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Leçon de fisc-fucking (2)

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Leçon de fisc-fucking (2)

Si vous avez bien révisé la leçon publiée ce vendredi à l'heure de l'apéro, vous allez maintenant comprendre les conséquences directes de cette découverte de The Independent. La combine EFRBS vit peut-être ses dernières heures. Peut-être...

Premier constat à dresser : fini le temps des agents à la petite semaine, surtout en Angleterre. Aujourd’hui, les joueurs sont conseillés par des pros de la fiscalité, par des chefs de l’embrouille fiscale légale. « Le premier qui a fait ça en Angleterre, c’est Beckham. Il avait tout simplement pris l’agent de sa femme, Simon Fuller. Le gars a commencé à faire entrer des agents artistiques dans le système. Et ces mecs sont beaucoup plus habitués aux systèmes de défiscalisation parce qu’ils travaillent avec des types aux revenus colossaux sur des petites périodes. Toutes proportions gardées, c’est comme Luis Fernandez lorsqu’il avait signé au Matra Racing. Il avait pris Marouani, l’agent de Brel, comme agent sportif » éclaire Jean-Marc Benammar, consultant et professeur associé à l’Université Vincennes-Paris 8.

Deuxième constat : la France est désormais plus compétitive fiscalement que le Royaume-Uni. « Le taux marginal d’imposition en France est à 45%. Donc on repasse en-dessous des taux anglais, ce qui a déjà été le cas à certaines époques. Rappelons-nous que, quand les Rolling Stones viennent s’installer en France pour enregistrer “Exile on Main Street” dans les années 70, c’était juste pour fuir le fisc anglais » poursuit Benammar. Ben alors pourquoi les stars du cuir n’imitent-elles pas la bande à Jagger, en venant squatter nos clubs de la Côte d’Azur ou le PSG ? C’est à cause de Germain le Lynx ? Personne ne veut jouer avec Brandao, c’est ça ? « La fiscalité est un attrape-joueur, mais toutes choses égales par ailleurs. Aujourd’hui, les budgets anglais sont quatre fois supérieurs aux budgets français. Elle est là la différence » . Notre actuel avantage fiscal est donc bien relatif. Outre-Manche, la chaîne Sky injecte plus de 2 milliards d’euros en droits TV par saison alors que Canal s’en sort pour 700 millions.

La véritable question désormais est de savoir comment va évoluer le football sans la combine fiscale EFRBS, annoncée dans les médias anglais comme très prochainement squeezée par l’argentier britannique ? M. Benammar toujours au mic’ : « Deux solutions : les salaires peuvent baisser et on pourrait assister à des départs massifs de joueurs vers l’Espagne ou la Russie, où on touche plus. Mais déjà, voir les salaires baisser dans le football, j’y crois pas trop. D’autre part en Espagne, combien de clubs sont capables de payer les salaires perçus en Angleterre ? Moi, j’en vois que trois. Et en Russie, j’aimerais bien voir combien de types seraient capables d’aller réellement y jouer. Il y a le climat, les méthodes, le racisme, tout ça quoi » . D’où la deuxième option, plus envisageable : la Premier League négocie avec Sky une nouvelle hausse des droits TV, comme d’habitude. Benammar toujours : « La Premier League, pour Sky, est un produit phare. L’intérêt pour Sky, c’est donc d’augmenter le nombre d’abonnés qui croît de façon exponentielle puisqu’il est devenu quasiment impossible d’entrer dans un stade anglais aujourd’hui sans payer un abonnement à un prix colossal » . Et comme Sky veut toujours garantir « le meilleur championnat de foot de la planète » sur son bouquet, il va raquer encore plus pour permettre aux clubs d’augmenter leur capacité de financement. Bordel, c’est simple l’économie en Angleterre, non ?

Mais finalement, si le système EFRBS a été mis en lumière dans The Independent par le prisme du football, sa suppression entraînerait surtout un effet dévastateur pour l’économie anglaise. Le foot n’est que la partie visible de l’iceberg. « Je ne vois pas le gouvernement anglais casser complètement le mécanisme. Il va essayer de redresser les excès les plus criards, avec des mécanismes techniques, genre bloquer l’argent un certain moment, poser plus de contraintes. Mieux vaut-il perdre… disons 1 milliard de livres à potentiellement collecter en laissant l’EFRBS ou perdre 10 milliards de chiffre d’affaires sur la place londonienne ? » . Oui, le système, à l’origine destiné aux banquiers de la City et aux traders, servait à retirer du joug de l’impôt les bonus et autres énormes gratifications. « Le gouvernement, par la suppression du EFRBS, ne prendrait-il pas le risque de voir partir les traders actuellement sur la place de Londres vers Genève par exemple ? Cameron y réfléchira à deux fois. Ça c’est absolument évident » assure notre prof de Paris 8. Si Cameron décide de s’asseoir sur la City, il faudrait alors savoir si la décision est rétroactive : « Il faudra bien que l’argent revienne quelque part. Si ces sommes sont soumises à l’impôt, alors là, tout le monde douille, et là, ça fait très mal » termine Benammar.

Tout va encore reposer sur une question d’arbitrage. Seulement, cette fois-ci, l’arbitre ne sera pas en short et un sifflet à la bouche. Il portera le costard-cravate et lancera ses consignes du 10 Downing Street. Et pas besoin de Joël Quiniou ou d’Alain Sars pour venir commenter la décision.

Ronan BOSCHER

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