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Les Germains chez Germaine

Par Charles Alf Lafon
Les Germains chez Germaine

Alors que Julian Draxler traverse à son tour le Rhin, reste à savoir quelle trajectoire sera la sienne. Et pour tenter d'y répondre, retour sur les pionniers de l'axe franco-teuton.

Les années 30

Après des années de magouilles et d’amateurisme marron, la FFF cède enfin aux sirènes du professionnalisme. Par décret, la Division nationale est créée le 1er juillet 1932. Il s’agit alors pour les nouveaux clubs pro d’offrir des contrats. Metz profite de sa proximité avec l’Allemagne encore amateure – il faudra attendre 1963 pour voir apparaître la Bundesliga – pour récupérer deux joueurs, Joseph Becker et Emile Buhrer. Deux ans plus tard, Strasbourg suit l’exemple et recrute l’attaquant Oskar Rohr. Un sacré phénomène. Champion avec le Bayern (buteur en finale) à vingt ans, Rohr compte également quatre sélections avec la Nationalmannschaft pour cinq buts (dont un doublé face à la France). Suffisant pour vouloir vivre de son talent. Après un détour par la Suisse et le Grasshopper Zurich, le « Gladiateur, qui se vend à l’étranger » , comme le décrit alors la presse germanique, débarque en Alsace. Il y claquera 117 buts en 136 matchs, devenant le meilleur buteur de l’histoire du club, un record qui tient toujours. « Ossi » , son petit surnom, a alors rendez-vous avec l’histoire. Considéré comme un traître à la patrie, il fuit lorsque ses compatriotes prennent la France, se réfugiant à Sète, en zone libre. Selon les versions, il aurait alors défendu les couleurs du club local pendant trois ans avant de se faire arrêter par la Gestapo, ou rapidement enfermé dans un camp de concentration, ou se serait engagé dans la Légion étrangère. Toujours est-il qu’Oskar se retrouve envoyé par le IIIe Reich sur le front de l’Est, où il survit en jouant au foot. Jusqu’à ce que, peu avant la fin de la guerre, un compatriote pilote le reconnaisse et lui propose un vol de retour vers son pays natal où il redeviendra footballeur, mais amateur cette fois-ci. Une légende, néanmoins.


Les originaux des 70s

Si l’on connaît aussi bien la vie romanesque d’Oskar, c’est grâce à son petit-neveu Gernot. Oui, ce Gernot Rohr-là. Gernot fait comme grand tonton : naissance à Mannheim, début au Bayern. Sauf que celui-là est un poil plus riche en talent. C’est l’époque bénie de Franz Beckenbauer, Sepp Maier, Gerd Müller, Uli Hoeneß ou encore Paul Breitner. Si le petit jeune joue peu, il amasse néanmoins deux titres de champions et une Coupe d’Europe, avant de filer lui aussi en France, via un détour par Mannheim et le Kickers Offenbach (quel nom, vraiment). Le rugueux latéral pose ses valises en Gironde et se fait un prénom, muselant tout ce qu’on lui propose, de Giresse à Platini. Il sera de tous les succès de l’ère Bez. Champion de France en 1984, 1985 et 1987 et vainqueur de la Coupe de France en 1986 et 1987 avec les Girondins, il revient entraîner l’équipe à trois reprises une fois sa carrière de joueur terminée. Oscillant aujourd’hui entre les postes en Afrique et un job de consultant sur beIN, Gernot est devenu la référence de l’amitié footballistique franco-allemande, en témoignent sa double nationalité et son super accent.

Julian Draxler pourrait aussi s’inspirer d’un autre naturalisé, Erich Maas. Frustré de ne pas être retenu pour la Coupe du monde 1970, l’ailier gauche quitte le Bayern et devient un Canari. Seize pions pour sa deuxième saison, un titre pour la troisième et la naturalisation dans la foulée : un modèle d’intégration. Maas se finira à Rouen et au Paris FC, en D2, signe qu’il se plaisait bien en France. Autre candidat, Erwin Kostedde. Premier joueur de couleur de la Nationalmannschaft, ce fils de G.I américain – qu’il n’a pas connu – débarque à Laval en 1979. Vieux, un peu gros, flemmard, Erwin ne parle pas français. Pire, il prend un avion pour rentrer en Allemagne rejoindre sa famille après chaque match, et s’entraîne avec l’équipe locale. Qu’importe, il est toujours titulaire avec le Stade et finit co-meilleur buteur du championnat avec vingt et un buts. Au bout d’une seule saison, Erwin retourne en Allemagne, se fait piller par un mauvais conseiller, est emprisonné à tort pour un cambriolage sur fond de racisme (la police a reconnu ne pas avoir réussi à réunir six personnes de couleur pour l’identification). Sale descente.


Le temps de l’Europe

La réussite de Kostedde donne des idées aux dirigeants lavallois, qui décident de le remplacer par un autre Teuton, Uwe Krause, pour un résultat à la hauteur. Uwe finit lui aussi à quelques encablures d’Onnis pour le titre de meilleur buteur, assure le maintien, reste, aide à conquérir deux 5es places. Surtout, il devient une star grâce à La Vache qui rit, qui se plante et remplit ses boîtes de fromage de vignettes Panini à son effigie. Uwe part ensuite à Monaco, puis Sochaux, et termine à Sète, décidément une destination prisée des Allemands en manque de soleil.

Mais les années 1980 sont surtout celles des gros pleins d’argent, le duel Bordeaux-Marseille, avec une triangulaire (Matra) Racing. L’Allemand étant très fort, voire champion d’Europe, il est courtisé. Et ça dégomme. Bez dégaine le premier en enrôlant la tour de contrôle Dieter Müller après avoir asséné : « Le meilleur. Nous voulons le meilleur ! » Et lorsque Dieter s’en va, Claude le remplace par un copain de moustache, Uwe Reinders. Dès son arrivée à l’OM, Tapie copie le système bordelais et met les sous sur la table pour Karl-Heinz Förster, puis Klaus Allofs. Lagardère ne veut pas rater le wagon et se paye le délicieux Pierre Littbarski. Un échec cuisant dans la capitale pour le futur champion du monde (fais gaffe Julian, même si toi, tu l’es déjà, champion du monde). Littbarski n’est d’ailleurs pas le seul à se planter. D’autres joueurs au pedigree établi ne parviennent pas à s’imposer loin de chez eux (peut-être ne chantait-on pas assez pour eux ?), comme Caspar Memering ou Manfred Kaltz.


Kaiser, Bomber et Paris

Juillet 1990, Bernard Tapie prend le contrôle d’Adidas, et l’Allemagne est sacrée championne du monde. Franz Beckenbauer, auréolé de son titre, vient apporter de la prestance à l’OM. Embourbé dans le « marécage » marseillais, le Kaiser ne tient que quelques mois. L’un de ses sélectionnés arrivera là où il a échoué. En 1992, Rudi Völler relance la mode de l’attaquant allemand, à moustache qui plus est, avec une coupe aux grandes oreilles à la clef. Un autre Bomber venu d’Italie commence plutôt bien également, les titres en moins, en la personne de Jürgen Klinsmann. La suite est bien plus compliquée. Les buts se font plus rares pour leur deuxième saison, l’OM file en D2, Rudi au Bayer, Klinsi devient une idôle à Tottenham. Un autre champion du monde (et même d’Europe !) ne retient pas la leçon : Andreas Köpke continue la tradition marseillaise, pour finir par s’embrouiller avec coach Courbis et se faire piquer sa place par l’inénarrable Stéphane Porato. L’Allemand ne s’épanouit plus dans le sud de la France, comme le prouvera Oliver Bierhoff au début du nouveau millénaire. À Paris, cela n’a jamais vraiment pris. Preuve en est avec le cas Christian Wörns, recruté en 1998 pour remplacer Bruno N’Gotty et que Bietry tente de refourguer avant même son premier match pour économiser son salaire. Même topo pour Trapp, dont le bilan s’avère mi-figue mi-raisin. Reste Opel, sponsor maillot du club pendant sept ans (1995-2002). Mais, manque de pot, lors du triomphe européen du PSG en 1996, la marque au Blitz est absente du maillot (contrairement au championnat). À Draxler de réparer cette injustice.

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Par Charles Alf Lafon

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