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Le Portugal en a besoin
Tenu en échec par la Bosnie à Zenica (0-0) vendredi dernier, le Portugal n’a plus d’autre choix que de battre l’équipe de Safet Susic ce soir à l’Estadio da Luz. Et cette fois-ci, tout se jouera à la loyale sur un vrai tapis vert.
Dans la vie, il y a des bons et des mauvais 0-0. Le Bosnie-Portugal de vendredi dernier fait partie des scores vierges appréciables, surtout pour les Bosniens. Ne pas encaisser de but à Zenica, c’est déjà une demie-victoire pour Susic&Co à qui il ne suffit qu’un nul avec des buts. La seleçao das Quinas à l’inverse, est un peu dans la merde. Le manque de réalisme du match aller dont ont fait preuve Postiga et Cristiano Ronaldo – entre autres – pourrait lui coûter cher : un billet d’avion pour la Pologne et l’Ukraine en juin prochain.
Amour, gloire et fric
Ce serait la première fois que le Portugal n’irait pas à l’euro depuis 1992, on imagine l’ampleur du truc à l’Ouest de la péninsule ibérique. Surtout pour Gilberto Madail, grand amoureux de son équipe nationale président de la FPF, dont le mandat prendra fin le 10 décembre après quinze ans d’un règne prospère. Deux quarts de finale (1996, 2008) et une deuxième place à l’Euro 2004, une demie lors du mondial 2006 et des huitièmes en 2010 avec pour seules tâches noires l’absence des Tugas en 1998 et la campagne foirée de 2002. Mais Madail, c’est surtout le mec grâce à qui le Portugal est devenu une équipe à éviter, capable de battre n’importe qui. Ce soir, c’est donc l’honneur d’un homme qui veut partir en beauté et de sa sélection qui sont en jeu, mais pas que. Une qualification pour le prochain Euro, c’est surtout beaucoup de tunes, huit millions d’euros pour la fédération portugaise de football, sans compter les fonds provenant des droits TV, des sponsors de la seleçao, de son équipementier. Dans cette histoire, même les clubs ont tout intérêt à ce que les Portugais valident leur place parmi l’élite européenne ce soir. Des primes leurs sont versées pour chaque joueur présent lors de la compétition et c’est bien évidemment l’occasion parfaite pour une équipe d’exposer un de ses membres histoire de faire gonfler sa valeur marchande.
CR7 à l’épreuve
La pression sur la clique de Paulo Bento est donc énorme, surtout pour Cristiano Ronaldo, dont l’éclosion en sélection se fait attendre avec de plus en plus d’impatience par tout un peuple qui bave en rêvant d’un triplé du Merengue pour une large victoire des Lusitaniens face à l’ennemi bosnien ce soir. Un scénario made in Real Madrid quoi. Mais les supporters commencent à perdre espoir et les railleries envers CR7 fusent presque. Sévère. Face à la Bosnie, il n’a certes pas été éblouissant, mais il a, avec l’aide de son pote Coentrao, complètement fait sauté l’aile droite de la défense bosnienne pendant 90 minutes. Bien sûr, il a vendangé, mais sur un terrain miné comme celui de Zenica, il ne pouvait pas espérer beaucoup mieux. Comme Dzeko et Ibisevic pour la Bosnie. Si la masse doute donc du rendement de Cristiano en équipe nationale, il reste l’atout majeur du Portugal pour Rui Costa, ancienne gloire portugaise, persuadé qu’il faille faire confiance au ballon d’or 2008, et construire l’équipe autour de lui. Safet Susic s’en méfie également, car il reste avant tout un mec qui plante presque un but par match en moyenne par saison. Et puis la pelouse de l’estadio da Luz soir sera certainement parfaite pour que le joueur du Real puisse exploiter au maximum son talent. S’il se troue ce soir par contre, il n’aura aucune excuse.
On prend les mêmes et on recommence
Outre le terrain qui devrait être cette fois-ci aux normes de l’UEFA, Paulo Bento – qui joue très certainement sa place sur le banc du Portugal – a décidé de faire confiance aux mêmes joueurs qu’à Zenica. Pas surprenant vu la bonne rencontre réalisée dans l’ensemble par les Ibères. Sauf peut-être Helder Postiga, transparent à l’aller et pressenti pour être remplacé dans le onze de départ par Almeida, et qui sera donc bien titulaire pour essayer de tromper Begovic. Côté bosnien, la défense est source d’inquiétude pour Susic. L’ancien joueur du PSG n’a pas été tendre avec Zahirovic, Jahic, Salihovic et Spahic dont il juge la prestation de vendredi dernier complètement pourrie et n’exclue pas de remanier sa ligne défensive pour le match de ce soir, histoire de ne pas repartir du Portugal avec des regrets. Pjanic sera titulaire, et en attaque, Dzeko devrait être reconduit seul en pointe pour essayer d’asséner le coup fatal aux portugais, dans le but d’obtenir enfin une qualification pour une compétition internationale qui fuit la Bosnie depuis depuis son indépendance en 1992. Pour conjurer le sort, il faut éliminer le finaliste de l’Euro 2004 et le quart de finaliste de celui de 2008. Chiche ?
Par William Pereira