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La grosse Gênes

Alexandre Pauwels
La grosse Gênes

En Serie A, il y a cette saison plusieurs équipes en crise. De vieux classiques pourtant, comme Cagliari, la Fiorentina, et surtout, le Genoa. Juste avant une rude opposition à Milan, les grifoni sont à un point de la zone rouge, avec un moral dans les chaussettes suite à la confrontation avec les tifosi dimanche dernier. A cinq journées de la fin, ils ne sont pas loin de reproduire le schéma de la rivale la Sampdoria, descendue en 2011. Ce serait con.

Il y a tellement de choses qui clochent dans la campagne du Genoa version 2012, qu’on en deviendrait presque schizo. Un début en fanfare, une chute en fin d’année 2011, un léger mieux pour fêter 2012, puis le trou noir, symbolisé aujourd’hui par une série de 12 rencontres sans victoire, dont six défaites. Le fond du trou a été touché dimanche. Alors que l’équipe perd 4-0 à domicile contre le modeste Sienne, les tifosi prennent l’équipe en otage et obligent les joueurs à retirer leur maillot. Contestation, tension, larmes. Signes prémonitoires d’une descente ? Peut-être. Mais le pire dans tout ça, c’est que ce Genoa est ambitieux et possède pourtant les moyens de viser haut. La preuve avec le très dépensier président Enrico Preziosi (à la tête de l’empire des jouets Preziosi) qui n’a pas hésité à se délester de près de 165 millions d’euros en trois ans. Et ce, sur la base d’une remarquable saison 2009, terminée aux portes de la Ligue des Champions, à la cinquième place. Sauf qu’à l’époque, il y avait un collectif rodé et une gestion saine, du tondeur de pelouse aux plus hautes sphères du club. Mais ça, c’était avant.

L’ingérence comme vertu

Après cette fameuse campagne 2008/2009, qui a vu les Grifoni de Diego Milito et de Thiago Motta échouer à un petit point de la Ligue des Champions, Preziosi se dit qu’il doit investir. Il claque plus de 66 millions d’euros pour conserver quelques cadres (Criscito, Bocchetti, Jankovic) et acheter du produit frais (Moretti, Kharja, Floccari, Crespo, Palacio). La saison part très bien, sur les bases de son succès de l’année précédente. Mais tout s’écroule petit à petit, pour finalement s’achever à une énigmatique 9ème place. Pour revenir sur le devant de la scène, le patron investit 49 nouveaux millions en 2010 (Rannochia, Toni, Rafinha, Miguel Veloso, Vanden Borre et Kaladze) pour une issue quasi identique, à la 10ème position. Toujours aussi généreux, Preziosi ordonne la fabrication de plus de joujous pour pouvoir dépenser 32 millions sur le marché 2011, puis environ 18 millions cet hiver. Voilà. En trois ans, ça fait une addition corsée de 165 millions d’euros. Pour quoi ? Pour pas grand-chose, si ce n’est passer pour un con. Car les dirigeants génois le clament chaque année depuis la 5ème place : l’objectif est de terminer européen. Mais le gros souci reste de trouver un équilibre, chose que le bon vieux Preziosi ne semble pas capable de faire. En 2009, le succès porte un nom : Gianpiero Gasperini. Oui, oui, le coach grisonnant viré au bout de quelques matchs par l’Inter en début de saison. Eh bien, le Gasp avait fait du Genoa le trouble-fête idéal. Après l’avoir fait remonter de Serie B à Serie A, la formation rossoblù devient le genre d’équipe à pratiquer un jeu léché, en légèreté sur les ailes et avec un principe : un 3-5-2 inamovible et dévastateur. Si la formule fonctionne bien, elle s’essouffle avec l’arrivée massive de nouvelles tronches. Des mecs pas habitués à la Serie A, qui polluent la tactique. Preziosi fait son choix. Au lieu d’écouter son coach, il se fie à ses propres convictions et vire Gasperini en novembre 2010. Ballardini maintient le cap, avant l’arrivée cette saison d’Alberto Malesani. Après un début prometteur (première place à la quatrième journée), le technicien est viré en décembre, au profit de l’ex-faiseur de miracles de l’Udinese ,Pasquale Marino. Même topo pour ce dernier, viré en mars, au profit de… Malesani. Le bon Alberto est une nouvelle fois remercié dimanche, au terme de la catastrophique rencontre face à Sienne. Gigi De Canio vient d’être nommé. Il est le troisième coach de la saison du Genoa. Le propre d’une équipe en crise, quoi.

Cauchemar et enterrement

Reste encore à trouver l’explication footballistique d’une telle débâcle. Si l’ingérence niveau mercato et staff technique est un fait, la 17ème place parle d’elle-même. Au final, c’est un double constat qui saute aux yeux : le Genoa est une équipe incroyablement irrégulière, avec une défense en carton. L’irrégularité, c’est par exemple coller un 3-2 à Naples ou la Lazio, et perdre 2-0 contre le relégable Cesena ou prendre six buts contre ces mêmes Napolitains. Une défense en carton, c’est à ce jour 62 buts encaissés en 36 matchs, soit une moyenne de 1,7 but encaissé par rencontre. Le pire total de la Serie A. Et pourtant, dans les cages, Sebastien Frey fait de son mieux. Sans lui, le Genoa aurait peut-être encaissé deux fois plus de buts. Si la défense ne va pas, l’attaque ne fait pas franchement mieux. Palacio et sa tresse de rat tiennent la baraque, sans compter une seconde sur le dépressif attaquant Gilardino, recruté en grande pompe alors que ses derniers mois à la Fiorentina laissaient augurer une fin de carrière moisie. Bon, il faut aussi compter les blessés et les inexplicables erreurs de casting. Le plus éloquent demeure Kévin Constant, excellent au Chievo, avant de déprimer en Ligurie. Bref, trop d’erreurs de parcours qui, aujourd’hui, se payent cher.

Alors, dans l’écroulement débuté en février, reste l’interrogation. L’effectif n’est pas totalement ridicule non plus, et pourrait même être à la hauteur des objectifs annoncés. Problème de confiance, alors ? Oui. Parce que ne pas gagner contre les mauvais Novare ou Cesena, ça fait mal. Et la douloureuse défaite contre Sienne dimanche risque bien de trotter dans les têtes. De fait, dans les équipes concernées par le maintien, le Genoa possède le calendrier le plus chargé : le Milan AC, donc, des déplacements chez les solides Udinese et Bologne, et les réceptions de Palerme et Cagliari. Ca sent le piège à plein nez. Pire, ça sent la Serie B. Et il y en a une qui s’en frotte les mains. La Sampdoria. La rivale du Genoa a connu le même parcours l’an dernier, et a terminé en division inférieure. Si faire un parallèle est obligatoire, il faut également évoquer l’attitude des tifosi du Genoa à l’occasion de la descente des « ennemis » : 30 000 tarés dans les rues, trimballant un cercueil aux couleurs de la Samp’, tout sourire. On aimerait bien voir la gueule de ces mêmes supporters aujourd’hui. Et surtout, savoir ce que préparent ceux de la Sampdoria. La vengeance sera terrible, et juste pour ça, ce serait beau.

Émerse Faé : « J'ai juste fait mon travail »

Alexandre Pauwels

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