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Les bonnes questions de la saison européenne

Par Maxime Brigand et Alexandre Doskov
Les bonnes questions de la saison européenne

Le Real Madrid qui souffle la douzième C1 de son histoire, la Juve qui se roule dans sa malédiction, Monaco qui restera un doux souvenir, le PSG qui restera un drôle de martyr ou encore Leicester qui aura encore fait sauter un peu plus la raison là où Manchester United se sera contenté d'emmerder le monde en C3. Malgré ça, oui, ce cru européen était sexy. Très sexy. Voilà les bonnes questions avant les vacances.

1. L’agent RA11 est-il derrière la défaite de la Juve à Cardiff ?

Il a beau avoir fait ses valises il y a maintenant cinq ans, personne n’a oublié ce membre éminent de la confrérie Gabriel-Montpied, sorte de Bureau des Légendes à la sauce clermontoise dirigé par Claude Michy qui, selon plusieurs sources, aurait fortement inspiré le personnage de Jean-Pierre Darroussin. Dans le petit milieu des agents, on se repasse d’ailleurs souvent ses exploits, ses envolées et ses astuces pour déjouer les teigneux en compagnie de sa gâchette arrangée venue tout droit de Cayenne. Mais voilà, sa renommée étant, l’agent RA11 avait donc quitté la ville en 2012, appelé à donner la leçon dans d’autres sphères. Puis, deux ans plus tard, le voilà de retour où tout a commencé : Marseille, avec un survêt et un signe distinctif qu’il partage avec quelques pontes de la musique locale. C’est là que l’agent RA11 va faire la rencontre d’un petit génie discret. Un mec qui s’appelle Mario, qui est plus jeune que lui et à qui il souhaite donc filer un peu de culture.

Chaque week-end, la doublette se retrouve dans un duplex au Pharo. Leur activité est simple : regarder les Jaunards, passion secrète de l’agent RA11. Mario, plus connu sous le pseudo Gabonaisdu13, découvre ainsi la culture de la lose avec un ballon. Un rapide rappel ? L’ASM Clermont Auvergne, c’est deux petites victoires en treize finales de championnat de France de rugby – la seconde a été décrochée dimanche soir face au RC Toulon – et trois défaites en finale sur les cinq dernières éditions de Coupe d’Europe. Bingo, l’agent RA11 a maudit Mario Lemina qui emmènera ensuite sa guigne à Turin. Ou comment une Vieille Dame n’arrive plus à trouver la solution pour tirer de nouveau les grandes oreilles du continent, comme à Cardiff samedi soir où elle s’est fait sécher par le Real Madrid (1-4). Sept défaites sur neuf finales de C1, ça pose une malédiction. Et ça fait rire Romain Alessandrini, posé sur son yacht à LA.


2. Leonardo Jardim a-t-il ridiculisé David O. Russell ?

Qui aurait pu penser il y a encore quelques années voir un mec en costume balancer sans trembler cette phrase : « Oui, Monaco est une très grosse équipe. » Et, pourtant, Massimiliano Allegri n’est pas vraiment un distributeur de compliments sur pattes. Cette saison européenne aura forcément été marquée par l’AS Monaco, championne de France pour la huitième fois de son histoire, et donc aussi éliminée en demi-finale de C1 par une Juventus tout simplement supérieure (0-2, 1-2). Quand on sait qu’il y a dix ans, le club était emmené par Frédéric Nimani, Cédric Mongongu et Fabien Guedes Bolivar, on peut mesurer le plaisir des dirigeants princiers, mais aussi des amateurs de sièges jaunes qui en auront pris plein la tronche toute la saison. Tout simplement car l’ASM a marché sur la grosse majorité de ses adversaires, a été brutale, offensive comme jamais, jeune et redoutable, ce qui ouvre aussi la porte à un dépouillement qui a déjà commencé. Ce succès, c’est aussi celui de Jardim, hier lapidé par certains en place publique, aujourd’hui dressé logiquement à la hauteur de son travail. Le bonheur, c’est finalement assez simple, et, pour un budget un peu plus conséquent, c’est vrai, quand même moins chiant qu’un film de David O. Russell qui aura tenté de nous apprendre à voir en permanence « le bon côté des choses » avec son Happiness Therapy tout lisse.


3. La C1 n’est-elle qu’un vulgaire Apéricube pour les gros gloutons ?

On connaît la vitrine : la Premier League, ses stars, sa volonté d’entertainment digne d’un opus des Gardiens de la galaxie… Boum, roulement de tambours, voilà la récolte des nouveaux droits télés effectifs depuis l’été dernier dans le championnat d’Angleterre. Avant de lire, il faut s’accrocher : douzième de Premier League cette saison, un an après la conquête d’un titre de champion surprise, Leicester a en effet touché 133,5 millions d’euros là où les Foxes n’avaient empilé « que » 106 millions d’euros avec une médaille autour du cou. Pour comparer, Chelsea, titré il y a quelques semaines, a reçu une enveloppe de 172 millions d’euros. Mieux, Sunderland, dindon de la farce et relégué en Championship, va recevoir quelque 106 millions d’euros – soit autant que Leicester il y a un an – et plus que la Juventus, le Bayern ou encore l’AS Monaco, tous champions. De quoi refiler un peu de poudre dans les mains du mythe qui raconte que les clubs anglais n’ont plus grand-chose à foutre de briller en C1. Non, en réalité, la Ligue des champions est devenue un bonus, mais aussi une terre où les Anglais galèrent plus que jamais. Le bilan cette saison ? Tottenham sorti dès les poules, City et Arsenal en huitièmes, et – merci ! – Leicester qui pousse jusqu’à un quart de finale valeureux contre l’Atlético (0-1, 1-1). Et la victoire de Manchester United en Ligue Europa n’y changera rien. Bande de cochons.


4. Qu’aurait dit le général de Gaulle après le 6-1 contre le Barça ?

En cette belle journée du 25 août 1944, Charles de Gaulle est un homme heureux. La guerre mondiale ? Elle sera bientôt de l’histoire ancienne. Les Allemands ? En train d’être boutés hors de France. Car dans la foulée du débarquement, le grand Charles et sa clique ont commencé à reconquérir l’Hexagone, et les voici à Paris, dans cette capitale qui a tant souffert. Alors sur le parvis de l’Hôtel de ville, au milieu de la foule venue remercier ce drôle de bonhomme, le général prononce ces mots adressés à l’Éternité : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! » Faire le malin quand on vient de gagner une guerre, c’est bien beau. Mais s’il avait été au Camp Nou le 8 mars dernier pour la remontada, est-ce que De Gaulle aurait eu autant de répartie ? Après s’être tripoté les moustaches pour réfléchir, il aurait sans doute balbutié quelques mots maladroits, en bafouillant, horrifié par l’étendue des dégâts : « Paris… euh… Holala c’est chaud ce qui vous est arrivé. Moi, je suis né à Lille de toute façon. Go LOSC, allez allez. Bienvenido Marcelo Bielsa ! Take care of Nicolas de Préville. I love that dude. »


5. Quel sera l’impact de la domination espagnole en Coupe d’Europe sur l’Éducation nationale ?

En 2005, l’Europe toute entière regardait les yeux écarquillés une bande d’Allemands abominables et mal coiffés hurler des paroles pour ados dépressifs sur des mauvais riffs de guitare. Du tube Durch den monsun au hit Schrei, les Tokyo Hotel envahissaient les charts et retournaient le cerveau de notre jeunesse. Moche. Mais le bon côté du succès de ce groupe depuis tombé aux oubliettes, c’est qu’il a permis à plusieurs collégiens de se découvrir une passion pour les langues vivantes. À l’époque, les inscriptions en allemand LV1 ou LV2 avaient explosé et c’est toujours une bonne chose que de voir des jeunes être motivés pour apprendre une langue. En 2017, après quatre victoires espagnoles consécutives en Ligue des champions (dont deux derbys madrilènes en finales) et alors que Séville vient de rendre sa couronne en C3 après en avoir chopé cinq en dix ans, les cours d’espagnol seront-ils eux aussi pris d’assaut ? Peut-être. Sauf qu’avant les Tokyo Hotel, les cours d’allemand étaient désertés par les élèves. Les cours d’espagnol, eux, sont depuis toujours le refuge des collégiens branleurs qui suivent les rails « Anglais LV1/Espagnol LV2 » pour éviter de se coltiner une langue exotique compliquée, du genre le russe ou autre. Rassurant pour l’Éducation nationale qui n’aura pas à faire face à un exode massif des élèves vers les cours d’espagnol, déjà surpeuplés.


6. Thomas Pesquet a-t-il ramené le ballon d’Arturo Vidal ?

Le Bayern Munich s’est fait sortir de la Ligue des champions en quarts contre le Real, et le péno raté par Arturo Vidal au match aller y est sans doute pour beaucoup. Le Chilien avait pourtant ouvert le score de la tête, et à la fin de la première mi-temps, il avait l’occasion de doubler la mise sur penalty, un but qui aurait probablement changé le scénario du match. Mais Vidal a choisi de faire le bourrin, et a envoyé le ballon dans la stratosphère. Ça tombe bien, car à l’époque, ce nigaud de Thomas Pesquet était encore là-haut. Payé beaucoup trop cher pour passer six mois à ne rien faire à part tweeter, poster des photos sans intérêt et faire semblant de réparer des trucs dans sa station spatiale, Pesquet aurait au moins pu prendre trois minutes de son temps pour enfiler sa combi et aller récupérer le ballon de Vidal. Oui, mais ça voudrait dire faire des efforts. Pas le genre de Thomas Pesquet, qui avait autre chose à faire à ce moment-là puisqu’il testait des nouveaux filtres Instagram. Du coup, le petit Arturo a été éliminé de la Ligue des champions, et il n’a toujours pas récupéré son ballon. La double peine. Tandis que quatre cents kilomètres plus haut, dans l’espace, l’imposture Thomas Pesquet continuait tambour battant.


7. Les rageux se sont-ils enfin tus ?

Didier Deschamps, les médias et la France bien pensante dans son ensemble mènent une guerre sans relâche contre Karim Benzema. En retour, l’attaquant du Real combat inlassablement les rageux dans le but avoué de les faire taire. Depuis samedi soir, la Benz’ est triple vainqueur de la Ligue des champions, avec en bonus un titre de champion d’Espagne récolté deux semaines plus tôt. Quant à son pote Cricri, lui aussi en bisbille avec ses nombreux haters, il a planté un doublé et montré qu’il pouvait marquer autrement en finale que sur un penalty anecdotique à la 120e alors que le Real menait déjà 3-1 comme en 2014. Et que dire de ceux qui, il y a dix-huit mois, osaient douter de la capacité de Zizou à entraîner si vite et si jeune un club comme le Real… Bref, avec tout ça, les rageux oseront-ils encore ouvrir leur grande bouche ? Pas sûr. Pire que ça, pour paraphraser Mokobé, les jaloux risquent fort de maigrir. Ce qui, dans le fond, n’est pas forcément une mauvaise chose avant l’été et le maillot de bain.

Looking back at my haters, it’s me kb9 love when u hate me.. It makes me work harder… #levelup #kb9

Une publication partagée par Karim Benzema (@karimbenzema) le 28 Sept. 2016 à 10h44 PDT


8. Mais comment va Bernard Lacombe ?

Il faut se le dire : il y a bien longtemps qu’on n’avait pas vu Jean-Michel Aulas dans un tel état de détente absolue. Il y a d’abord eu le Aulas danseur, le 9 mai dernier, pour fêter le onzième titre de champion de France de ses joueuses sur du Drake. Puis, il y a eu le Aulas au naturel, celui qui aime chambrer et n’hésite pas à dégainer la sulfateuse. Ça, c’était jeudi soir dernier, en faisant gazouiller son petit oiseau vers une partie de la presse sportive qu’il jugeait pro-PSG à l’approche de la finale de C1 100% française remportée par l’Olympique lyonnais à Cardiff. Oui, cette saison, Jean-Michel Aulas a pris un vrai kiff avec ses joueuses et a décidé d’y consacrer une large partie de ses six derniers mois, histoire également de prouver à Alex Morgan qu’il est bien un président investi, ce qui est indéniable. À l’inverse, ses gars l’ont forcément déçu malgré une demi-finale de C3 contre l’Ajax (1-4, 3-1) qui restera comme un sale regret. Alors, au moment de faire les comptes de la saison lyonnaise, il faut aussi se demander comment va Bernard Lacombe, son fidèle conseiller, qui n’avait pas hésité à expliquer il y a quatre ans qu’il ne « discute pas avec les femmes de football. Je le dis parce que c’est mon caractère. C’est comme ça. Qu’elles s’occupent de leurs casseroles et puis ça ira beaucoup mieux. » Alors, retournement de veste ? Plus ou moins de ce que l’on sait, même si Bernard Lacombe doit surtout régler ses problèmes avec Gérard Houllier avant les vacances. L’avenir de l’OL passera par là, mais aussi par ses femmes.


9. Pourquoi Mourinho ne veut « plus entendre parler de football » ?

Mercredi 24 mai, derrière un bout de pupitre à Stockholm où José Mourinho a encore quelques gifles à balancer. « Désormais, je suis en vacances. Je ne veux plus entendre parler de football.(…)Il y a beaucoup de poètes dans le football, mais les poètes ne gagnent pas de titres. » Le Portugais vient de boucler une saison de lutte permanente avec les médias et face à une incompréhension quasi générale du projet qu’il souhaite mettre à Manchester United. Pourtant, les chiffres sont là : au-delà d’une sixième place anecdotique en Premier League, Mourinho a ramené United en Ligue des champions grâce à sa victoire en finale de la Ligue Europa contre l’Ajax (2-0), mais a également remporté la League Cup face à Southampton (3-2) en février dernier. Alors oui, le jeu n’aura pas toujours été au rendez-vous. Oui, Manchester United a souvent buté et a été obligé de s’arracher pour choper un peu de lumière cette saison. Mais les leçons du passé n’ont-elles pas été apprises ? La première saison, Mourinho pose et constate, la seconde il impose et, après, généralement, il détruit. Le voilà donc prêt à enchaîner avec un second exercice à United avec une base solide et une enveloppe financière quasiment illimitée. Ce qu’il souhaite pourtant pour le moment, c’est le silence, après un an de critiques malgré les titres et une quatrième finale européenne remportée sur quatre disputées. Special, définitivement.


10. Pourquoi Ludogorets n’a pas été le nouveau FK Dnipropetrovsk ?

Souvenez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps, au printemps 2015. Le FK Dnipropetrovsk, ce club au nom barbare venu des tréfonds de l’Ukraine, se hissait en finale de la Ligue Europa à la surprise générale et était passé à deux doigts de faire chuter le FC Séville. Avec comme caution larme à l’œil, ces matchs joués à Kiev et non dans leur ville à cause du conflit en cours dans le pays. Une histoire pleine de moments de bravoure, de militaires et de sportifs prêts à mourir sur le terrain comme les pays de l’Est savent nous en offrir. Cette année, les Bulgares du PFC Ludogorets Razgrad avaient tout pour entrer dans le costume. Un effectif fou composé de locaux et de Brésiliens perdus dans les Balkans, un parcours sympa en phase de poules de Ligue des champions, puis une qualification d’office en seizième de C3 où le destin aurait dû leur sourire. Oui, mais après avoir accroché Arsenal et fait match nul contre le PSG en C1, le Ludogorets s’est craqué en consolante et a pris une volée directe contre le FC Copenhague. Pas grave, Razgrad vient de remporter le championnat de Bulgarie pour la sixième fois d’affilée et aura droit à une nouvelle tournée européenne à la rentrée.

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