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« Le beach soccer français revient de loin »

Propos recueillis par Régis Delanoë, à La Mézière
« Le beach soccer français revient de loin »

Ancien capitaine des Bleus du beach, Mickaël Pagis est aujourd’hui un ambassadeur passionné d’un sport qu’il a découvert avec la génération précédente, celle de Cantona et Olmeta. À La Mézière, près de Rennes, « Pagistral » a monté la Pagis Beach Academy, qui organise depuis l’an dernier des sessions découverte/détection pour les jeunes du coin. Son ambition : implanter le beach soccer en Armorique, terre de foot et de plages, et amorcer une formation aujourd’hui quasi inexistante.

Raconte-nous un peu cette histoire d’amour avec le beach soccer… Elle remonte à quand ?J’ai commencé à vraiment pratiquer en 2010, sitôt ma carrière de footballeur pro terminée. J’ai été membre de l’équipe de France pendant quatre ans, avec le brassard de capitaine pendant deux ans à compter de l’année 2012. Mais en fait, c’est un sport que je connaissais depuis bien plus longtemps. La découverte remonte à 1998, une époque où j’étais au Gazélec Ajaccio. Pascal Olmeta m’a initié à l’occasion d’une exhibition et j’ai tout de suite accroché. Mais tant que tu es joueur pro, tu ne peux pas concilier les deux. À l’époque, en Corse, j’avais rencontré Cantona et d’autres anciens pros membres de l’équipe de France. Éric m’avait proposé de les rejoindre quand je pourrais. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, et donc c’était naturel pour moi, une fois ma retraite actée, de me tourner vers cette activité avec laquelle j’ai pris énormément de plaisir pendant quatre ans et qui m’a permis de décrocher en douceur du haut niveau en gardant un esprit de compétition.

Et cette Pagis Beach Academy alors ? C’est quoi l’idée ? Et ça remonte à quand ?Ça remonte à 2014, c’est dans la continuité de mon activité de joueur. Je suis basé en Bretagne depuis pas mal de temps maintenant et je trouvais dommage que, dans une telle région de plages et de football, avec un grand nombre de licenciés, il n’y ait pas autant de pratiquants que dans le sud de la France. Ici, ça reste un sport méconnu, alors j’ai décidé de m’investir pour en faire sa promotion en partant de la base : les jeunes, via la découverte du beach, la détection et la formation, mais aussi s’imprégner de la culture du beach, son histoire, ses règles, son état d’esprit. Ici, près de Rennes, je connaissais bien ce site de beach indoor, le seul du genre dans la région. C’était normal d’y installer mon projet d’académie.

Ça représente quoi, le beach soccer, en 2016 en France ?C’est un sport amateur à 100 %, mais qui est une discipline intégrée au giron FFF depuis 2011. Depuis cette date, il y a une réelle volonté de le développer et de le structurer. Il existait déjà avant un championnat national, mais il reste essentiellement concentré sur le berceau de la pratique en France, avec surtout quatre villes phares : Marseille, Toulon, Montpellier et Bordeaux. Ailleurs, c’est plus difficile de trouver des équipes : en Moselle un peu tout de même… Globalement, le beach soccer reste un sport pratiqué par des joueurs de football classique, qui jouent toute l’année au niveau Ligue ou District et qui, à partir de mars, commencent à s’entraîner pour le pratiquer pendant l’été.

Le beach peut servir au foot, pour travailler le cardio, les courses courtes sur un espace réduit, les techniques aériennes, les remises, les prises d’appui sur milieu instable, le jeu de tête qu’on travaille très peu en foot…

Et au niveau international ?La Beach Soccer Worldwide est désormais également reconnue par la FIFA, avec deux rendez-vous majeurs pour une nation comme la France : la Coupe du monde tous les deux ans et le championnat d’Europe tous les ans. Il faut savoir que la France a été sacrée première championne du monde FIFA de beach soccer. C’était en 2005, au Brésil, La Mecque de la discipline ! Une superbe époque pour la discipline en France avec Cantona comme ambassadeur. Depuis, disons que l’équipe de France s’est un peu reposée sur ses acquis et n’a pas mis les choses en place pour former la nouvelle génération. C’est pourquoi j’essaie de m’y employer.

L’époque de Canto, Olmeta and co, c’était sympa, mais est-ce que ça n’a pas donné l’impression que le beach soccer était un peu un sport de vétérans ? Je ne pense pas qu’il a trop souffert de cette image. En revanche, c’est vrai qu’il reste plus vu comme une activité ludique que comme un vrai sport de compétition. Ok, c’est d’abord un sport loisir, mais il faut qu’il y ait une prise de conscience que ça peut être une discipline à part entière, dans laquelle on peut s’accomplir au haut niveau.

Actuellement, existe-t-il en France des joueurs qui s’y consacrent à 100 %, comme il existe des beach-volleyeurs ?Pas vraiment, mais si déjà on peut le voir comme une activité complémentaire au football classique, ce serait pas mal. Le beach est une activité saisonnière qui se pratique à partir de mars, dont la pratique peut apporter à un footballeur classique et vice versa. C’est aussi le message qu’on essaie de faire passer auprès des clubs : venez pratiquer du beach, ça servira à vos joueurs.

Ça sert à quoi pour un footballeur ?À travailler le cardio, les courses courtes sur un espace réduit. Ça sert aussi beaucoup à travailler les techniques aériennes : les remises, les prises d’appui sur milieu instable, le jeu de tête qu’on travaille très peu en foot…

C’est adapté à tous les gabarits ?Oui, mon expérience en équipe nationale m’a permis de constater qu’il y a de tout, comme en football classique : des petits vifs râblés, mais aussi des grands costauds. Par exemple, l’attaquant suisse Dejan Stojković (homonyme de l’autre, ndlr), grand, massif, mais capable de faire des choses incroyables sur le sable.

Et comme en football, y a des spécificités tactiques ?Oui, par exemple, la France a été championne du monde en 2005 avec un jeu direct, l’attaquant de pointe servant de point d’appui pour remonter le ballon. Dans un autre style, la Russie aime repartir de derrière et se fait beaucoup de passes, avec un jeu de combinaisons. L’Espagne et le Portugal jouent plus sur leurs individualités avec des joueurs capables de frapper de partout…

Y a des postes bien établis ?Oui : gardien, défenseurs, milieux, attaquants, comme au football sauf qu’il n’y a que quatre joueurs de champ. Mais même dans cette configuration, on peut changer de tactique : un seul défenseur ou deux, un attaquant de pointe ou deux… On joue aussi beaucoup sur les remplacements puisqu’il y a autant de titulaires que de remplaçants et ils peuvent entrer à tout moment. La Russie par exemple se distingue encore avec deux équipes bien distinctes : les quatre sur le banc au coup d’envoi entrent généralement au même moment au cours du match. Les autres nations procèdent plus à des changements pour s’adapter à l’état physique des joueurs ou à l’évolution du score…

N’y aurait-il pas une complémentarité à creuser avec le futsal plus qu’avec le football classique ?Si : futsal en hiver, beach en été, ça peut être à développer, car ce sont deux activités qui ont des similitudes au niveau des exigences physiques, des dimensions du terrain, de l’aspect tactique, des règles… Après, ce sont deux techniques très différentes : très axé jeu au sol pour le futsal, jeu aérien pour le beach.

Ces derniers temps, l’effort a été mis surtout pour développer le futsal et le football féminin. C’est bien, normal même, mais il ne faut pas oublier le beach, une discipline qui rassemble.

Y a-t-il des nations de référence ?Hors le Brésil, il y a l’Italie en Europe, avec un championnat très structuré dans lequel évoluent les meilleurs Français. La Russie travaille bien, la Suisse se développe. Historiquement, le Portugal et l’Espagne sont des nations majeures…

Y aurait-il de quoi intégrer la famille olympique à terme, comme l’a réussi le beach-volley ?C’était une des disciplines des Jeux européens de Bakou l’an dernier. Je pense qu’il s’agissait là d’une compétition essai, une première étape pour viser les vrais JO à terme. Je pense que c’est à l’étude et pas inenvisageable.

Et au niveau national, la fédé fait-elle ce qu’il faut pour développer le beach ?Elle met des moyens, oui. Assez ? Je suis ambitieux, donc je pense qu’elle n’en met jamais assez (sourire). Ces derniers temps, l’effort a été mis surtout pour développer le futsal et le football féminin. C’est bien, normal même, mais il ne faut pas oublier le beach, une discipline qui rassemble.

Avez-vous le sentiment qu’elle est un peu à l’ombre ?Je le pense, oui. Cantona a été un formidable ambassadeur qu’il est difficile de remplacer. J’essaie de le faire à mon petit niveau, même si ça n’a rien à voir. Un autre ancien pro s’y emploie, Yannick Fisher, du côté de Bordeaux. Il est l’un des deux seuls pros actuellement en équipe de France avec Ronan Le Crom. Il en faut d’autres, qu’il y ait au moins un référent beach par ligue ou par district, ce serait bien, ça permettrait de structurer. Actuellement, Stéphane François fait ce qu’il faut pour. Il est l’un des champions du monde 2005 et le référent national beach à la fédé, sélectionneur de l’équipe de France et toujours joueur, l’un des meilleurs défenseurs au monde. Il essaie d’organiser des stages équipe de France régulièrement, ainsi que des tests matchs, mais ce n’est pas facile, car la plupart des joueurs sont des amateurs qui ne peuvent pas toujours se libérer… Il cherche aussi à assurer un suivi des entraînements spécifiques au beach toute l’année auprès des pôles de Marseille et de Montpellier.


Et le prochain pôle, il est à Rennes alors ?J’espère ! En tout cas, j’y crois. Il faut partir de la base, ne pas s’enflammer : déjà faire découvrir le beach au plus grand nombre. C’est ce que je fais à travers de journées découverte organisées depuis l’an dernier, réservés aux jeunes, des U11 aux U17. Il y aura plusieurs sessions, par journée ou demi-journée, pendant les trois prochaines vacances scolaires, en avril, juillet et octobre. L’idée, c’est qu’ils apprennent les bases de ce sport, ses spécificités, son aspect ludique aussi. Que le beach rentre petit à petit dans les esprits pour que des équipes se montent, que des sections beach se forment au sein des clubs de foot et de futsal déjà existants. La création d’un championnat régional pourrait alors s’envisager dans les années à venir.

C’est par la formation qu’il faut repartir ?Je le pense. Actuellement, au niveau national, il n’existe qu’une sélection A. Peut-on monter une équipe U19 ? Ce serait intéressant d’y réfléchir… Après le titre de 2005, on a loupé le coche et on est même descendu un temps en deuxième division… Pour rivaliser avec les grandes nations du beach sur la durée, il faut qu’on puisse disposer d’un plus gros réservoir de joueurs et ça passe fatalement par la formation. On ne repart pas de zéro, mais en tout cas, on revient de loin.

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