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Les yeux dans l’Islande

Propos recueillis par Arthur Jeanne
Les yeux dans l’Islande

Durant deux ans, Saevar Gudmundsson a suivi caméra à l’épaule la campagne éliminatoire victorieuse de la sélection islandaise. Le résultat ? Inside the Volcano, un Les Yeux dans les bleus à la sauce islandaise. Le film intimiste et précieux permet de mieux appréhender l’exploit immense de hommes de Lägerbarck. Voyage en immersion chez les strákarnir okkar.

Votre film s’appelle Inside the Volcano, pourquoi ? Parce que je fais le lien entre le succès de notre équipe nationale et une éruption volcanique. Parce que le volcan émerge soudainement et son explosion devient de plus en plus puissante. Et cette qualification, c’est une explosion, quelque chose qui avait commencé à bouillonner avec le Mondial 2014 où on s’était presque qualifiés.

L’idée de faire un documentaire sur cette équipe vient de ce moment-là ?Mon associé, qui est aussi journaliste, a eu l’idée de contacter la Fédération islandaise et les coachs après le match en Croatie. Nous avions été à deux doigts de nous qualifier pour la Coupe du monde et donc on s’est dit que c’était le bon moment de suivre ces hommes qui allaient accomplir un exploit historique. Cela a pris plusieurs mois de convaincre les hommes de faire ce documentaire. Au début, on a passé pas mal de temps avec eux en observation, sans filmer pour gagner leur confiance. Petit à petit, on a pu commencer à filmer.

Comment avez-vous été accueillis par les joueurs et par le staff ?Après quelques matchs, on faisait partie de l’équipe, on était partout, on dînait avec eux, on était dans les vestiaires, aux briefings de Lagerbäck. C’était une histoire de confiance mutuelle qu’on a réussi à établir graduellement. La partie la plus difficile a été de convaincre et d’approcher Lars Lagerbäck, car la presse suédoise l’avait pas mal descendu à l’époque et il avait une appréhension des journalistes pour cette raison. Mais finalement, on s’est très bien entendus.

Pour la qualification pour l’Euro, les joueurs ont rejoint les gens, ont été dans des bars comme n’importe qui. Ils ont été fêté ça toute la nuit dans les pubs, avec les Islandais.

Les joueurs ont été plus faciles à convaincre ?Oui, beaucoup plus. Convaincre les joueurs a été la partie la plus facile. L’Islande est un petit pays, il y a une culture de la proximité, tout le monde se connaît de près ou de loin à 3 ou 4 degrés. Les joueurs étaient enthousiastes, Heimir aussi. Ils ont joué le jeu pendant ces deux ans. À la fin, Heimir est venu me voir et m’a remercié. Il m’a dit en blaguant, « si vous n’aviez pas filmé, on ne se serait peut-être pas qualifiés. »

Votre meilleur souvenir du shooting ? Sans doute l’après-match contre la Hollande à Amsterdam. La fête là-bas dans le vestiaire a duré 4 ou 5 minutes, alors que c’est probablement le plus grand exploit du football islandais. 5 minutes plus tard, ils montaient dans le bus et vérifiaient les résultats des autres matchs, lisaient ce que disait la presse, étaient sur Twitter, ils étaient très professionnels. Ils n’ont pas fait la fête du tout à l’hôtel. Ils ont juste partagé des pizzas et bu un cocktail. Ensuite, ils se sont reconcentrés sur le match suivant, prévu deux jours plus tard contre le Kazakhstan.

Et la fête de la qualification ?C’était énorme, tout Reykjavik était dans la rue. Ils ont rejoint les gens, ont été dans des bars comme n’importe qui. Ils ont été fêté ça toute la nuit dans les pubs avec les gens, mais encore une fois, en Islande, il y a beaucoup de respect. Les gens buvaient des coups avec eux, mais ne les embêtaient pas. Ça n’est pas la France ou l’Allemagne où on ne peut pas approcher les joueurs. Ici, si tu veux approcher Gylfi ou Kolbein, tu peux, mais ça n’est pas la mentalité d’aller les emmerder, demander des photos. Il y a beaucoup de respect pour la vie privée, ils peuvent faire la fête sans être ennuyés.

Tu te souviens d’une anecdote en particulier ? Il y a eu beaucoup de moments extrêmement drôles. Mais je me souviens d’une scène dans le bus en Turquie, à Konya. Sur la route du stade, on avait été avertis que les Turcs étaient extrêmement chauds. C’est un public particulier, un peu fou, et on nous avait dit que le bus risquait d’être caillassé. Les joueurs étaient un peu inquiets. Finalement, tout se passe bien, les joueurs scrutaient les alentours. Et finalement, Eidur était tout seul à l’arrière du bus, et frappe comme un sourd sur la vitre avec sa main. Les autres étaient hyper inquiets, tendus, regardaient partout autour et, là, Eidur éclate de rire. Il trouvait que sa blague était hilarante.

Hannes, notre gardien, pendant la première partie des éliminatoires, travaillait encore comme réalisateur, et bossait pendant les rassemblements.

Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné chez ces hommes ? Ce qui m’a vraiment marqué et que j’espère qu’on a bien retranscrit, c’est à quel point ils sont proches les uns des autres et qu’ils aiment être ensemble. Chaque fois, les retrouvailles étaient heureuses, ils avaient hâte de se retrouver. Il y avait cette volonté de vivre ensemble qui était impressionnante. En privé, ils nous disaient tous que c’étaient les meilleurs moments de leur vie de footballeur.

Lars Lagerbäck, comment il se comporte avec eux ?Lars est sans doute le type le plus taciturne de cette équipe, il est plus distant, sérieux. Mais parfois, il fait des blagues, et surtout, il a un respect énorme de ses joueurs. Quand il dit quelque chose, ça a presque valeur de loi. Je crois que l’avoir comme coach était la meilleure chose qui soit arrivé au football islandais. La manière de gérer les joueurs est devenue beaucoup plus professionnelle depuis son arrivée. Les plus vieux de l’équipe me disaient qu’avant Lars, ils sortaient de l’hôtel dans l’après-midi pour profiter lors des déplacements, buvaient des coups après chaque match. Avec Lars, c’est devenu différent.

Il a apporté un certain professionnalisme, mais il y a toujours cette touche d’amateurisme qui fait le charme du football islandais ?Oui, il y a cette séquence où Heimir, quelques jours avant un match de la sélection, consulte dans son cabinet de dentiste aux îles Westmann, ou cette tradition qu’il a d’aller donner la composition de l’équipe aux supporters dans un pub quelques heures avant le match et d’expliquer les choix tactiques. Ou aussi Hannes, notre gardien, qui, pendant la première partie des éliminatoires, travaillait encore comme réalisateur et bossait pendant les rassemblements.

Un homme islandais sur 2000, entre 18 et 40 ans, joue avec la sélection.

Hannes Haldorsson justement vous a donné des conseils ?Hannes est un bon ami, on a travaillé ensemble. Il était mon assistant réalisateur. Il nous a beaucoup aidés, car il fait partie de l’équipe. Il a poussé l’idée en interne, et il sait comment travailler avec des sportifs, comment les filmer, donc parfois il nous donnait des idées. Dans son ancienne vie, il faisait des documentaires sur les grands sportifs islandais, comme Eidur Guðjohnsen à Barcelone qui est aujourd’hui son partenaire.

Comment les joueurs ont réagi au film ?Ils ont aimé. Hannes l’a adoré, il a pleuré plusieurs fois et a regardé le film quatre fois en deux jours ! Ce que j’ai entendu, c’est que Hallgrimsson a pleuré aussi. Beaucoup d’équipes islandaises nous ont aussi contactés pour qu’on leur fasse des projections privées pour se motiver avant leurs matchs. Au-delà des joueurs, ça a été un grand succès. Le seul reproche que j’ai pu entendre, rarement, c’est qu’il n’y avait pas assez de football. C’est un film sur le football, mais surtout sur les hommes, leur histoire, comment vit un groupe.

Avez-vous entendu parler des Yeux dans les Bleus ? Non, jamais entendu parler, mais envoie-moi le lien, j’adorerais le voir.

Pour finir, tu pronostiques quoi pour le match contre l’Autriche ?J’adorerais une victoire, mais je dirais un nul, j’avais pronostiqué un nul pour les deux premiers matchs et j’avais eu raison. Je ne suis pas optimiste, mais pas pessimiste non plus. Il faut savoir quelque chose que j’ai lu ce mardi matin : un homme islandais sur 2000, entre 18 et 40 ans, joue avec la sélection. C’est extraordinaire et ça résume l’exploit qu’on a filmé.

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Propos recueillis par Arthur Jeanne

Pour voir ce superbe film en V.O.D (payante) c’est par ici.

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