui est capable de mettre des 7-1 en Ligue des champions, on serait obligés d’être solidaires. Et on a prouvé que, quand c’est le cas, on est capables de faire de belles choses. »

Le villageois

Le foot pro et son charme : doudoune remontée à fond, sac à dos en place comme pour un enfant tiré pour la première fois de sa vie par ses parents sur les marches de la tour Eiffel, Liénard a les yeux éclatés par l’expérience. « C’est un exploit. Ils sont invaincus depuis quand ? Ça fait un moment, non ? On ne s’était jamais dit qu’on allait prendre trois points contre Paris, j’ai les pieds sur terre, je ne joue pas les matchs pour les perdre, mais quand t’abordes les matchs contre Paris, c’est une autre galaxie.(…)Bon… je ne sais pas si je suis revenu sur terre, j’ai des étoiles plein les yeux ce soir, je suis comme un gosse dans une cour de récré, c’est fabuleux, je n’en reviens pas… » Un gosse, la patte gauche de Belfort n’est rien d’autre que ça. Dimitri Liénard fut longtemps, de son propre aveu, « un joueur moyen, un remplaçant » , point barre. Une histoire triste ou, plutôt, belle. Celle d’un mec normal, débarqué, lui aussi, de la France d’Orelsan, celle où l’on danse la chenille, où l’on tue les dimanches au club-house du club du coin et où le foot se découvre souvent là-bas, à la Meinau, avec le Racing, en tribunes. Pour lui, ça a plutôt commencé à Bonal où il y a quelques années, Liénard avait « peur » d’approcher Francileudo Santos. Il faut le comprendre : Dimitri est « un villageois qui ne se prend pas la tête » , mais surtout un homme qui revient de loin. Soit d’un endroit où devenir footballeur pro n’était qu’un rêve, ou surtout une blague que l’on se lance entre potes au PMU du coin, tard, très tard le soir. Il y a cinq ans, Liénard avait déjà 24 ans et n’était après tout qu’un joueur de CFA, au FC Mulhouse.

Les rayons et le gel

Quelques années plus tôt, le bonhomme était même encore quelques étages plus bas, à l’ASM Belfort, après avoir été refoulé du FC Sochaux à ses 15 ans. Rayons toujours : en parallèle de sa vie de footeux, Dimitri Liénard commence à bosser à Valdoie, où il se lève à 6h le matin pour remplir le rayon liquide. « Des années difficiles » , expliquait-il en début de saison à L’Est Républicain, mais aussi le temps de « la rigolade » . Celui des copains, du « marteau-piqueur » , de la construction de l’individu, des petits boulots, du SMIC et de la mise en perspective : « Je n’ai vraiment pas le droit de me plaindre. » Liénard n’oublie pas, n’hésite pas à se retourner pour réaliser et rejoindra finalement le Racing, fraîchement promu en National, en 2013. Depuis, il n’a pas bougé, comme l’autre symbole, Jérémy Grimm, avec qui il partageait il y a encore peu les allers-retours en train jusqu’à Strasbourg.

Lorsqu’il arrive au Racing, Thierry Laurey découvre alors un bon pied gauche, « pas tout à fait raccord avec notre exigence » , qui a « su se remettre en question, s’adapter au jeu de la Ligue 1 sans perdre sa spécificité et sa personnalité » . Sa spontanéité, surtout, qui l’a vu gratter progressivement une place de titulaire dans le losange cher à Laurey et se rouler par terre au point d’agacer Neymar samedi alors qu’il n’était pas sûr, cet été, de réussir à s’adapter à la Ligue 1. Peu importe, lui ne s’est pas laissé geler par l’enjeu, a claqué une passe décisive pour Nuno Da Costa et surtout livré une copie majuscule au cœur d’une organisation strasbourgeoise parfaite. Un détail passé presque inaperçu, ce qui a agacé Thierry Laurey après la bataille : « C’est fou ça, quand Strasbourg bat Paris, on dit que c’est Paris qui est nul. Non, mais vous savez que la semaine on bosse, nous, non ? Reconnaissez au moins qu’on s’est arrachés. Si Paris a jeté de longs ballons devant, on y est aussi un peu pour quelque chose hein ! » Ou comment parfaitement maîtriser les vagues : Dimitri Liénard est devenu un homme.

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