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Le Bayern peut-il s’adapter à Guardiola ?

Par Markus Kaufmann
Le Bayern peut-il s’adapter à Guardiola ?

Guardiola au Bayern, ce n'est peut-être pas le choix le plus excitant ou encore le plus grand défi, mais c'est certainement la décision la plus cohérente. À Munich, certaines conditions sont réunies pour que le chef d'orchestre espagnol ressorte ses baguettes avec une certaine virtuosité. À condition que lui-même sache s'adapter.

Le Bayern doit s’adapter sur deux terrains : dans le jeu et dans la façon d’aborder mentalement le collectif. Mais il faut d’abord définir ce qui serait un succès pour ce mariage. Où est l’exigence ? Faut-il que le Bayern répète les exploits du Barça de Pep ? L’Espagnol doit-il ramener une C1 en Allemagne ? Ou alors offrir modestement un coup de projecteur sur le football germanique, sa formation et ses infrastructures ? Et si Guardiola était le premier à devoir s’adapter ? Pep va-t-il apprendre l’allemand ? Le cœur de la philosophie de Guardiola est de « bien traiter le ballon » . Souhaitera-t-il offrir à l’Allianz Arena quelques combinaisons « à la barcelonaise » mélangées à une sauce de football direct à l’allemande ? Ou alors imposera-t-il un tiqui-taka brut contre vents et marées ?

Avaler les principes Guardiola en quelques mois : faut-il changer l’effectif ?

De 2008 à 2012, Guardiola éblouit le football mondial à l’aide de quatre principes de jeu fondamentaux. Qu’il souhaite conserver le 4-2-3-1 bavarois avec une vraie pointe ou non, l’effectif du Bayern va devoir se plier à ces consignes incontournables. En premier lieu, la « règle des cinq secondes » qui impose un pressing infernal à chaque perte de balle. Sans pressing, pas de possession. D’où la nécessité d’avoir une équipe légère et rapide, ce qui n’est pas vraiment le cas du milieu munichois. Le second principe est qu’il ne faut jamais abandonner le ballon : le gardien, les deux centraux et tous les autres doivent relancer au sol, peu importe le risque. Le troisième principe est l’immense travail demandé aux joueurs offensifs pour créer un mouvement continu : des appels, des appels et encore des appels.

Enfin, le dernier principe est le fait d’adhérer à une philosophie de jeu qui n’associe pas directement possession et phase offensive. Avoir le ballon, cela ne revient pas forcément à attaquer. Pep pourra-t-il imposer cette patience ? Les Allemands accepteront-ils de passer des mois sans frappe lointaine ? Pour implanter son 4-3-3, Guardiola a besoin de renforts et aurait d’ailleurs déjà demandé deux défenseurs centraux à sa future direction. Javi Martínez reculera-t-il à nouveau ? Au milieu, il suffit de comparer le Bayern à la Mannschaft pour se rendre compte qu’il y a un Özil qui change tout. Un joueur mobile, capable de dicter le jeu, d’accélérer, de se déplacer partout et de garder le ballon. Un type pour faire un peu de Xavi et un peu d’Iniesta, et aider Schweinsteiger, Kroos et Ribéry à faire vivre l’orchestre de Pep. Mais Guardiola n’aurait pas accepté le projet si le Bayern n’avait pas promis de s’adapter sur le terrain.

Une différence identitaire fondamentale

Et quid des vrais numéros 9 Mandžukić et Gómez ? Et du soliste Robben ? Ces principes de jeu ont déjà fait des victimes. Quelque part, Guardiola n’a pas su s’adapter à Ibra. Ni à Eto’o. Ni à Villa, voire à Cesc. Et malgré les mécontentements de ces grands noms, la machine a continué à fonctionner. Pourquoi ? Parce que la Pep team était avant tout une équipe unie autour d’une cause unique, pour laquelle les joueurs doivent ranger leur égo. Il s’agit d’adopter une mentalité de gentils et d’incarner un « football positif » . Des idées qui passent dans un Barça trop souvent instrumentalisé politiquement. Mais au contraire du Barça, le Bayern n’a jamais eu la vocation d’être un club de gentils. Le Barça a été, est et reste encore l’éternel second. Celui qui doit toujours tout faire mieux que le premier pour attirer l’attention. Celui qui ne comptait que dix championnats nationaux il y a encore 25 ans, à l’arrivée de Cruyff et de Guardiola.

L’identité du Bayern est différente : elle est faite de Gerd Müller et de Matthaüs. Le Bayern est un ogre. Quand le Barça se veut symbole de créativité et d’esthétisme, le Bayern est avant tout un symbole de force. D’où les duels épiques l’opposant au Real Madrid. Il y a donc des incompatibilités entre les deux ADN. Le Bayern peut-il se transformer en défenseur rebelle du beau jeu ? C’est improbable. Et alors, Pep peut-il devenir un entraîneur comme les autres, qui s’adapte et raisonne selon les limites de son effectif et l’identité de son club ?

Guardiola peut-il transformer un groupe de bons joueurs en un groupe de champions ?

Finalement, en ayant remporté deux C1, le Barça de Pep se situe au même niveau que le Milan d’Ancelotti et l’Inter d’Herrera, mais en dessous du Bayern de 1974-76 et de l’Ajax de 1971-73. Alors, qu’est-ce qui pourrait mieux représenter le plus grand Barça de l’histoire ? Un chiffre : 70% de victoires. Ou encore 81,6% en Liga 2009-2010. À côté, José Mourinho compte 67,02% de victoires sur toute sa carrière. Peu importe le club, sa philosophie, ses joueurs, José gagne. C’est là que se situe le plus grand défi d’adaptation de Pep. Et le danger de tomber dans l’urgence de la victoire. D’où le choix munichois, supposé lui offrir plus de temps et de stabilité. Le modèle reste le travail de Cruyff au Barça, qui avait dû attendre sa troisième saison pour gagner la Liga.

Mais à Barcelone, Guardiola dirigeait la meilleure génération de l’histoire du club, et avait pu profiter de la dynamique victorieuse de la Roja d’Aragones en 2008. À Munich, Pep habitera un centre d’entraînement hanté par les finales de C1 perdues en 2010 et 2012, ainsi que par les derniers triomphes du Borussia Dortmund et les compétitions internationales perdues en 2006, 2008, 2010, 2012. Des joueurs qui savent douter et manquer des pénaltys, en finale, devant leur public. Bref, des losers. Jusqu’à aujourd’hui, ses cadres ne se sont jamais montrés assez méchants, ou cyniques, pour avoir le cran de subtiliser une grande coupe. Il n’y a pas d’Eto’o ni de Messi à Munich. Robben, Schweinsteiger et Gómez ont besoin d’un entraîneur qui leur fasse sentir qu’ils sont invincibles. En d’autres termes, Guardiola va devoir faire du Mourinho. Le football nous réserve toujours des surprises : le Bayern Munich vient d’engager un entraîneur espagnol pour réapprendre à gagner.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Markus Kaufmann

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