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ACTU MERCATO

Le facteur Alexis

Par Maxime Brigand
Le facteur Alexis

Alors que toute l'attention est centrée sur la potentielle arrivée de Neymar au PSG, le vrai coup du mercato parisien pourrait avant tout s'appeler Alexis Sánchez. Voilà pourquoi.

Un enfant, timide, la tête entourée par un fin bandeau blanc, ose à peine s’approcher. Il vient de sauter une grille. C’est un gosse comme les autres, l’un de ceux qui ne rêvent qu’à travers le regard de celui qui n’était encore il y a vingt ans à peine que « l’enfant sauvage » . Il a les yeux de l’amour, la coupe de cheveux du modèle, mais surtout une insouciance qui déchire l’habituel tableau qu’est Tocopilla. Ici, la fête est un refuge plus qu’un terrain d’expression, puis il y a ces couleurs. Du rouge, du bleu, du grenat. Des teintes familières qui ramènent invariablement à ces journées qui ont construit ce qu’est devenu El Alexis. Enfant, Alexis Sánchez n’avait aucune idée de ce que qu’était la technologie, la télé. Il bossait dans des cimetières, au marché, dormait sur un matelas déposé sur des gravillons et n’avait pour seul objectif que de jouer au foot. En réalité, il n’avait que ça à faire. Puis, un jour, lors de l’été 2014, El Niño maravilla est revenu à Tocopilla, s’est approché du terrain en ciment qu’il a fait installer pour remplacer celui défoncé de son enfance et a demandé simplement aux jeunes du coin s’il pouvait « aller au but » .

Quelques heures plus tôt, Sánchez venait de finaliser son transfert du FC Barcelone à Arsenal contre quelque quarante millions d’euros. Depuis, celui qui compile 115 sélections avec la Roja du Chili est devenu un repère à l’Emirates. Il faut y aller pour prendre le pouls de l’idole, percer son état d’esprit et passer aussi, forcément, devant la statue le représentant qu’il a inaugurée en mars dernier. Autour de sa représentation, deux Copa América et les blasons de tous les clubs pour lesquels il a transpiré : le CD Cobreloa, l’Udinese, Colo-Colo, River Plate, le Barça et donc Arsenal. La semaine dernière, Alexis Sánchez est revenu à Tocopilla. Il s’est baigné dans la foule, a disputé un match de charité et, car c’est assez rare pour le souligner, il a parlé. Pour faire écho à l’interview qu’il avait donnée à SkySports au printemps, il a de nouveau dessiné les contours de ses désirs : « Je veux jouer la Ligue des champions. Mais ce n’est pas ma décision. Je dois attendre de voir ce que va faire Arsenal. »

Soigner la sortie

Depuis quand le bal est-il ouvert ? Des semaines, des mois ? Peu importe, l’histoire veut qu’après trois années magnifiques, Alexis Sánchez souhaite passer à autre chose et a refusé à plusieurs reprises de prolonger un contrat qui prendra fin en juin 2018. Faut-il en vouloir à Arsenal ? C’est impossible car, au-delà des résultats et donc de la non-qualification à la prochaine C1, les Gunners auront tout fait pour retenir un joueur qui les porte depuis qu’il a débarqué en Angleterre. Idéalement, Alexis Sánchez aurait prolongé son contrat avec le club – qui lui proposait de tripler son salaire – et il serait parti l’été prochain sans trop de souci en cas de nouvel échec dans la quête d’une qualification à la Ligue des champions. Pour Arsenal, laisser partir Sánchez est avant tout un retour en arrière et un sale coup au moral de supporters déjà hypersensibles, bien plus que si Özil venait à quitter le club, largement plus. Le Chilien est indispensable et son dossier est plus compliqué à gérer, car le joueur, lui, est irremplaçable. Il restera, sans aucun doute, l’une des cinq meilleures recrues de l’ère Wenger – avec Henry, Pirès, Ljungberg et Van Persie –, mais il faut aujourd’hui comprendre qu’il soit attiré par un autre challenge sportif. La Ligue Europa n’est pas pour lui.

Une certitude : Alexis Sánchez a touché cette saison son sommet personnel avec vingt-quatre buts plantés en 38 matchs de Premier League, une activité extraordinaire, une capacité à respirer seul là où son équipe s’est souvent étouffée comme à Munich ou à Paris, une attitude parfaite et un travail défensif complètement assimilé. C’est pour ça qu’Arsène Wenger aimait Sánchez – il a souvent confié en privé son coup de foudre avec l’instinct naturel de l’attaquant chilien propre aux footballeurs sud-américains, moins formatés que ses semblables européens – et aussi pour ça qu’il jure encore que son bijou n’est « pas à vendre » . Oui, l’Alsacien y a cru, comme Thierry Henry qui rêvait de voir Alexis rester à Arsenal « toute sa carrière » ou Jamie Redknapp qui demandait au board des Gunners de « casser leur tirelire » , mais, une nouvelle fois, il faut comprendre. Comprendre que l’international chilien a besoin de plus, lui qui rêvait, à son arrivée, d’empiler les titres avec Arsenal et qui n’aura soulevé que deux FA Cup et deux Community Shield. Alors, il y a eu sous sa fenêtre la Juventus, le Bayern, Manchester City, Chelsea et donc, le PSG, qui tient désormais la corde pour accrocher Alexis Sánchez dans ses filets. La clé, désormais, pour Arsenal, qui a déjà recruté Alexandre Lacazette pour gommer les larmes des fans, est de soigner la sortie de sa vedette et de ne surtout pas le céder à un concurrent direct comme ça avait été le cas avec Robin van Persie en 2012.

Le joueur qui rêve et fait rêver

Logiquement, ce devrait donc être Paris là où le Bayern a rapidement arrêté les négociations face aux demandes salariales de Sánchez. L’affaire est belle et il faut aujourd’hui s’en rendre compte : le PSG ne possède pas dans ses rangs un mec capable d’être aussi régulier que l’artiste chilien, Cavani mis à part, et ce même s’il y a moins d’esthétisme chez Alexis que chez Draxler ou Dí Maria. Tout ça doit être perçu comme une offrande, une chance, et voir arriver Alexis Sánchez en Ligue 1 en serait une. Parce qu’il donne de l’amour et aime en recevoir, parce qu’il est l’un des rares membres d’un carré VIP où se bousculent seulement quelques joueurs pour qui l’on serait prêt à payer pour venir au stade et parce qu’individuellement, il apportera certainement plus que Neymar, par exemple, même si dans la stratégie globale du PSG, cela rapportera moins du point de vue du marketing. Alexis Sánchez joue au foot, il n’est pas en représentation, et le Parc attend de suer à grosses gouttes pour ce type de joueurs. Des joueurs qui rêvent et font rêver, qui se dépouillent et qui bousculent les sentiments. Le bon coup serait avant tout celui-ci car malgré les sommes évoquées (l’affaire devrait se boucler entre 50 et 60 millions d’euros, ndlr), c’est avec un regard d’enfant qu’on le regardera et non avec celui de la démesure. S’il s’agit aussi avec ce dossier de rêver plus grand, il faut aussi continuer à rêver comme des enfants.

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