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Lettre à Eder

Par Eric Carpentier
Lettre à Eder

On t'a accueilli, on t'a relancé, et voilà comment tu nous remercies. Non, ce n'est pas beau ce que tu as fait. Malgré tout, le LOSC restera ta maison. Sois ici chez toi, Ederzito.

Eder, Ederzito,

Bienvenue à la maison. Sous cette lettre, tu trouveras ton maillot d’entraînement, une chasuble et des chaussettes. Pointure 52, comme toujours. Tu trouveras toutes ces choses que nous mettons à ta disposition chaque matin, depuis six mois, depuis que nous t’avons accueilli. Les mêmes petites attentions toujours renouvelées. Rien n’a changé ici, tu verras. Non, rien n’a changé pendant que tu es parti batifoler. Notre pays n’est toujours pas champion d’Europe. Toi, si.

Voilà comment tu nous remercies. Nous qui t’avons recueilli, âme en peine du côté de Swansea. Tu ne mettais plus un pied devant l’autre. Devons-nous te le rappeler ? Devons-nous te rappeler ce zéro but inscrit en treize matchs là-haut, chez tes dragons gallois ? Eux, tu n’as pas eu le loisir de les faire pleurer deux fois. Tu les avais suffisamment fait souffrir, toutes ces fois où tu n’as pas su trouver le cadre, l’angle de frappe, la surface du pied ou je ne sais quoi d’autre, toutes ces fois où tu n’as pas su la mettre au fond, tout simplement. Non, ni Galles ni personne n’a eu à subir ta foudre pendant cet Euro. Sept minuscules minutes de jeu contre l’Islande, une misère. On se réjouissait de te récupérer en forme, bien reposé. Et puis il a fallu que tu montes au front à la 79e minute de notre finale. Que tu dégaines des 25 mètres, dans ton style bien à toi, et que tu plonges un pays entier dans l’incrédulité. Il a fallu que tu nous trahisses.

À la base, on voulait juste remplacer Junior Tallo. Qui ne le voudrait pas ? L’intention était légitime, on n’allait pas titulariser Baptiste Guillaume, quand même. À ce niveau, toi ou un autre, franchement, on n’était pas regardant. Alors tu étais là, disponible, et puis tu étais international, ce n’est pas rien. On se disait bien qu’on risquait le flop, mais quand tu as connu Hector Tapia, Mikkel Beck et Patrick Kluivert, tu es préparé et, disons-le, fataliste. Et puis tu as commencé à marquer ! La première fois, contre Rennes on a cru à un coup de chance. Ton doublé à Nantes ? Un coup de folie. Finalement, au moment de faire les comptes, il a bien fallu croire l’incroyable : nous t’avions relancé. Six buts et quatre passes décisives en treize matchs, des efforts, de la sueur et un gant blanc. Tu nous as gratifiés de ce sourire enfantin qui est le tien, et tonton Michel a sorti le chéquier. Six millions d’euros, presque autant que Nolan Roux. Sauf que Nolan n’aurait jamais marqué en finale d’un Euro, ou même de Coupe de la Ligue. Toi, tu nous as poignardés dans le dos. Tu quoque, mi fili.

On ne va pas te mentir, tu nous mets dans le brin. Depuis dix ans, on s’escrime à ne pas faire de vagues. Un club sans histoires, « les Girondins du Nord » on nous appelait. Maintenant, c’est une odeur de soufre et de douleur qui va nous accompagner. Partout où nous irons, on ne parlera que de ça. L’homme de la 109e, Ginola réincarné, le Materrazzi portugais, Eder m’a tuer. Tu vas connaître les sifflets sur tous les terrains de France, du Roudourou au Parc des Princes. Ah non, pas le Parc, c’est interdit de parler, là-bas. Mais le Roudourou ? Connais-tu la bronca armoricaine ? Elle est terrible, peu en ressortent indemnes. Et je ne parle pas de Louis-II. Même Florian Thauvin n’aura pas eu à subir un tel traitement. Mais toi, tu t’en fous, évidemment. Depuis Paris, tu as senti le vent des vestes retournées à Lisbonne, de tous ceux qui te crachaient dessus au Brésil et qui ont maintenant une statuette à ton effigie au milieu du salon. Alors ce ne sont pas quelques quolibets descendus des travées de Michel-d’Ornano qui pourront te faire peur.

Et puis il y a le terrain. On ne va pas te laisser le moindre espace, tu seras surveillé, l’Eder on fire. On ne te fera pas de cadeau. Imagine-toi dans un Vélodrome désert, avec Rolando et Rekik t’escortant en cerbères. Une vision de l’enfer, oui. Tu le connaîtras à chaque match, seul son visage changera. Un jour, ce sera Nicolas Pallois, le lendemain Kevin Malcuit, un autre jour David Luiz. Il y a bien Ricardo Carvalho qui devrait te laisser un peu de repos, mais ça, c’est parce qu’il est trop vieux pour courir. Heureusement pour toi, Umtiti est parti, son marabout se serait chargé de ton cas. Matuidi, lui, est encore là, prêt à foutre le souk. Et crois-moi, un coup mal placé des cannes désarticulées du grand Blaise, ça fait mal. Mais ce ne sera toujours rien comparé à ce que tu nous as fait subir, un dimanche 10 juillet 2016, à 23h20.

Le pire, c’est qu’on connaît le scénario. Le climax et puis la chute. Tu vas retrouver tes habitudes, envoyer les ballons à droite, à gauche, parfois même tu tireras dans le vide. Tu finiras bien ta saison en marquant le but qui empêchera le Stade rennais de jouer l’Europe, mais ça, c’est une tradition ici, tout le monde le fait, même Nicolas Fauvergue. OK, tu marqueras aussi contre Dijon sur une passe décisive contre son camp d’un Marvin Martin prêt à tout pour retrouver une sélection, n’importe laquelle. Mais à part ça, tu seras un fantôme. Même les passes de Rony Lopes ne trouveront que le vide. Alors, à la fin de la saison, il aura pris ta place dans la Selecção et nous, on te refourguera à Bolton. Le pire, c’est qu’on fera une plus-value.

Malgré tout, Ederzito, sois ici chez toi. Avec le Portugal, tu es parti comme un remplaçant, revenu comme un sauveur. À Lille, tu reviens comme le fils prodigue, celui qui a fait n’importe quoi, mais que nous continuerons à aimer. Ta simplicité, ta gentillesse, tes efforts et ta volonté font de toi un homme que l’on ne peut qu’aimer. Sois-en certain, nous saurons t’accueillir à Pierre-Mauroy. Nous sommes fiers de te revoir avec nous, en champion d’Europe. On ne te demande qu’une chose : ce que tu nous as fait au Stade de France, tu pourrais le refaire contre le RC Lens ? Même en 32es de finale de Coupe de France, on sera contents.

Merci,

Bisous,

Ton LOSC.

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