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Le jour où… PSG/Caen a changé le Parc des Princes

Par Mathieu Faure
Le jour où… PSG/Caen a changé le Parc des Princes

C'était le 28 août 1993. Le PSG recevait Caen au Parc des Princes. Un match banal comme l'enceinte de la porte de Saint-Cloud en a tellement connu. Sauf que ce jour-là, le Kop de Boulogne va se réveiller. Avec force. Des CRS y prennent des coups dans la gueule en 16/9. Bilan des courses : des images qui vont marquer et un tournant dans l'histoire du Parc.

Une autre époque. Celle où les sweats Umbro fleurissaient dans les travées du Kop de Boulogne. Un KOB qui n’avait d’ailleurs pas de sièges, mais des marches. Celles qui rendaient les fameuses « descentes » mémorables à chaque but du PSG. En août 1993, le club entraîné par Artur Jorge ne sait pas encore qu’il va être sacré champion de France dix mois plus tard. La France ne sait pas non plus que sa politique en matière de répression du hooliganisme va connaître une sacrée évolution en moins de 4 mois. La raison ? PSG-Caen, 28 août 1993. Et comme en France, on aime agir dans la précipitation, ce match et tout ce qui va s’y produire vont complètement bouleverser le Parc des Princes et le KOB. Pour comprendre les incidents qui vont largement émailler ce match, il faut se remettre dans le contexte parisien de l’époque. Les hools parisiens sortent d’une année charnière. En gros, certains matchs ont fait leur entrée dans le panthéon de la violence : Salonique, Anderlecht, Juventus, Marseille. On est au cœur de ce qu’on peut communément appeler l’âge d’or du hooliganisme de Paname. Pour endiguer ce phénomène, le club parisien a décidé de fermer l’étage supérieur de Boulogne en ce début de saison, officiellement pour des vibrations suspectes détectées lors de la finale de la Coupe de France contre Nantes. Officieusement, le club essaie de contrôler ses éléments les plus perturbateurs. Une direction qui ne sait plus comment apaiser ses tribunes et arrêter les déferlantes racistes qui gangrènent parfois son stade et ses abords. Le virage Auteuil, créé en partie par le club dans le but d’endiguer la montée en puissance du KOB, en est encore à ses balbutiements.

Pour la réception de Caen, seule la tribune basse – sans siège – est donc ouverte. Mois d’août oblige, les rangs du KOB sont clairsemés. Comme d’habitude, on s’amuse à l’ancienne : pogos, charges, chants graveleux, etc. Au milieu des spectateurs du KOB, des CRS. Au cœur de la première période, une petite poignée de supporters tente – et réussit – de pénétrer sur la pelouse en enjambant la fosse qui sépare la tribune du terrain, le tout sous le regard des forces de l’ordre. Pas d’envahissement de terrain ou de violence, juste une pompe jetée sur la pelouse qu’il faut aller récupérer. L’opération « chaussure » est un succès puisque la godasse et son propriétaire sont de retour au sein de Boulogne en moins de 30 secondes. Surréaliste. Le retour au milieu de Boulogne déclenche pourtant un mouvement de foule incroyable, puisque les CRS présents en tribunes tentent d’interpeller « monsieur chaussure » . La boulette.

Un CRS prend un plat du pied dans la mâchoire

Ça part dans tous les sens. Les flics sortent matraques et lacrymos, les Parisiens répliquent à coups de Rangers et de bourre-pifs. Premier mouvement de foule d’une rare violence. Le tout sous les caméras de télévision. À la fin de la rencontre, Michel Denisot – alors président délégué du PSG – parlera d’une intervention policière « peu empreinte de psychologie » . Une chose est sûre, cette première vague de coups ne va pas être la dernière. En 13 minutes, il va y en avoir trois au total. À chaque fois plus violentes. La dernière reste la plus connue. À la sortie d’une porte faisant le lien entre la tribune et les coursives, une dizaine de CRS est vite débordée. On leur pique leurs couvre-chef, ça prend des patates de partout, et l’infériorité numérique est telle que les vagues parisiennes engloutissent et chassent les CRS de Boulogne. Dans la retraite, un CRS est laissé devant les grandes portes en fer qui permettaient alors de rejoindre les coursives. L’homme prend un plat du pied-chaussure de sécurité en pleine face. KO technique. L’image va tourner en boucle sur les chaînes de télévision. Pendant ce temps-là, le match est arrêté à cause des gaz lacrymogènes. Bilan du quart d’heure américain : 10 blessés chez les flics dont 1 grave. Le monde du football est débordé. Le PSG en premier. « Les casseurs sont impardonnables. Je tire donc de nouveau la sonnette d’alarme. Il faut que ceux qui sont connus et fichés par la police n’entrent plus dans le stade. Mais pour ce faire, il faut nous donner les moyens de leur interdire cet accès, grâce à une loi adaptée. Pour l’heure, nous sommes impuissants » , détaille Michel Denisot après le match. Les incidents sont tels que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, prend le problème très au sérieux et nomme le commissaire divisionnaire Philippe Swiners-Gibaud comme « monsieur sécurité » . Sa mission est simple : lutter contre le hooliganisme. De son côté, Michèle Alliot-Marie, ministre des Sports, planche sur une réponse légale. Et cette réponse va faire mal.

IDS, prison et disparition des képis

Dans son projet de loi, « MAM » souhaite taper à son tour sur la mouvance hooligan. Dans les grandes lignes, la loi met en place l’interdiction d’accès au stade à toute personne en état d’ivresse, punit les incitations à la haine et violence, pénalise l’utilisation de fumigènes et les utilisateurs de projectiles. Les peines s’échelonnent de la simple amende à de la prison ferme. La loi Alliot-Marie, déposée dans les semaines qui ont suivi PSG-Caen, rentrera en vigueur en décembre 1993 et changera complètement la donne en matière de répression, mais pas seulement pour le hooliganisme… Dans le même temps, le PSG décide de faire appel à des sociétés de sécurité privées pour assurer la bonne tenue des matchs. Ainsi, les képis disparaissent des tribunes et sont remplacés par des stewards. Le PSG pense régler une partie de son problème. Il ne se doute pas que ces sociétés de sécurité vont alors devenir un enjeu financier et de contrôle énormes de la part de certains hooligans du Parc des Princes. Au début des années 2000, la plupart des stewards qui officiait à Boulogne… étaient des anciens abonnés du KOB et bossaient dans une compagnie de sécurité privée dirigée par un ex-hooligan connu du milieu parisien. Drôle.

Au-delà de la loi, c’est la physionomie de tout le KOB qui va changer après Caen. Alors que la tribune est sous le feu des projecteurs partout en Europe suite aux incidents, les leaders sont arrêtés et jugés. 19 connaîtront des peines de prison. Deux entités mythiques de Boulogne vont même arrêter d’exister peu après les incidents : le Commando Pirate et l’Army Korps. Dans l’esprit, il y aura un avant et un après PSG-Caen. Ah oui, sur le terrain, le PSG l’avait emporté 2 à 0 et les joueurs s’étaient empressés d’aller saluer le KOB au moment des buts. « Quand nous leur adressons un signe de la main, il n’y a aucune arrière-pensée. On salue avant tout les supporters venus nous encourager au Parc des Princes. Étant donné ce qu’il s’est passé, il est évident que cela va provoquer un sujet de réflexion chez les joueurs, mais je pense qu’il est difficile d’apporter une réponse personnelle à cette question. Nous devons tous en discuter ensemble, il faut éviter de faire un amalgame. Tous les supporters de la tribune Boulogne ne sont pas comme ça » , détaillera Vincent Guérin le lendemain dans la presse.

Quelques vidéos :

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Par Mathieu Faure

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