S’abonner au mag
  • Italie
  • Serie A
  • 3e journée
  • Inter/Milan

Le retour de l’Inter, pour le meilleur et…

Par Markus Kaufmann
Le retour de l’Inter, pour le meilleur et…

Depuis l'arrivée de Roberto Mancini sur le banc de l'Inter, Erick Thohir a changé de cap et semble enclin à se transformer progressivement en président traditionnel à l'italienne. Cet été, il a même offert aux tifosi nerazzurri un mercato à la Massimo Moratti. Des joueurs à fort potentiel, d'autres complètement tarés et même quelques très bons coups. L'Inter retrouve ainsi son identité de club fou, pour le meilleur et pour le pire. Et il n'y a pas de meilleur endroit pour l'exprimer qu'un derby.

C’est l’histoire d’une adaptation culturelle. Dans le quotidien théâtral de Milan, Erick Thohir a longtemps été soupçonné de voir en l’Inter une opportunité de gonfler sa visibilité personnelle ou de transformer le club lombard en machine à spectacle à l’américaine. Assis dans les bureaux de son empire médiatique à Jakarta, le businessman semblait lui se méfier de l’approche latine de l’industrie de l’entertainment. Les deux parties avaient un peu raison et beaucoup tort. Mais après deux années de redressement financier et de résultats sportifs décevants, les différences culturelles semblent enfin se transformer en un métissage productif. La presse et les tifosi ont accepté les bouleversements structurels lancés par l’Indonésien, et le président a montré avec ce dernier mercato qu’il avait bien compris que la vie d’un club de football se nourrit d’enthousiasme. L’Inter a retrouvé la brûlante impatience d’être dimanche soir.

Interventionnisme et Roberto Mancini

Pour son premier mercato l’été dernier, le président nerazzurro Erick Thohir avait gardé les deux mains sur le frein à main, prétextant une menace financière lourde et annonçant une période de transition. Comme on l’écrivait à l’occasion du dernier derby il y a six mois, l’Inter de Thohir se cherchait. La saison dernière, l’Inter avait ainsi tenté de se renouveler timidement. Des signatures à paramètre zéro (Nemanja Vidić), des paris sous forme de prêts (Pablo Osvaldo, Dodô, Yann M’Vila, Lukas Podolski) et quelques opportunités peu onéreuses (Gary Medel, Davide Santon, Marcelo Brosović, Xherdan Shaqiri et Jeison Murillo, resté à Grenade pour récupérer d’une blessure). Mais après avoir choisi lui-même Roberto Mancini pour des raisons aussi techniques que marketing (le contrat de Mazzarri datait de la présidence de Moratti), Thohir a fini par s’investir totalement dans le projet sportif du club, menant notamment certaines négociations compliquées.

Trois raisons pourraient expliquer ce changement de cap. La première est un simple constat : Thohir s’est rendu compte que l’Inter ne pouvait accrocher une qualification en C1 sans un saut de qualité technique, et que la marque Inter – le nerf de la guerre du programme de l’Indonésien – ne pouvait se développer sans la Ligue des champions. La seconde raison a un prénom et un nom : Roberto Mancini. L’entraîneur originaire de Jesi a toujours su convaincre ses présidents de lui donner les moyens nécessaires au développement de son projet tactique. Et c’est bien son aura et son réseau qui ont permis de convaincre directement les recrues : Perišić, Shaqiri, Felipe Melo et Alex Telles (sans parler de la longue négociation avec Yaya Touré) ont tous répété que les coups de fil du Mister avaient joué un rôle majeur dans leur arrivée. Depuis le triplé, la direction interista ne cessait de diminuer sa masse salariale, passée de 222 millions d’euros en 2010 à 70 millions en 2014. Depuis l’arrivée de Mancini, elle est remontée à 93 millions. Qui sait si le contrat de Mauro Icardi aurait été renouvelé sous la gestion de Mazzarri ? Aujourd’hui, l’Argentin est même le capitaine de cette équipe et le phare du projet.

Un mercato à la Moratti et le retour de la foi nerazzurra

La troisième raison, elle, est plus mystique. Thohir aurait définitivement attrapé le virus de la Beneamata. Ceux qui l’ont vu chanter à la gloire du club milanais lors d’un rassemblement de tifosi à Bali peuvent en témoigner. Un bel acte de foi qui rappelle forcément les preuves d’amour de Moratti. Le rapprochement va même un peu plus loin et s’étend à la direction prise par ce mercato. En travaillant main dans la main avec Mancini, Thohir a reconstruit une équipe en ligne avec l’identité historique du club : une véritable Pazza Inter (folle Inter). Le symbole de ce recrutement est évidemment Geoffrey Kondogbia : un transfert marquant tant pour son prix (35 millions d’euros) que pour sa manière, de la négociation du Milan interrompue au dernier moment à la présentation en grande pompe du Français. Le joueur lui-même fait fortement penser aux achats typiques de Moratti à ses débuts : un transfert basé sur un immense potentiel plutôt que d’immenses accomplissements. D’ailleurs, l’ex-président n’a pas pu s’empêcher de s’emballer : « L’Inter a plus besoin de Kondogbia que de Yaya Touré. » Alex Telles est un autre exemple de joueur acheté pour son potentiel, et le Brésilien a montré qu’il avait bien compris où il mettait les pieds en se présentant comme « le nouveau Roberto Carlos » .

Derrière, et c’est ici que le mercato de 2015 marque un véritable tournant par rapport aux dernières années, Mancini a fait venir des joueurs de « spectacle » . Et Moratti n’a pas manqué de rappeler qu’avec des joueurs comme Adem Ljajić, Felipe Melo et Stevan Jovetić, « on va s’amuser cette saison au Meazza » . Avec ses trois buts marqués en deux matchs, Jovetić est devenu l’emblème de ce recrutement typiquement noir et bleu. Une étoile aux pieds divins capable du meilleur, mais qui vient de produire deux saisons médiocres. L’arrivée de Jovetić signe le retour de la célèbre « foi intérista » . Cette foi inébranlable qui n’avait jamais arrêté de croire en Álvaro Recoba. Cette foi qui avait entretenu sans broncher les genoux de Ronaldo de 1999 à 2002, avant de le voir partir au moment où il pouvait à nouveau voler. Cette foi qui avait même cru à chaque retour d’Adriano. Mais heureusement pour les garanties de ce projet sportif, Thohir et Mancini n’ont pas oublié de renouveler le capital intelligence de cette équipe avec les arrivées d’Ivan Perišić, croate à la rigueur allemande, et Miranda, brésilien à la discipline italienne.

Derby et puzzle

Enfin, la construction chronologique de ce mercato montre aussi du changement. L’an passé, l’Inter avait d’emblée annoncé qu’elle allait devoir vendre pour espérer acheter. Cette fois, Thohir a choisi le sens inverse. Et l’excitation des tifosi n’aurait certainement pas été la même si l’Inter avait commencé son mercato par les ventes de Kovačić, Shaqiri et Hernanes (près de 65 millions d’euros pour les trois). Aujourd’hui, après deux victoires difficiles en deux matchs contre l’Atalanta et Carpi, Mancini arrive au derby avec un maximum de confiance. Mais aussi un gros puzzle à former. Des onze titulaires annoncés, sept sont des recrues (Murillo, Miranda, Alex Telles, Felipe Melo, Kondogbia, Jovetić, Perišić). Et puisque Thohir ne sera pas en tribunes pour ce premier grand rendez-vous de la saison, au contraire de Moratti, le dernier mot revient forcément à l’ex-président : « Comment définir le derby ? En toute sincérité, c’est le match qui t’empêche de dormir. Pendant toute la semaine, tu penses à ce qui va pouvoir arriver. Et là, c’est encore plus dur parce qu’on joue trop tôt dans la saison pour se permettre un mauvais résultat. » Un puzzle qui urge déjà.

Comment se procurer le nouveau maillot de l'équipe de France ?

Par Markus Kaufmann

À visiter :
Le site Faute Tactique
Le blog Faute Tactique sur SoFoot.com

À lire aussi
Articles en tendances
02
Revivez : France-Allemagne (0-2)
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne
Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)
32
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
  • International
  • Amical
  • France-Chili
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
Logo de l'équipe France
EDF, le coup de la panne
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne (0-2)
EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne
Logo de l'équipe Géorgie
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport   - Photo by Icon Sport
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport - Photo by Icon Sport
  • International
  • Géorgie
Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine