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Le départ inévitable de Pep Guardiola

Par Sophie Serbini
Le départ inévitable de Pep Guardiola

Sacré champion d'automne le week-end dernier, le Bayern Munich n'arrive cependant pas à profiter de la joie procurée par son début de saison canon. La faute à Pep Guardiola et à une décision concernant sa prolongation qui tarde à venir, alors que tout le monde de l'autre côté du Rhin sait déjà que le Catalan ne sera vraisemblablement plus Bavarois la saison prochaine.

Et si finalement, tout était déjà écrit depuis le début et que les records et les titres à foison n’y avaient rien changé ? Entre l’entraîneur le plus borné de la planète et le club le plus rigide qui soit, l’histoire ne pouvait finalement se terminer que comme ça : par une longue procédure de divorce au cœur de l’automne. Pendant six mois, les deux se sont regardés et ont hésité. L’un a demandé à l’autre de rester, mais ce dernier, se sentant étouffé et courtisé par d’autres, n’a pas pu s’en convaincre. Après deux ans et demi, le constat semble inéluctable : l’heure est à la séparation. Déjà. De l’union du Bayern et de Guardiola, plein de titres ont découlé, mais pas seulement. L’amertume et la rancœur sont aussi venues se loger entre eux. Des actes manqués aussi. Au final, ce mariage qui devait révolutionner le foot européen gardera un goût d’inachevé. Aucun des deux ne sortira vraiment grandi de cette histoire. « Depuis 2013, Guardiola a dépensé 200 millions d’euros (ce qui est une somme énorme pour le Bayern) pour gagner ce que tout le monde avait déjà gagné » , a résumé cette semaine un Felix Magath plus lucide que véhément. Le plus triste ayant eu lieu lors de cette première partie de saison : alors que le Bayern jouait un football de fou furieux, les deux parties se sont livrées à une guerre des mots très subtile, mais bien réelle. Loin, très loin des mots doux proférés il y a bientôt trois ans.

Jeux de pouvoir

Lorsqu’elle a pris forme en janvier 2013, l’union entre Pep Guardiola, alors auréolé de tous les titres pouvant exister, et un Bayern Munich rêvant de grandeur absolue semblait évidente sur le plan sportif, mais plus risquée sur le plan émotionnel. Force est de constater qu’après quelques années, les différences entre les deux parties sont devenues plus importantes que leur similitudes, notamment parce que Pep Guardiola n’aura jamais réussi à complètement dompter la machine bavaroise. Si, avec ses joueurs, tout s’est globalement bien passé – le cas de Mario Götze excepté -, ses rapports avec les hautes instances du club n’ont pas toujours été au beau fixe. Avec Mathias Sammer, directeur sportif, le torchon a plus d’une fois brûlé. Avec Karl-Heinz Rummenigge, la relation était en apparence meilleure – le boss du Bayern s’étant souvent écrasé devant l’entraîneur catalan -, mais les dernières semaines ont montré que tout cela n’était sans doute que façade. En interne, nombreux sont ceux à avoir critiqué les méthodes de Guardiola qui souhaitait mettre en place sa vision du foot sans que personne ne vienne le gonfler après chaque match. Mais au Bayern, un entraîneur ne décide jamais seul. Et ça, l’ancien du Barça l’a quelque peu oublié, surtout la saison dernière, lorsqu’il a provoqué les départs de certains cadres du club.

L’infirmerie comme point d’accroche

Un des nombreux points d’accroche depuis le début du mandat de Guardiola aura été le corps médical, incompétent selon le Catalan, impossible à déloger selon le board du Bayern. L’an passé, Pep avait obtenu la tête du Dr Müller-Wolfhart ; mais tout son staff n’était pas parti avec lui, son fils restant notamment un des physios du club. Ces dernières semaines, après une certaine accalmie entre l’infirmerie et le chef du banc de touche, la guerre a repris de plus belle. Selon Guardiola, les blessures à répétitions de Franck Ribéry et David Alaba seraient en partie dûes à la précipitation des médecins. Mais le Bayern, qui a déjà beaucoup cédé à Pep depuis son arrivée en terres bavaroises, ne pouvait une nouvelle fois lui donner raison. Kicker évoque ce bras de fer autour du staff médical comme l’accrochage de trop entre les deux camps. À y regarder de plus près, ce conflit n’est pas tant celui de trop que celui qui symbolise le mieux le rapport entre les deux entités.

Un départ inévitable

Depuis deux ans, Pep râlait, Pep réclamait et le Bayern cédait. Et puis un jour, sans doute parce qu’Uli Hoeness lui a ordonné d’arrêter les conneries, Rummenigge s’est rebellé et a arrêté de céder. On imagine alors Guardiola en enfant à qui l’on refuse de donner du Coca après lui en avoir refilé à chaque repas pendant deux ans. Le « non » , ce n’est pas vraiment quelque chose que le meilleur entraîneur du monde connaît. Malgré des relations de plus en plus tendues, le club a tout de même cherché à le prolonger. Peut-être pour ne pas perdre la face. Ne pas prolonger quelqu’un comme Guardiola serait un peu mal vu. Peut-être aussi parce qu’en haut, on n’avait pas de plan de secours – hormis Carlo Ancelotti. Mais aussi et surtout car les résultats étaient là et qu’au Bayern, on n’a pas peur de se prendre la tête tous les jours si le palmarès grossit. En lui offrant près de 20 millions d’euros de salaire annuel, Rummenigge et ses sbires pensaient sans doute que Pep resterait. Mais en choisissant de lui fixer un ultimatum – la fin de l’année civile 2015 – le Bayern s’est assuré d’énerver un peu plus Guardiola, ce dernier n’aimant pas tellement qu’on lui force la main. Au final, si Pep pensait déjà que cette année serait sa dernière, la méthode de force employée par le Bayern n’a pu que le conforter dans son choix. Il n’a jamais fondamentalement été question d’argent, Guardiola pouvant en gagner un peu partout dans le monde. Ce sont plutôt le pouvoir et la liberté de choix tant sur le terrain qu’en dehors qui ont toujours été au cœur des négociations. Guardiola ne comptait rester que si on lui donnait quelque chose en plus. Un quelque chose qui ressemblerait à une plus grande marge de manœuvre au sein du club. Ce que le Rekordmeister n’ a pu se résoudre à lui donner.

Et maintenant ?

Maintenant, Guardiola doit officialiser sa décision à la presse et surtout à ses joueurs – le board étant soi-disant déjà au courant depuis quelques jours. Après quoi viendra une trêve bien méritée qui permettra à tout le monde de faire le point et surtout de penser à la suite de la saison. Car le travail de Guardiola au Bayern est loin d’être terminé. Le Catalan a pour objectif d’enfin remporter la Ligue des champions avec les Bavarois, mais aussi de gagner pour la troisième année consécutive le championnat. Mais dans quel état seront ses hommes une fois l’annonce de son départ faite ? Certains joueurs qui l’ont ouvertement soutenu, comme Philipp Lahm ou Jérôme Boateng, pourraient se sentir quelque peu trahis par l’attitude peu honnête de leur entraîneur. D’autres, très proches de lui, pourraient avoir peur pour l’avenir ; c’est notamment le cas de Thiago ou encore Juan Bernat. Une troisième catégorie, composée des historiques, pourraient avoir rapidement marre de tout le remue-ménage qui va entourer le club. Thomas Müller risque de ne pas avoir trop de patience pour les questions concernant l’avenir du Bayern. S’il y a trois ans, l’équipe archi-soudée avait tout fait pour apporter au grand Jupp Heynckes l’attention et les titres qu’il méritait, pas sûr que cette année, beaucoup se battent pour Pep, personnage hautement plus clivant qui a, selon Karlheinz Wild, journaliste de Kicker qui suit le Bayern depuis plus de 20 ans, « esquinté la troupe du triplé qui était absolument intacte, footballistiquement et humainement » . Bien sûr, l’ « Étoile du Sud » est une énorme machine qui n’a pas forcément besoin d’être en accord parfait avec son coach pour gagner des titres – ce fut notamment le cas sous Felix Magath. Mais le Bayern est aussi connu pour ne pas être le plus grand des clubs dans l’adversité ces dernières années. Le danger du relâchement est toujours là, au coin de la Säbaner Strasse. Le match contre le Borussia Mönchengladbach, il y a quelques jours, ou contre Dortmund en demi-finale de Pokal l’an passé, en sont de parfaits exemples. Au Bayern, tout est de plus en plus planifié. Or, en ne prolongeant pas, et en leur disant gentiment d’aller se faire voir, Guardiola met son grain de sable dans la machine bien huilée qu’est devenu au fur et à mesure des années le club munichois. La fin de règne de Guardiola en Bavière ne créera pas d’onde de choc sur le long terme, le Bayern restera le Bayern. Mais pour ce qui est de cette saison, l’avenir est un peu plus embrumé.

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Par Sophie Serbini

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