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La solitude du coureur de fond

Par Mathieu Faure
La solitude du coureur de fond

Contre Arsenal, Edinson Cavani a marqué au bout de 42 secondes de jeu avant de croquer quatre occasions franches qui offrent un écho terrible à ses manqués observés contre Metz. Pourtant débarrassé de l’ombre de Zlatan Ibrahimović et propriétaire du poste que lui confère son numéro de maillot, le Matador continue d’avaler les kilomètres et d’entretenir le débat autour de son niveau. Malgré tout, il fallait lui laisser sa chance loin du Suédois. Le vrai procès de Cavani se tiendra en mai, à l’heure des bilans. D’ici là, envoyons-lui de l’amour.

La vidéo a tourné en boucle mardi soir. Les réseaux sociaux sont en général sans pitié dans ces moments-là. On y voit Luis Suárez, un autre Uruguayen né en 1987, opérer un contrôle de la poitrine suivi d’une volée dans la lucarne du portier du Celtic lors de la démonstration offensive du Barça (7-0). Dans la foulée, le montage met en lumière la même situation de jeu, mais avec Cavani. Sauf que le Parisien rate son contrôle et fouette le vent et non le cuir lors de sa reprise de volée manquée à la sortie d’un appel pourtant parfait. Une comparaison qui fait mal pour un joueur acheté 64 millions d’euros au Napoli en 2013. Contre Arsenal, d’aucuns estiment qu’avec Luis Suárez placé dans les mêmes conditions que Cavani, le PSG l’aurait largement emporté. L’avantage d’une telle fiction, c’est qu’on ne le saura jamais. Suárez n’est pas au PSG, au contraire de Cavani. Et pour la première fois depuis son arrivée en France, Cavani va être placé à son vrai poste – celui d’avant-centre – dans une équipe qui aura pour objectif de lui apporter des bons ballons.

Au fond, son boulot est simple : la coller au fond. Un sentiment qu’il apprécie, comme il le racontait dans un interview à retrouver dans le SoFoot numéro 139 : « Savoir que je vais être l’avant-centre du PSG me donne de la confiance et de la force. » Auteur de 83 buts et onze passes décisives en 152 matchs depuis son arrivée au PSG, le joueur de vingt-neuf ans a de belles statistiques pour un mec qui a joué 95% du temps à un poste qui n’est pas le sien et dans une équipe qui jouait surtout pour Zlatan Ibrahimović. Cet été, les dirigeants parisiens étaient face à un choix cornélien : se séparer d’Ibra, en fin de contrat, et tenter de le remplacer ou miser enfin sur Edinson Cavani en pointe. Dans un club qui anticipe tout, Ibrahimović aurait été remplacé par un crack. Mais au PSG, rien n’est simple, alors Ibra est parti, Cavani est resté avec, comme doublure, Jean-Kevin Augustin, un enfant de la maison, et Jesé, un tatoué amateur de Trace TV. Le message est donc clair : Edinson Cavani est l’arme offensive numéro 1 du PSG. Et surtout la seule. Mais quand le joueur connaît des problèmes de finition, c’est tout le club de la capitale qui tousse. C’est le risque.

Sa maladresse a bon dos

Mais après Arsenal, le Matador a reçu des messages de soutien de la part de ses coéquipiers. Il y a d’abord eu Thomas Meunier, joyeux drille, sur les ondes de RMC : « Personne ne doute de ses qualités. Sur le premier but qu’il met, un attaquant sur dix aurait pu la mettre dedans. Il fait toujours les bons appels, les bons mouvements. C’est l’attaquant parfait. Manque de pot, pour l’instant, ça va un peu moins bien. Mais on connaît tous ses qualités. » Le président Nasser Al-Khelaïfi a lui aussi tenu à maintenir sa confiance en son numéro 9 : « Je dis toujours la même chose, j’ai confiance en Edi. C’est l’un des meilleurs attaquants au monde. Il va marquer, je ne m’inquiète pas. » Enfin, Unai Emery a glissé sa petite phrase aussi : « Le plus important pour moi, c’est de se procurer des occasions. Il a inscrit un grand but, il s’est procuré beaucoup d’occasions. C’est la première étape. Après, avec la confiance, le travail, tu vas mettre des buts. »

Il y a plusieurs grilles de lecture à donner à ces sorties médiatiques. La première, c’est que le garçon s’est quand même procuré cinq occasions franches par ses appels tranchants, son sens du placement, et ses coéquipiers mesurent le travail abattu par le grand brun en restant persuadés qu’il va payer. La seconde, c’est que le PSG n’a pas trop le choix de se passer d’Edinson Cavani puisqu’il est l’arme offensive numéro 1 du club, et quasiment la seule. Di María et Lucas ne sont pas des buteurs, Verratti, Matuidi, Thiago Motta, Rabiot et Krychowiak sont des milieux qui ne marquent pas ou très peu, Ben Arfa n’est pas encore dans le rythme et Jesé reste un mystère. En gros, le Matador sert de parapluie à la misère offensive du PSG et il a bon dos. Se focaliser sur les ratés de Cavani, c’est passer sous silence ceux de Di María et l’absence de poids offensifs de Lucas, voire Pastore, trois recrues qui ont coûté, quand même, plus de 140 millions d’euros au club. Edinson Cavani est maladroit. Oui, parfois. Mais Edinson Cavani ne doit pas être la seule menace offensive du club et, sur ce point, on ne peut rien lui reprocher.

Le pari d’Emery

L’avantage d’avoir engagé Unai Emery, c’est sa capacité à redonner confiance à son attaquant. Les deux hommes sont des bourreaux de travail et le football est un sport où la fumisterie est rarement récompensée. En installant Cavani en pointe pour une saison, sans réelle concurrence, le PSG a fait un double pari : celui d’optimiser enfin les qualités du buteur de Salto après un exil de trois ans sur le côté gauche dans un premier temps, et couper le cordon avec Zlatan Ibrahimović, souvent décevant en Ligue des champions, dans un second temps. L’un n’allant pas forcément de pair avec l’autre. Cavani a peut-être plein de défauts, mais il aime le but : « Être avant-centre, vivre pour le but, le sentir, c’est quelque chose que je porte dans mon sang. Après, un attaquant a besoin de temps, d’expérience, parce qu’on vit beaucoup de sensations » , lâchait-il dans nos colonnes. Là où certains « 9 » sont des tueurs, Cavani est plutôt un sentimental. Il marche à l’affect. Aux sensations. Le PSG gagnera-t-il la Ligue des champions avec « Edi » ? Bonne question.

Une chose est sûre, ça n’a pas été le cas avec Ibrahimović à son top et dans une équipe qui jouait exclusivement pour le Suédois. Autant essayer autre chose après quatre échecs de rang en quarts de finale. Comme Emery, Cavani a besoin de temps avant de passer devant le tribunal. Impossible de juger le garçon après quatre matchs cette saison. Oui, l’homme a un passif « maladresse » au PSG depuis son arrivée, mais la donne a changé. En gros, on remet les compteurs à zéro. Et cette fois, il n’y aura plus d’excuse en fin de saison. Et c’est valable pour tout le monde. On va enfin savoir. C’est à la fois risqué et excitant. Avec de l’amour, de la patience et un peu plus de réussite et/ou de justesse, Cavani (re)deviendra ce tueur (napolitain). Pour ce faire, il faut insister avec lui. Insister. Insister. Le laisser courir, presser, faire des appels et accepter que l’homme rate des buts tout en sachant qu’il en marquera aussi des dizaines d’autres. Et puis on pardonne toujours à un homme qui se confesse. Mardi, à la sortie d’une zone mixte où tout le monde l’attendait, Cavani a visé juste : « Oui, c’est une responsabilité que j’assume. J’ai eu trois ou quatre occasions nettes. Mais de l’autre côté, il y a un gardien qui n’a pas forcément envie que je marque. Ce sont les choses du football. Mais, ce qui compte ce soir, c’est que tout reste calme entre nous. C’est important. Toute l’équipe travaille beaucoup pour s’améliorer et changer les choses. » Parce que l’histoire serait tellement belle si Cavani faisait franchir au PSG le fameux palier qu’Ibra n’a jamais réussi à tutoyer, lui.

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Par Mathieu Faure

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