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Leclercq : « J’aime rendre à ceux qui m’ont tout donné »

Propos recueillis par Yannick Lefrère
Leclercq : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;aime rendre à ceux qui m&rsquo;ont tout donné<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Champion de France en 1998 avec le RC Lens, et vainqueur de la Coupe de la Ligue la saison suivante, Daniel Leclercq a marqué à jamais l'histoire du club lensois. Aujourd'hui directeur technique d'un club de PH, il revient sur les déboires de ses deux amours : Lens et Valenciennes.

Un jeune entre dans le club-house de l’Olympique senséen, club amateur du Nord qui évolue en PH et où Daniel Leclercq est directeur technique depuis deux ans. « Enlève ta casquette et après tu me serreras la main » , l’éconduit posément le druide. « Dans le foot, si tu n’imposes pas des règles de comportements et d’attitudes à respecter, t’es foutu » , glisse le grand blond aujourd’hui âgé de 65 ans. Sa discrétion et sa réserve naturelles intriguent. Son palmarès de joueur et d’entraîneur forcent le respect. Pourtant, depuis sa pige aux cotés d’un JPP dépassé, à Lens, en 2008, le druide ne s’est plus jamais assis sur un banc, hormis pour donner un coup de main à un ami en Martinique. « Je n’ai jamais rien demandé, on est toujours venu me chercher » , jure-t-il. Jusque derrière le comptoir du café qu’il tenait au milieu des années 80 en face du vieux stade Nungesser. « En 1985, Jean-Louis Borloo était venu me demander d’aider Léon Desmenez à maintenir VA en division 2, se souvient-il, on avait réussi et il m’avait confié les commandes de l’équipe l’année suivante. » En 1998, c’est Gervais Martel qui l’appelle pour prendre la succession de Roger Lemerre dans l’Artois. Deux saisons, deux titres. Champion de France et Coupe de la Ligue. Soit le palmarès du RC Lens à lui tout seul. En 2003, exit l’USVA, c’est Borloo, toujours, alors ancien maire de Valenciennes, qui décroche son téléphone pour convaincre le druide de relancer le VAFC, aux abois depuis l’affaire VA-OM dix ans plus tôt. Résultat : une accession en D2 en 2005 et un trésor, Steve Savidan (un « instinct de buteur » qu’il n’avait « plus revu depuis Skoblar » ), 20 buts à la clef. Bref, le druide, dans les bassins miniers du Nord, c’est celui qu’on appelle à la rescousse quand un club est en difficulté. Ça tombe bien, ou mal, il y en a deux en ce moment : le VAFC et le RCL. Mais encore faut-il aller le chercher, le druide. Et pour le trouver, c’est soit sur une brocante dominicale, où il est souvent le premier arrivé pour dénicher ses capsules de champagne, soit autour des petits terrains de foot du dimanche. Ce sera donc à Arleux, là où évolue l’Olympique senséen.

VA et Lens à la ramasse, sportivement et financièrement, où va-t-on vous retrouver, Daniel ?

Nulle part, je pense. Je n’ai plus de nouvelles de Gervais. Et le nouveau président de VA, je ne le connais pas. On m’a dit qu’il voulait me voir, mais j’attends toujours. Mais si l’un ou l’autre devait avoir besoin de moi, j’irai discuter avec eux. Entre VA, Lens et moi, c’est une longue histoire. Et j’aime rendre à ceux qui m’ont tout donné.

Vous les vivez comment, les difficultés actuelles des deux clubs de votre cœur ?

Mal. Ça m’attriste. Quel gâchis. Il faut penser aux gens pour qui ces deux clubs représentent énormément. Même si elles ont quelques similitudes, les situations de VA et Lens sont aussi très différentes.

Comment analysez-vous ces situations justement ?

L’esprit valenciennois a disparu. Il y a eu une détérioration au fil du temps. Les garçons que je suis allé chercher en 2003, ils sont partis de rien. Chelle, Savidan, Mater, Traoré et compagnie, je leur ai dit d’entrée : « Je vous prépare à la Ligue 1 » . Trois ans après, ils y étaient. Et ils ont duré. Ces gars-là avaient VA dans leurs tripes. Savidan, quand il met ses 20 buts en National, il gagne 3500 euros par mois. Trois ans plus tard, les salaires tournent autour des 80 000 euros. D’autres joueurs sont là et n’ont pas les mêmes valeurs, ils ne vivent pas le football à Valenciennes comme les autres. C’est un peu normal, mais c’est le problème de beaucoup de clubs. Des garçons comme Pujol et Ducourtioux n’auraient-ils pas dû être conservés une saison de plus cette année ? Ils incarnaient encore cet esprit valenciennois. Et puis, les luttes de pouvoir à la tête du club l’ont beaucoup déséquilibré aussi.

C’est pareil à Lens ?

Comme pour VA, les relégations ont fait très mal à Lens sur le plan financier. Mais je suis moins inquiet pour le Racing pour trois raisons. D’abord, l’esprit est là. On ne peut rien reprocher à cette jeune équipe sur sa combativité. Ça, c’est grâce à Eric (Sikora, ndlr) et à Antoine (Kombouaré, ndlr). Après, à la Gaillette, il y a un réservoir de jeunes que VA n’a pas. Il n’y a qu’à voir sur qui Antoine a pu s’appuyer cette saison. Même si ça m’embête de voir Cavaré partir à Rennes. Je me mets à la place des éducateurs du Racing, ça ne doit pas être facile de voir partir les garçons qu’ils forment après six mois ou un an sous les couleurs Sang et Or comme Kondogbia, Varane, Aurier, sans parler de Kakuta ou Kolodziejczak. Puis, le Racing, grâce à ses supporters et à son image, incarnée notamment par Gervais, est sans doute le club le plus aimé partout en France hormis à Paris. Ça joue beaucoup, notamment au niveau des instances. Regardez Luzenac…

Qui sont les responsables, selon vous, de ces débâcles ?

À qui en vouloir à Lens ? À Gervais ou à Mammadov ? Le second a certainement sauvé le club du dépôt de bilan l’an passé. Le premier se démène pour trouver des solutions aux difficultés du second. Bon, Mammadov, je l’ai trouvé indécent quand il s’est affiché avec son Petrus, ses montres et qu’il a parlé de Falcao et Ibra. On ne doit pas divulguer des choses comme ça publiquement. C’est indécent envers le peuple lensois. Déjà que son argent, c’est pas très clair. La grosse erreur de cette saison, à Lens, c’est Amiens. Si Lens joue six ou sept matchs à Valenciennes et autant au Stadium Nord, il fait le plein à chaque fois et il n’aurait pas cette place-là au classement. J’ai regardé tous les matchs, si la victoire était aux poings, Lens en aurait obtenu beaucoup. D’ailleurs, je pense qu’ils ne sont pas encore morts sportivement. Ils sont capables de battre Toulouse et l’OM et de se relancer. J’attends juste le déclic.

Et pour Valenciennes ?

Ils vont se maintenir. Il y a déjà deux équipes dans le trou. Mais c’est la suite qui va être plus compliquée. Il faut absolument retrouver cet esprit valenciennois. Quand j’apprends que la saison passée, des joueurs rigolaient à l’entraînement, alors que leur club allait descendre, ça me met hors de moi. Comme à Lens, il y a eu beaucoup trop d’argent jeté sur des joueurs qui ne le méritaient pas. VA comme Lens ont juste besoin d’une bonne équipe. Et ça, c’est facile à construire. Il suffit d’avoir des joueurs honnêtes et de les convaincre d’adhérer à un projet collectif. On nous parle toujours de grande équipe. Mais c’est quoi une grande équipe ? Hormis un club comme Paris qui peut s’acheter de très grands joueurs pour assurer le spectacle. Et encore, c’est loin d’être toujours le cas. Vous trouvez que Lens et VA, en donnant autant d’argent à leurs joueurs ces dernières années, ont eu une grande équipe ? Il faut arrêter de croire que parce que l’on donne plus d’argent à un joueur, son niveau va augmenter. Au contraire, il aura plutôt tendance à se relâcher.

Lens et VA se seraient donc vus trop grands et trop beaux ?

Déjà, dans ces deux clubs, et comme certainement dans d’autres en France, il faudrait bien dissocier le financier du sportif. Dans les clubs, que les présidents et leurs collaborateurs aient des compétences de chefs d’entreprise, OK. Mais leurs compétences sportives sont nulles. Les présidents et les dirigeants doivent rester à leur place et arrêter de vouloir s’octroyer le pouvoir sportif et décider à la place du coach et de son staff. Ça fout le bordel dans plein de clubs. Jamais je ne me suis laissé marcher sur les pieds par des dirigeants. C’est pour cela d’ailleurs que je ne suis jamais resté longtemps dans un club. Des Decourrière, Collado, Lamarche ne m’ont jamais dicté leur loi. Après, il faut aussi avoir une ambition plus mesurée. Savoir faire avec ses moyens. Encore une fois, ce n’est pas dur d’avoir une bonne équipe, et il faut arrêter de payer des joueurs surcotés. Le plus bel exemple actuellement, c’est Guingamp. Voilà un club qui sait d’où il vient, où il est, où il veut aller et comment il va y aller.

Vous semblez épargner Gervais Martel dans vos propos…

Gervais est quelqu’un d’honnête et de passionné. C’est rare dans ce milieu pourri du foot professionnel. Son problème, c’est qu’il s’entoure mal. Son téléphone sonne cent fois par jour. Il y a trop de monde autour de lui. Il a commis des erreurs, il le sait et le reconnaît. Quand vous me dites que Lens a eu 14 entraîneurs depuis le titre de 98, c’est une preuve d’instabilité, même si l’on sait qu’un entraîneur ne dure jamais longtemps dans un club. En 2007, par exemple, j’aurais gardé Gillot. Bon, Guy Roux avait été pris pour faire le ménage autour de l’équipe, les pleins pouvoirs, comme à Auxerre, et même lui est parti très vite quand il a vu que ce n’était pas possible. Papin, n’en parlons pas, je respecte le joueur, mais alors l’homme, je préfère me taire. Puis, il y a eu Bölöni aussi. C’est le seul mec que j’ai vu capable de dégoûter une équipe au point qu’elle ne veuille pas jouer le dernier match de la saison. On a eu beaucoup de désaccords avec Gervais.

Pourrait-on vous revoir prochainement sur un banc ?

L’an passé, j’ai aidé un ami martiniquais qui voulait faire remonter le Real Tartane en DH, le plus haut niveau en Martinique. J’avais pris un adjoint et je passais 15 jours par mois sur place. On est monté. Le président de la Ligue m’a alors proposé de prendre la sélection martiniquaise, mais je n’ai plus eu de nouvelles ensuite. J’aimerais rester proche du terrain, mais pas en numéro 1, plutôt comme directeur technique. On en discute souvent avec Frédéric Déhu qui aimerait, lui, se lancer dans une carrière d’entraîneur.
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Propos recueillis par Yannick Lefrère

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