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La saison quimpéroise de Riyad Mahrez

Par Régis Delanoë
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La saison quimpéroise de Riyad Mahrez

Riyad Mahrez vient de très, très loin. Sa première tentative de quitter son Sarcelles natal remonte à 2009, année où il débarque à Quimper pour essayer de se faire une place dans l’équipe première qui évolue en CFA. Son abnégation finira par payer, même si le jeune homme doit d’abord convaincre avec la B en septième division…

Riyad Mahrez s’est imposé comme l’une des stars de la Premier League, de son titre de champion avec Leicester à ses buts avec le City de Guardiola. L’international algérien est un phénomène né à Sarcelles, dont on peine toujours aujourd’hui à comprendre comment il a pu échapper aux radars des grands clubs français. « Mais faut comprendre qu’une telle trajectoire est impossible à prédire, impossible ! Qu’aucun club pro ne se soit intéressé à son profil quand il était ado, ça me semble normal. Il est tellement atypique » , assure pourtant Mickaël Pellen, actuel coach des U19 du Stade brestois qui voit débouler Mahrez dans le Finistère à l’été 2009 lors d’un essai organisé par le club de Quimper KFC (aucun lien – abréviations de Kerfeunteun Football Club), dont l’équipe première prépare sa saison de CFA. Pellen est à l’époque l’adjoint de l’entraîneur Ronan Salaün. Riyad Mahrez est alors âgé de 18 ans et n’a jamais quitté Sarcelles, où il est né et où il a découvert le football sous les couleurs de l’AAS Sarcelles, dont l’équipe fanion évolue en PH Île-de-France. « Ate Nzete, figure emblématique du club de Sarcelles, m’appelle un jour pour me dire : « J’ai un jeune ici qu’il faut aider, il n’a rien à faire ici ! Il faudrait qu’il aille voir plus haut, et si possible en province. » Le jour même, j’ai appelé mon ami Mickaël Pellen et Riyad est parti rapidement à l’essai » , explique celui qui a servi d’intermédiaire dans l’affaire, Matthieu Bideau, actuel responsable du recrutement du FC Nantes. « À un niveau tel que le CFA, les recrutements se passent généralement de deux manières : ou bien sur essai, ou bien sur CV plus recommandation d’un homme de confiance dans le milieu du foot. Riyad, on ne le connaissait pas, alors il est venu pour qu’on juge de son niveau, mais il n’était qu’un joueur parmi les 22 qu’on testait ce jour-là » , poursuit Mickaël Pellen. Verdict ? Il est le seul invité à rester dans la préfecture du Finistère. « On sentait qu’il y avait un truc chez lui. Attention, ce n’était pas du clé en main ! On savait qu’il allait y avoir beaucoup de boulot pour qu’il ait le niveau, surtout physiquement. Il faisait quoi ? Pffff, 60kg tout mouillé… »

En coloc avec le frangin Pogba, 750 euros de salaire

Débarque aussi cet été-là à Quimper un certain Mathias Pogba, frère jumeau de Florentin et aîné de Paul. « Lui est arrivé sur recommandation (en provenance du Celta Vigo, ndlr), mais ils se sont tout de suite bien entendus avec Riyad. On les a mis en coloc tous les deux dans un appart du centre de Quimper dont le club payait le loyer » , se souvient Pellen. Et niveau salaire ? « Entre 750 et 800 euros net par mois chacun. Ah c’était le minimum ! En contrat fédéral, que Riyad a décroché à l’issue d’une présaison où il s’est vraiment arraché. Niveau travail athlétique, on partait de zéro avec lui. Le moindre contact avec un adversaire, il sautait. Aucune résistance à la charge. » Niveau aisance technique en revanche, l’ancien entraîneur adjoint du Quimper KFC garde mémoire d’un gamin avec une grosse aisance technique. « C’était un joueur de rue, qui avait appris le football dans son quartier. C’était à la fois un avantage et un inconvénient. Avantage, car c’était un excellent dribbleur, à l’aise des deux pieds, déjà très bon sur coups de pied arrêtés. Inconvénient, car niveau culture foot, il n’y connaissait rien ! Je me souviens d’un match contre Viry-Châtillon, le ballon va pour sortir en touche en notre faveur, il n’a même pas attendu qu’il soit complètement hors des limites du terrain pour se jeter sur le ballon et le renvoyer… » La recrue débute même la saison avec la B de Quimper, en 7e division, le temps d’assimiler les bases du football « conventionnel » et quelques repères tactiques.

« C’était notre petit Jamel »

Rapidement néanmoins, le coach de la A, Ronan Salaün, comprend qu’avec sa marge de progression et son envie d’apprendre, il ne peut pas longtemps ignorer le jeune Francilien tout fou. « Il l’a vite intégré à la A, confirme son adjoint. D’abord pour disputer des bouts de match. C’était prometteur, mais il a eu un gros coup de mou en octobre et novembre, le contrecoup de sa toute première préparation physique certainement. Une fois que ça a été digéré en revanche… » La deuxième moitié de saison 2009/2010 est celle de la confirmation pour un Mahrez qui gagne ses galons de titulaire et impressionne les observateurs souvent présents en nombre au bord des terrains de CFA. « Je me rappelle très bien d’un match de fin de saison sur la pelouse du leader Orléans, assuré de sa montée et qui était invaincu à domicile. On gagne 2-0 avec un Mahrez qui touchait le ciel… » C’est Le Havre, dont la réserve évoluait dans le même groupe CFA que le club finistérien, qui récupère le joyau au printemps 2010, tandis que Quimper, 17e sur 18, est relégué en CFA2. Fin de la parenthèse bretonne du petit gars de Sarcelles qui n’a laissé là-bas que de bons souvenirs. Pellen encore : « C’était un super gamin, très rigolo. C’était notre petit Jamel, il disait toujours qu’il allait jouer un jour au Barça, ça manquait pas, chaque fois tout le monde rigolait. Il venait tellement de nulle part, on ne pouvait pas imaginer… Mais voilà, c’était aussi un jeune très à l’écoute des consignes, conscient de ses manques, bosseur, déterminé. Il y a une part de réussite dans son parcours actuel, mais il mérite ce qui lui arrive. » Les exploits et les récompenses de Mahrez en Premier League, les dizaines de millions d’euros de son transfert… Ne pas oublier que tout ça part d’une coloc en Finistère-Sud il y a six ans à peine, de 750 euros de salaire mensuel et de matchs galères en D7…

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