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Le boycott de Russie 2018 : et si c’était vrai ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Le boycott de Russie 2018 : et si c’était vrai ?

Faudra-t-il boycotter la Coupe du monde en Russie ? Et qui devra le faire ? Les chefs d'états ? Les joueurs ? Les abonnés de Canal plus ? Si la question semble quelque peu prématurée, la présentation du logo officiel du Mondial russe a offert sa première polémique : une carte de la Russie, Crimée incluse, sans tenir compte de la position de la « communauté internationale ». Bref, bien que personne n'y croie, ce boycott sera-t-il le bon, le vrai qui viendra enfin mettre un terme à la légende dorée de la FIFA ?

Alors que tous les esprits – et les prochaines élections sensées couronner Blatter d’un 5e mandat – sont tournés vers le Qatar et les doutes autour de l’attribution de la Coupe du monde 2022 (corruption, centaines de morts autour des chantiers de la honte, hivers ou été, etc.), on en oublierait en effet presque que le Mondial s’arrête avant pour une petite étape en Europe. Mais pas en Occident. En Russie. Sans se prendre pour le « Monde Diplo » , cette première « à l’est » possède évidemment – on a le sens du marketing historique à Zurich – une forte valeur symbolique, plus d’un quart de siècle après la chute du mur et la belle mort de l’URSS. La FIFA continue ainsi d’étendre partout l’hégémonie de « son sport » . Et pour cela, sa Coupe du monde constitue évidemment le viatique incontournable d’un ballon rond qui ignorerait les remous politiques et les conflits armés. Une sorte de dernier bastion de la mondialisation heureuse – à l’écart de Daesh et bien loin du Burkina Faso – qui, de Rio à Doha, illustrerait le succès conjoint de l’économie libérale sauce Tafta et du bonheur capitaliste des pays émergents, quelles que soient leur « civilisation » . Grâce au sacre et la vénération du plus beau produit culturel du Vieux Continent. La boucle serait bouclée, rien de plus normal. Storytelling.

Sauf que le petit empire du tsar Poutine a ces derniers temps pris l’habitude de déplaire, surtout dans les rangs de l’UE qui ne rêve que de stabilité – y compris des frontières – en Europe, et aux USA où des sénateurs ont déjà demandé le retrait de la compétition à la nation de Pouchkine et des Pussy Riots, eux qui croyaient que la Chine deviendrait au XXIe siècle son seul rival potable dans l’arène des grandes puissances. Le climat est tel que le spectre du boycott revient planer, pour la première fois depuis 1978, sur la compétition phare de la FIFA. Si personne n’y croit vraiment, tout semble pourtant rendre le scénario étonnamment crédible, dans un contexte de crise économique et de désenchantement autour des grands évènements sportifs. Russie 2018 sera-t-il alors à Poutine ce que fut Moscou 80 à Brejnev ?

« L’histoire a montré jusqu’ici que le boycott des événements sportifs ou les politiques d’isolement ou de confrontation n’étaient pas les moyens les plus efficaces de résoudre les problèmes. » La parole de la FIFA à ce sujet sent un peu le sentiment de panique. L’argumentaire est d’abord plutôt douteux, voire boîteux, justement pour ceux qui connaissent les cas passés, certes tous différents. L’histoire a ainsi plutôt montré que le maintien des JO à Berlin en 1936 a conforté le régime hitlérien et qu’au contraire le boycott des Jeux de Montréal en 1976 par les pays africains au nom de la lutte contre l’apartheid (une mise au ban décidée notamment dès 1964 par la FIFA), ont pour le moins aidé à ébranler l’Afrique du Sud. Quand aux JO de Moscou en 1980, ce fut un grand coup de boutoir, non négligeable, dans les reins du colosse soviétique.

En revanche, effectivement, on manque dans le foot de précédents pour mesurer l’impact d’une véritable campagne de boycott (au-delà des traditionnels « comité » des héritiers de Jean-Marie Brohm) d’ampleur. Pour résumer : un boycott qui produirait avec le retrait de quelques équipes phares comme la Nationalmannschaft, tenante du titre, une focalisation des médias sur les « problèmes » (droits de l’homme – en 1980 la question de la dissidence trusta une grande partie de l’attention de la presse -, expansionnisme, homophobie, etc.), et des scores d’audiences en baisse. Ce scénario qui, en quelque sorte, désenchanterait le conte de fées du Mondial, ne ferait pas qu’égratigner l’orgueil de cette Russie éternelle, ressuscitée dans le sillage des oligarques et des minorités russophones. Il aurait peut-être et surtout pour effet de venir gripper la belle machine économique qu’est devenue la multinationale du foot. Ni les chaînes payantes ni les sponsors généreux ne sortent le chéquier pour un show dévalorisé sportivement et démoralisant publiquement. Jusqu’à présent, la FIFA a toujours été plus douée que le CIO pour passer à travers les gouttes de ce genre de petits désagréments. Pour preuve, on se souvient des JO de la Honte en 1936. Mais qui se rappelle 1934 dans l’Italie de Mussolini triomphant ?

Par là même, sensé accorder l’onction « normalisatrice » de la FIFA à cet immense empire si particulier à grosses parts de marché, sa désignation comme pays hôte pourrait se transformer en un premier cas d’école. On n’en est sûrement qu’aux prémices, car on imagine mal Poutine se calmer d’ici là. Sa volonté de rétablir la Russie à hauteur de ses partenaires du conseil de sécurité de l’ONU ne pourra se réaliser sans casser quelques œufs diplomatiques. Vladi n’est pas vraiment dans le registre du soft power ! Et les milliards qu’il veut bien engloutir dans le Mondial lui semblent des gages suffisants de bonne volonté. Lorsqu’il enverra ses tanks dans Kiev après la demande d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, il pourra toujours demander à Depardieu de jouer le rôle de Blatter dans les tribunes, après avoir campé Jules Rimet…

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Par Nicolas Kssis-Martov

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