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Les Saints des Saints

Par Maxime Brigand
Les Saints des Saints

C'était il y a maintenant quarante ans. Le 1er mai 1976, Southampton, alors en seconde division, créait la surprise en fauchant Manchester United en finale de la FA Cup à Wembley et remportait le premier titre majeur de son histoire. Plongée dans la légende.

Une légende ne se construit pas. Elle frappe souvent d’un coup, comme ça, sans prévenir. Il faut du temps pour la comprendre et pour prendre conscience de ce qu’elle est vraiment. Prendre le temps de regarder l’histoire, prendre le temps de la laisser faire son travail. Mais, au fond de lui, Lawrie McMenemy sait. Le voilà dans le salon du Royal Garden de Londres. Dix ans plus tôt, Alf Ramsey était à sa place et savourait alors son nouveau statut de sélectionneur de l’équipe championne du monde. L’Angleterre venait alors de battre l’Allemagne de l’Ouest à Wembley au bout de la prolongation et remportait la seule Coupe du monde de son histoire. C’était le 30 juillet 1966, c’était hier. Mais le 1er mai 1976, Londres ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Rien ne devait se passer comme ça, personne n’avait écrit l’histoire de cette manière, et Lawrie McMenemy ne pouvait pas avoir un tel sourire dessiné sur son visage. Sauf qu’il l’avait.

Quelques heures plus tôt, dans le vestiaire de Wembley, l’international anglais Mick Channon prend la parole dans le silence : « Les gars, si on est battus en finale, personne ne se souviendra de nous. Mais si on gagne… » Comme souvent, McMenemy parle peu, il n’a jamais eu besoin de ça. Un regard suffit. Et ce jour-là, il n’a pas besoin de s’exprimer tant il a confiance en ses joueurs. Son Southampton, celui qu’il entraîne depuis novembre 1973, celui avec lequel il est descendu en deuxième division six mois plus tard, celui qu’il tente avant tout de faire remonter en First Division à cette période, est en finale de la FA Cup pour la troisième fois de son histoire. En face, Manchester United. Le Manchester United de Tommy Docherty et du diable, Lou Macari. « Je ne pense pas avoir eu peur une seule minute avant cette finale. J’ai simplement essayé de transmettre ma confiance à mes joueurs en leur demandant de donner leur maximum sur le terrain. United était favori. Nous, on devait se faire massacrer, rien de plus. » Ces mots sont ceux de McMenemy. Et, à ce moment-là, il ne sait pas.

« Même si c’était Manchester United… »

Il ne sait pas encore qu’il va souffrir pendant une grosse vingtaine de minutes, que son gardien, Ian Turner, va se faire bombarder de partout et que Bobby Stokes va se réveiller. Il ne sait pas non plus qu’à la fin, Nick Holmes va s’écrouler et que son capitaine, l’expérimenté Peter Rodrigues, va se mettre à pleurer. Il raconte : « Ma chance a été d’avoir dans mon effectif un mélange parfait d’expérience et de jeunesse. Il faut se rendre compte, j’avais Rodrigues qui avait déjà connu quarante sélections avec le pays de Galles, Jim McCalliog qui avait aussi été international avec l’Écosse et avait joué avant à Manchester United, et Peter Osgood. Certains savaient qu’ils ne rejoueraient peut-être plus jamais de leur vie à Wembley et ça a été un avantage pour nous. Notre objectif était, cette saison-là, de remonter en première division. Mais on survolait tout le monde en Cup, donc… Donc à un moment donné de cette finale, même si c’était Manchester United en face, j’ai compris qu’on allait le faire. » Et Southampton l’a fait, à sept minutes de la fin du temps réglementaire, sur une frappe croisée de Stokes. Comme West Bromwich en 1931, comme Sunderland en 73, un club de deuxième division vient de battre un club de première en finale de FA Cup. Sans savoir alors que ce trophée restera, encore en 2016, le seul de l’histoire du club.

Quarante ans ont passé, mais rien n’a changé. « Bien sûr, c’est le meilleur souvenir de ma carrière, de par la dimension de ce qu’on a accompli. Manchester United était un club énorme, avec une histoire forte, se rappelle Jim McCalliog. Je suis écossais et quand on est écossais, c’est simple : si tu n’es pas pour le Celtic ou les Rangers, tu es pour Manchester United. J’ai même eu la chance de jouer là-bas pendant une saison, celle d’avant notre victoire en FA Cup. Et j’avais aussi connu une défaite en finale avec Sheffield Wednesday en 1966. » Il faut revoir les images, les 100 000 personnes entassées à Wembley, l’arrivée sur le terrain, torse en avant, de Lawrie McMenemy et la remise de la coupe à Peter Rodrigues par la reine Élisabeth. Southampton a écrit l’histoire, son histoire et sa légende, peu importe l’échec dans la quête de montée en fin de saison. Au bout d’un parcours qui aura vu le club du sud de l’Angleterre coucher sur sa route Aston Villa, Blackpool, West Bromwich, Bradford City et Crystal Palace en demi-finale à Stamford Bridge. Quelques années plus tard, McMenemy sera même pressenti pour succéder à Dave Sexton à Manchester United. « Oui, c’est assez drôle et j’aurais peut-être dû y aller. Je me rappelle du jour où on m’a parlé de l’intérêt de United. J’étais à l’aéroport avec Kevin Keegan, c’était en 1981. Un journaliste débarque au moment où on récupère nos bagages et me dit : « Alors, vous êtes l’entraîneur de Manchester United ? » Je lui dis que non. Une fois à l’hôtel, même question d’un autre journaliste. Et mes dirigeants m’ont appelé pour me dire qu’ils voulaient que je reste. Je suis resté » , se souvient celui qui partira de Southampton en 1985, avant d’arrêter sa carrière d’entraîneur en 1999.

L’appel et le bus à impériale

Dans la soirée du 1er mai 1976, alors que les joueurs font la fête ensemble, Lawrie McMenemy est donc dans le salon du Royal Garden. Autour de lui, sa femme et un verre. Tout à coup, le directeur de l’hôtel débarque et file le téléphone à McMenemy. Il raconte : « C’était Tommy Docherty, l’entraîneur de Manchester United ! Il m’a dit qu’il avait pleuré après la finale tout en me félicitant. Je lui ai dit que j’espérais qu’il gagnerait l’année suivante. Et ils l’ont fait contre Liverpool après nous avoir battus plus tôt dans la compétition. Lors de la rencontre à Old Trafford, j’avais redit bonne chance à Tommy. Lorsqu’ils ont gagné la compétition en 77, Tommy est monté chercher la coupe et l’a soulevé vers la tribune de presse, parce que j’y étais en tant que consultant pour la BBC. » Histoire de boucler la surprise et le rendez-vous historique qui fut célébré en mai dernier du côté de Southampton, au cours d’une semaine de golf et de dîners organisés par une association locale. Avec, comme summum, une nouvelle traversée du centre-ville jusqu’au St Mary’s Stadium – stade qui a remplacé The Dell depuis 2001 –, sur le même bus à impériale qu’en 1977. Sauf pour ceux qui ne sont aujourd’hui plus là : la légende Peter Osgood et un certain Bobby Stokes.

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Par Maxime Brigand

Tous propos recueillis par MB.

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