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La persistance de la mémoire

Par Swann Borsellino
La persistance de la mémoire

« Totti day » ou 28 mai. Appelez-le jour de l’Empereur de Rome comme vous le voulez, le destin n’en demeurera pas moins cruel et irréfutable : ce dimanche est surtout un jour qui passe comme une voiture sur l’autoroute. Encore un.

Au stadio Olimpico comme ailleurs, on est tous égaux devant les larmes. Ils ont 10, 20, 40 ou 60 ans, hommes ou femmes, grands costauds ou petites filles, et ils ont en commun le fait de ne pas avoir les yeux rougis par ce foutu pollen. Supporters de la Roma devant l’éternel ou simples habitants de la ville éternelle venus saluer une dernière fois le saint patron de la ville, ils pleurent comme des madeleines. Derrière les écrans du monde entier, des amoureux du foot n’ayant jamais supporté la Roma ou même des amoureux d’autre chose n’ayant jamais supporté le foot y vont également de leur petite larmichette. Au fond, fête des mères ou « Totti Day » , ce 28 mai était surtout le jour des sanglots. Pleurer, ça fait du bien. Ça fait se sentir en vie à défaut de se sentir rationnel. Car aujourd’hui comme tant d’autres fois, on s’est demandé pourquoi. Pourquoi les adieux de certains héros font tant de mal ? Peut-être parce que les retraites des légendes, des icônes, incarnent le temps qui passe, ce « maledetto tempo » ( « maudit temps » , comme l’a dit Totti), que l’on aimerait parfois voir figé. Peut-être parce que le football est une loupe qui amplifie le temps qui défile. Une conception romantique du sport qui fout encore plus le cafard avec Francesco Totti.

Le temps qui passe

Pourquoi ? Parce que Francesco Totti, c’est 25 ans de carrière dans le même club. Totti, c’est, au choix : un gamin que les plus anciens ont vu grandir, une icône avec laquelle les trentenaires sont devenus adultes ou un papy que les plus jeunes respectent pour les avoir accompagnés dans leurs premiers ébats footballistiques. Le Romain était le seul à être dans tous les FIFA depuis le début. Il n’y sera plus. Et si Totti est venu nous dire qu’il s’en allait, Jorge Valdano a déjà théorisé nos sanglots longs qui n’y changeront rien : « Qui était ce dénommé Raúl pour se permettre subitement de retirer à Butragueño son maillot du Real Madrid, ses titres dans les journaux et sa place dans le cœur des gens ? Facile. Raúl, c’était le temps qui passe. » Totti, c’est le temps qui passe. Et maintenant ? « Maintenant j’ai peur » , a déclaré Francesco Totti lors de son speech de départ.

Une frousse motivée par le fait que le Romain ne connaît pas la suite du film maintenant qu’il n’enfilera plus soigneusement son maillot giallorosso qu’il portait si bien. Maintenant qu’il n’aura plus ce brassard à mettre autour de son bras, Totti ne sait pas quoi faire. Comme nous, Totti ne sait pas ce qu’il y a après le vide. « Éteindre la lumière n’est pas facile » , a-t-il évoqué. Alors on pleure un bon coup. Et on saute. Car quand Gianluigi Buffon sera parti à son tour, alors on aura quitté ces hommes, ces héros de notre enfance puis de notre vie, qu’on a l’impression de connaître comme on connaît les personnages de nos séries préférées. Finalement, cette peur du vide, c’est encore la banderole d’un supporter romain qui la résume le mieux. « Speravo de mori’ prima » , a écrit ce dingue parmi les dingues. « J’espérais mourir avant » de connaître ce moment. Le pire et peut-être le plus beau, dans tout ça, c’est qu’il était sincère. Mais toujours en vie. Malgré ce jour de plus qui vient de passer. Encore un.

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Par Swann Borsellino

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