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Les leçons tactiques de France – Pays-Bas

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de France – Pays-Bas

Il n'a suffi que d'une mi-temps aux Bleus pour battre le dernier finaliste de la Coupe du monde. Dit ainsi, cela peut faire de l'effet. Et pourtant, cela ne veut rien dire. D'une part, cette sélection n'avait rien d'un finaliste de Mondial (pas de Van Bommel, De Jong, Von Bronckhorst, changement de charnière centrale, repos de Robben). D'autre part, un match amical à un tel moment ne compte pas vraiment, encore moins contre des Oranje habitués à choisir leurs matchs. Limitons-nous donc à analyser uniquement la production des Bleus.

Trois mois et demi après l’Ukraine, et trois mois avant la liste définitive, les Bleus ont su maintenir « la même dynamique » . Même stade, même système de jeu, presque les mêmes hommes. Les mots sont de Didier Deschamps. Les idées et les choix, aussi. En plein milieu de la saison des clubs, les enjeux étaient forcément moindres qu’en juin prochain. Il y en avait tout de même deux. D’une, le système. Milieu à trois, Cabaye devant la défense, Valbuena excentré : que reste-t-il de la prestation contre l’Ukraine ? De deux, les hommes. Deschamps a pu évaluer l’absence de Ribéry et les nouveaux Griezmann, Mangala et Digne. Enfin, la France a pu évaluer Karim Benzema, pour la 65e fois en autant de sélections.

Courage tactique, ambition et contre-attaque

Ce que tout le monde a voulu appeler « enthousiasme » , « fierté du maillot bleu » ou encore « patriotisme » après l’Ukraine, c’était tout simplement du courage tactique. Un caractère fait d’une ligne défensive placée très haut sur le terrain, un milieu de terrain confiant et conquérant, des latéraux agressifs et des attaquants mobiles. Au-delà du dogme du beau jeu, de la possession et de toute sorte de prostitution intellectuelle, le courage tactique est nécessaire à toutes les victoires. Hier soir, les Bleus n’ont pas réussi à reproduire le même dispositif que l’on avait vu il y a trois mois. Ce n’était peut-être pas l’objectif, ce n’était peut-être même pas faisable dans ce (manque de) contexte. Ironie du sort, ce 4-3-3 gagne encore plus de confiance, convaincu maintenant de savoir souffrir et contre-attaquer.

Pogba a beau aller chercher la sphère jusqu’aux chevilles de Cilessen, c’est insuffisant si tout le bloc bleu ne presse pas ensemble. Avec une défense basse en phase de non-possession, les Bleus acceptent trop facilement d’attendre. Mais le schéma est là : Deschamps semble exiger un pressing intense à ses trois attaquants plus Pogba plus Matuidi. C’est ambitieux : seul Cabaye reste en couverture, dans une sorte de 4-1-4-1 sans le ballon. Espérons que la même ambition aille jusqu’à Rio. Si le savoir-faire hollandais, la patience de Strootman et le jeu de passes extraordinaire de Sneijder ont su résister, le bilan est surprenant : moins la France avait le ballon, plus elle était dangereuse. D’une part, le bloc bleu était assez compact pour interdire toute infiltration orange, contraignant les Oranje à s’exiler sur l’aile, stériles. Seulement 4 tirs concédés. D’autre part, la sortie du ballon de ce milieu bleu laisse présager de belles surprises. Celle de Cabaye vers Benzema sur le deuxième but est un modèle. Ces Bleus savent attaquer vite, et c’est historiquement un bon signe.

L’ascension de Matuidi, le sacrifice de Pogba

Si l’on parle de 4-3-3 sur le papier, dans les faits, le dessin du schéma est loin d’être évident. 4-2-3-1 ? 4-2-4 ? Plus le schéma est flexible, plus il est intégré par ses composants. Pour Deschamps, l’essentiel est de pouvoir réunir le volume de jeu (offensif et défensif) de Cabaye, l’intensité et la verticalité de Matuidi, et la présence de Pogba. Habitué à évoluer à gauche avec la Juve, la Pioche a d’ailleurs une marge de progression importante dans ce système, au-delà de l’insolence de sa technique et de sa lecture du jeu. Aucune position de frappe de balle, aucune passe potentiellement décisive. Et surtout plus de travail. Dans ce 4-3-3 où Matuidi vient étirer la pointe du triangle du milieu jusqu’à la limite du possible (une sorte de ciseau du pied droit, disons), Pogba est contraint de faire du recyclage aux côtés de Cabaye. Dommage pour un joueur qui aime tant inventer, mais indispensable à l’équilibre des Bleus.

Un équilibre offensif qui repose de plus en plus sur ses deux relayeurs, dans une animation de plus en plus cohérente. Le jeu long de Cabaye permet de faire monter facilement les latéraux, le jeu dos au but de Benzema fait remonter le bloc, la mobilité de Valbuena et Griezmann brouille les pistes et il ne suffit plus que d’avoir des milieux proches de la surface pour être dangereux. L’action de la 10e minute est un modèle du genre (insertion de Matuidi, passe en retrait, renversement de Cabaye sur Debuchy, centre fort). La conséquence immédiate est cette impression d’une équipe où tout le monde attaque : hier soir, pas moins de dix joueurs bleus ont tiré au but.

L’absence de Ribéry et la défense des côtés

Deschamps devait certainement craindre l’absence de l’omniprésent Ribéry. Remplacé sur le papier par Griezmann, l’animation offensive n’a pas donné l’impression de manquer d’idées. Test réussi, donc. En revanche, la phase défensive a montré ses limites. Contraints de tenter leur chance sur les côtés, les Néerlandais ont su se montrer dangereux. Et pourtant : Depay et Promes ne sont ni Cristiano ni Neymar. Alors qu’Évra a semblé dépassé en un contre un, l’inquiétude vient surtout de la naissance de ces situations, qui n’est certainement pas étrangère aux présences combinées de Griezmann et Valbuena sur les côtés. Les replis défensifs légendaires de Ribéry ont manqué.

Griezmann est déjà à Rio, Mangala n’est pas Ciani

Avant même de mettre le maillot bleu, Griezmann était une évidence. Sans but, sans assist et sans même un seul fait marquant, Antoine a fait ce qu’il sait faire : jouer au football. Sans surprise, Saint-Denis a vu un joueur aussi utile en phase de possession qu’en situation de contre, qui pense vite et peut jouer partout en attaque. Mangala, lui, était bien plus observé. Si un tel match amical ne suffira jamais à bousculer une hiérarchie défensive, Deschamps ne peut pas être plus satisfait. Sept duels aériens remportés, zéro faute, deux têtes placées dans la surface adverse, et beaucoup d’assurance. Décomplexé, Mangala a tout simplement touché plus de ballons que Varane (86 contre 85). Cette place de deuxième central reste l’inconnue du 11 de DD.

Comme prévu, Deschamps a accordé une mi-temps à chaque latéral. Résultats : plus de ballons joués et d’activité pour Digne que pour Évra, alors que le Parisien a joué la mi-temps « morte » . De quoi interpeller. C’est assez rare, mais un latéral gauche français a même été signalé hors-jeu hier soir…! Enfin, Giroud, Sissoko et Rémy sont entrés alors que les dés étaient jetés depuis un moment. On notera que Rémy a joué une nouvelle fois joué sur le côté droit, alors qu’il ne cesse de convaincre l’Angleterre dans l’axe. Pour finir, 49% des Français avaient dit « non » au sondage de L’Équipe ce mardi : « Karim Benzema doit-il être, selon vous, un titulaire indiscutable en équipe de France ? » . Que diraient-ils aujourd’hui ?

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Par Markus Kaufmann

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