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Le combat d’une femme contre les barras bravas

Par Léo Ruiz
Le combat d’une femme contre les barras bravas

Nommée chef de la sécurité d’Independiente en septembre dernier, Florencia Arietto, en guerre contre les violents mercenaires qui pourrissent le football argentin depuis des années, vient de démissionner. La raison ? Elle allait trop vite pour son club, pourtant déjà le plus rapide en la matière.

Aucune photo d’amis sur les murs. Pas non plus de fond d’écran gênant à la gloire de ses enfants sur son ordinateur. Si Florencia Arietto évitait d’afficher sa vie privée sur son lieu de travail, ce n’était pas par choix, mais plutôt par protection. Chef de la sécurité du club d’Independiente jusqu’à sa démission il y a une dizaine de jours de cela, une première pour une femme dans l’histoire du football argentin, cette avocate de 35 ans était la cible principale de ceux qu’elle combattait : les barras bravas. Malgré les menaces, son rouge à lèvre et ses talons aiguilles, Arrietto se rêvait pourtant en monsieur propre du football albiceleste. « Ma nomination a fait jaser parce que je suis une femme, et alors ? On est pareilles que les hommes et je veux montrer qu’on peut avoir des meilleurs résultats dans des univers machistes qui nous ont été interdits pendant des années » , expliquait-elle quelques semaines avant de quitter son poste.

L’expérience des bidonvilles

Avant son passage à Independiente, qui lui a offert le privilège d’être suivie toute la journée par un garde du corps, Arietto était l’une des figures du collectif Arde la ciudad (la ville brûle). Une association luttant contre la misère sociale dans les « villas » , les bidonvilles de Buenos Aires. Une expérience qui lui a surtout permis de mieux comprendre l’histoire de la violence dans les stades argentins. « Les chefs des barras sont des mafieux qui vivent au-dessus des lois. Ils conduisent des voitures de luxe, vivent dans les meilleurs quartiers et manipulent à leur guise les gens des villas pour conserver leur statut. Pour ne pas se salir les mains, ils distribuent de l’argent et des billets de match à ceux qui n’ont rien. La misère, voilà la véritable main-d’œuvre des chefs des barras. Le pire, c’est que beaucoup de gens leur demandent des autographes. Ils ne se rendent pas compte que ce sont des délinquants qui passent leurs semaines à vendre de la drogue aux jeunes et à tuer ceux qui leur barrent la route. Si on demande aux barras comment s’appellent les joueurs de leur équipe, ils ne sauront pas en nommer un seul. S’ils viennent au stade, c’est uniquement pour l’argent et le pouvoir, pas pour le football. »

Pablo Alvarez, capo de la barra « La Roja » d’Independiente, faisait partie de ceux-là. Celui qui est surnommé « Bebote » touchait la coquette somme de 40 000 dollars par mois de la part du club il y a encore quelques mois. Cet emploi fictif, le nouveau président du club, Javier Cantero, y a mis fin au moment de son investiture, lorsqu’il s’est aperçu que le livre de compte du club présentait un léger trou de 70 millions de dollars… Évidemment, Bebote et vingt de ses hommes de mains s’étaient alors pointés au siège du club pour casser quelques ordis et menacer de mort Arietto et son patron. « Il a agi comme ça, parce qu’avant, c’était le patron du club. Mais plus maintenant » , se félicitait alors Florencia. « Depuis, il est parti vivre dans une belle villa à Ibiza. Son bras droit s’occupe de sa maison ici » , raconte Demian, membre de la tribune de l’Estadio Libertadores de América depuis sept ans et satisfait, comme beaucoup d’autres, du coup de balai de l’avocate.

« Je ne suis pas une superwoman »

Mais celle-ci le savait, lorsqu’un volcan s’éteint, un autre ne tarde pas à s’éveiller. « C’est très gratifiant d’avoir mis de coté un personnage de son espèce, mais je sais qu’il va très vite être remplacé. Je reste pourtant confiante en l’avenir, même si je ne suis pas une superwoman. Ni même un kamikaze ou un taliban. J’ai conscience que mon boulot est de lutter contre des mecs qui s’entre-déchirent pour avoir le pouvoir de la barra. Ces types-là n’ont peur de rien et n’ont qu’un recours : la violence. Il ne faut pas pour autant qu’on s’arrête de vivre ou de venir au stade. Les barras nous ont enfermés dans une chambre noire remplie de moustiques en nous faisant croire qu’il s’agissait de dragons. Ils jouent sur nos nerfs mais le temps joue pour nous. » C’était peut-être sa seule faute. Arietto voulait aller vite, très vite. Trop vite pour son allié à Independiente, le président Cantero, le seul en Argentine à vraiment lutter contre ces barras bravas qui ont la mainmise sur les clubs de football. Bien qu’elle reste persuadée qu’ « il est ce qui pouvait arriver de mieux à Independiente » , la jeune femme a décidé de partir, ses objectifs cette saison n’étant plus les mêmes que ceux de son président, qui lutte aussi pour maintenir le club en première division. « L’idée est de sauvegarder ce que l’on a obtenu, qui est déjà révolutionnaire pour Independiente et plus généralement pour le football argentin. On ne paye pas de délinquants, on ne leur offre pas non plus de billets. Florencia voulait aller plus loin encore, et c’est là qu’on n’était plus d’accord. Je suis aussi contre la violence dans les stades, mais je ne veux pas voir Independiente jouer dans une église. »

La jeune femme n’abandonnera pas pour autant le combat. Dans quelques semaines, elle se présentera au siège de la Fédération pour présenter un projet de lutte contre les barras, s’inspirant très largement de celui avec lequel l’Angleterre avait mis fin au hooliganisme. « J’ai demandé à l’ambassade anglaise de Buenos Aires de m’envoyer le rapport du projet Taylor et je me suis dit qu’il y avait plusieurs mesures importantes qu’on pouvait transposer aux tribunes argentines. La première d’entre elle, c’est la répression. Il faut rehausser les peines et ne pas hésiter à envoyer en prison ceux qui considèrent le stade comme un lieu de violence L’autre point important, selon moi, c’est de responsabiliser les clubs concernant ce qu’il se passe dans leurs enceintes. Si la Fédération argentine appliquait des amendes de 100 000 dollars aux clubs à chaque incident perpétré par leurs barras bravas, ils seraient beaucoup plus fermes en matière de sécurité. » Arietto, la nouvelle dame de fer ?

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Par Léo Ruiz

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