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Les leçons tactiques de France-Islande

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Les leçons tactiques de France-Islande

« C'est important pour la confiance », disait Laurent Blanc à quelques heures du coup d'envoi de France-Islande. Une fébrilité défensive peu commune et une belle remontée plus tard, ce match, qui se voulait rassurant sur l’avancée du jeu des Bleus, a surtout révélé un paradoxe important. Blanc nous parle depuis deux ans de sa préférence pour le « jeu à la barcelonaise » : conserver le ballon afin de mieux contrôler le rythme du match. Il s’agit d’un travail de longue haleine, il le sait, nous aussi. Mais hier soir, l’équipe de France a clairement montré sa prédilection pour un jeu direct et vertical. D'où plusieurs enseignements tactiques.

Possession ou jeu direct ?

Plus de vitesse et d’imprévisibilité, mais moins de réflexion. Le ballon circule les premières minutes, mais, dès qu’ils en ont l’occasion, Mexès ou Rami cherchent une diagonale pour atteindre directement Ménez, Ben Arfa ou un Debuchy très offensif. Ce n’est pas un hasard si les ailiers touchent plus de ballons que les milieux centraux. Mandanda ne relance pas au sol. Les coups francs sont joués très vite vers l’avant, on centre à tout-va, on tire beaucoup. Dans le fond, on peut s’en réjouir, si l’on repense au football pauvre proposé durant les années Domenech. Mais cette équipe a un potentiel offensif si grand qu’il serait dommage de ne pas l’organiser. Étrange de jouer en 4-3-3 pour sauter le milieu, non ? Hier, le jeu des Bleus avait bien plus de points communs avec le Real de Mourinho qu’avec le Barça de Guardiola : des ailiers explosifs qui s’associent superbement avec Benzema, et des milieux centraux qui servent surtout à les orienter le plus rapidement possible vers l’avant, mais qui apparaissent finalement peu dans les trente derniers mètres. En plus d’éviter de se mêler à ce qui se passe devant, Gourcuff prend des heures à lâcher le ballon. S’il jouait en une touche de balle, peut-être que le public n’aurait pas le temps de le siffler. Qu’en pense Mathieu Bodmer ?

D’autre part, le pressing n’est pas celui que l’on attend d’une équipe qui veut contrôler le match. Certes, les attaquants ont clairement des consignes, mais on ne remarque pas d’effort immédiat à la perte du ballon, surtout au milieu (à part Cabaye, encore excellent). Tout le monde se replace et laisse les Islandais repartir. Une tendance naturelle à vouloir jouer en contre ? Si Blanc souhaite vraiment miser sur la circulation de balle, alors Marvin Martin s’impose comme une évidence. Il combine, pose le jeu et offre plus de fluidité qu’un Nasri pas encore libéré en bleu. Une stat : 96% de passes réussies pour les 6 remplaçants de l’équipe de France ce soir… L’absence de M’Vila s’est fait sentir plus que prévu. Sa capacité à faire respirer l’équipe avec ses passes horizontales aurait permis à l’équipe de France de poser le jeu, mieux orienter les attaques et conserver le ballon. De plus, les Bleus ont souffert de l’absence d’un vrai milieu récupérateur comme Yann ou Matuidi. Car la possession n’est pas là pour faire joli, mais bien pour user l’adversaire et défendre avec le ballon. Pour une animation offensive plus posée et organisée, mais surtout une meilleure couverture de la défense, moins de pertes de balle et de déséquilibre. Parce que derrière, l’équipe de France ne peut compter ni sur Pepe, ni sur Ramos…

Fragiles derrière

Parler de fragilité est un euphémisme. Pourtant, depuis son intronisation à la tête des Bleus, Laurent Blanc fait de la solidité défensive sa priorité absolue. Dix-neuf matchs plus tard, et avec seulement neuf buts encaissés, l’équilibre défensif semblait être, si ce n’est acquis, au moins sur la bonne voie. Or, la prestation des défenseurs français contre l’Islande est préoccupante. Les deux buts encaissés donnent l’image d’un quatuor défensif extrêmement brouillon : les erreurs d’Évra, le placement de Mexès-Rami, le retard de Debuchy sur le second but… Plus généralement, les distances entre les défenseurs n’étaient pas bonnes, les marquages sur les corners douteux, les relances pas toujours propres. Alors bien sûr, la défense française a eu des matchs références (l’Allemagne, mais aussi le Brésil, en 2011). Mais, au vu de la prestation d’hier soir, une évidence semble se dégager : encore une fois, un filtre comme M’Vila se révèle indispensable pour protéger les arrières. Après tout, Sigurdsson n’est pas Zlatan.

Que de talent…

On le savait déjà, mais ce match a une nouvelle fois démontré que devant, c’est l’abondance. En ce qui concerne le talent pur, cette France de Laurent Blanc est supérieure à celle de l’épopée 1998-2000, et à celle emmenée par Zizou en 2006. Bien sûr, il faut relativiser : l’Islande reste sur dix défaites et deux matchs nuls. Mais la qualité des joueurs offensifs français est exceptionnelle. Les enchaînements Benzema-Ben Arfa-Ménez sont imprévisibles et détonnants. Tout comme les montées de Debuchy. Et le danger qu’ont apporté les lascars de la génération 87 a même permis à Benzema d’utiliser la profondeur, chose impensable en 2010. La classe de joueurs comme Ribéry ou Nasri, malgré leur relation amour-haine avec le public, ne devrait jamais être discutée. Mais il a manqué du réalisme, jusqu’à l’entrée de Giroud. Peu de touches de balle, mais une présence et deux passes décisives délicieuses pour Ribéry et Rami. Ce qui aurait pu faire douter le sélectionneur : et si jouer avec deux attaquants (Giroud en pivot et K-Benz électron libre) était la meilleure option pour l’attaque des Bleus ?

Finalement, malgré une prestation mitigée, la phrase du commentateur anglais de ESPN UK Derek Rae est révélatrice : « Roy Hodgson ne sera pas content de ce qu’il a vu ce soir. Ces Bleus-là ont une grande qualité, et la qualité te fait gagner des matchs. » Avec un jeu plus posé et contrôlé et plus de circulation, les Bleus auraient pu remporter ce match sans soucis 2-0, voire mieux. Si la France n’est pas encore au courant, l’Europe craint très sérieusement ses Bleus.

Par Ruggero Lambertini et Markus Kaufmann

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