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Le 17 novembre 1993 vu de Bulgarie

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Le 17 novembre 1993 vu de Bulgarie

S'il est resté une plaie béante pour le football français, le match du 17 novembre 1993 et ce but de Kostadinov à la dernière minute ont aussi constitué le début d'une belle aventure pour la Bulgarie. Ce qui, dans le pays, à l'époque, constituait une sacrée surprise semblait beaucoup plus prévisible pour les joueurs. Retour sur une folie, avec Dieu et des coups de feu.

Un visage connu traîne ses guêtres près du stade de l’armée bulgare, en ce mois d’octobre encore chaud à Sofia. C’est celui de Vladimir Manchev, dont le départ après deux ans au LOSC en 2004 ne l’empêche pas de maîtriser encore parfaitement le français. « J’avais 16 ans au moment du match contre la France, j’étais au centre de formation, et je me souviens très bien du but de Kostadinov, se remémore l’actuel entraîneur des dix ans du CSKA, en surveillant les exercices de ces jeunes en formation, dont il faisait partie en 1993. Mon père s’était endormi devant la télé, moi j’ai hurlé comme un dingue, je l’ai réveillé en sursaut, il n’a rien compris à ce qui se passait. » Tout comme le commentateur du match, sorte de Thierry Roland local, qui avait passé de longues minutes à expliquer pourquoi l’élimination de la Bulgarie montrait bien que le football de son pays était pourri avant le but vainqueur de Kostadinov. Celui-ci tourne sa veste en une seconde, exactement comme le feront ceux qui crachent aujourd’hui sur l’équipe de France, en cas de qualification mardi contre l’Ukraine. Il hurle alors une phrase restée dans la mémoire collective, et qui sera réutilisée par Stoichkov à chaque conférence de presse de la Coupe du monde 94 : « Dieu est bulgare ! » Stoichkov : « Cantona est-il meilleur que moi ? » Beaucoup de joueurs de l’époque assurent pourtant aujourd’hui avoir toujours cru à cette qualification. Trifon Ivanov, que nous avons rencontré pour le dernier numéro de So Foot, nous confiait par exemple : « Je ne saurais pas comment vous expliquer ça, mais j’étais certain à 100% que nous allions nous qualifier, de la première à la dernière minute. » À son habitude, Stoichkov se fait lui encore plus direct : « Cantona est-il meilleur que moi ? Ginola est-il meilleur que Kostadinov ? Papin est-il meilleur que Penev ? T’en as un qui joue à Manchester, l’autre à Marseille. Et alors ? Moi, je joue à Barcelone. Emil est à Porto, putain ! Letchkov à Hambourg, Balakov au Sporting Portugal. On va gagner. Et on l’a fait, 1-2. » Toujours est-il que le reste de la population bulgare, le commun des mortels, est dans un sacré état de surprise après cette qualif’ sur le fil, si bien que les supporters n’envahissent pas encore les rues. « Il y avait du monde à l’aéroport pour les premiers joueurs qui sont revenus au pays, mais avec Stoichkov et Romario, qui était soigné à Paris et qui avait donc fêté la victoire avec nous, nous étions restés à Paris un peu plus longtemps et, quand nous sommes revenus, il n’y avait personne pour nous accueillir » , évoque Valentin Mihov, alors président de l’Union bulgare de football. La vraie frénésie populaire ne va monter que pendant la phase finale, quand les supporters vont commencer à prendre conscience de l’exploit de leur équipe. Flingues et Mercedes Les vrais pays de football peuvent se reconnaître à deux signes distinctifs : 1) on s’y interpelle en parlant de ballon plutôt que de météo ; 2) même ceux qui ne s’intéressent pas au foot ont un club de cœur. La Bulgarie réunit les deux critères. Étudiant à l’époque de la World Cup, Georgi, manager dans un grand hôtel de Sofia et photographe pour arrondir les fins de mois, se souvient : « À chaque victoire, il y avait un peu plus de monde dans le boulevard Vitosha (la principale artère commerçante de la capitale, ndlr). Après la qualification pour les demi-finales, ça reste la seule fois de ma vie où j’y ai vu un mec debout dans sa Mercedes décapotable en train de tirer des coups de feu en l’air. » La France, pendant ce temps, ruminait sa deuxième absence de suite en Coupe du monde et tentait de relever la tête avec un Aimé Jacquet auquel personne ne croyait. Pour tous ceux que nous avons rencontrés en Bulgarie, acteurs du football local ou simples supporters, l’analyse suivante est partagée : sans cette défaite contre leur équipe nationale, la France n’aurait jamais remporté la Coupe du monde 98. « Ce match a complètement changé l’avenir du football français, plus que celui du foot bulgare, juge notamment Nikolay Krastev, journaliste au quotidien Trud, qui a couvert le France-Bulgarie de 93 pour le magazine Meridian. C’est vrai qu’il y a eu une belle Coupe du monde derrière, mais ce n’est pas pour ça que ça a apporté de l’argent et une bonne organisation dans le football bulgare. C’était juste un épisode qui ne s’est plus reproduit. » Et si la France finissait par dire merci à l’Ukraine pour sa victoire à l’Euro 2016 ?

Par Thomas Pitrel, à Sofia

Pour en savoir plus sur l’épopée bulgare de 1994, du Parc des Princes au Mondial US, procurez-vous d’urgence le dernier numéro de So Foot, encore en kiosques !

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