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«La crêpe peut percer en Angleterre»

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«La crêpe peut percer en Angleterre»

En fin de saison, le natif de Quimper Bertrand « Bertie » Cozic devrait mettre fin à une carrière de près de dix ans dans les divisions inférieures anglaises pour se consacrer à la restauration de... crêpes.

Raconte-moi un peu ton histoire : comment un Breton se retrouve-t-il à bourlinguer en Angleterre, entre League One et Conference (3e à 5e div) ?

J’ai commencé le foot chez moi, à Quimper, intégrant les -15 et -17 ans nationaux du club de la ville. Puis je pars pas loin, à Guingamp, où je reste un an et où ça ne se passe pas très bien, au point que je décide d’arrêter le foot et de reprendre les études, à Rouen, avec dans l’idée de faire une Maîtrise de management du sport. Vu que la pratique de l’anglais est fortement conseillée, je pars en 2002 à l’Université de Bath, où j’intègre l’équipe de foot.

Le Team Bath FC ?

C’est ça, un concept qui existait à l’époque, plus aujourd’hui il me semble. Leur truc, c’était de récupérer des jeunes relâchés par les clubs pros et de leur donner une seconde chance. Moi il se trouve que l’année où j’y ai joué, l’équipe a atteint pour la première fois de son histoire le premier tour de la FA Cup, ce qui m’a permis de me faire repérer et de signer mon premier contrat pro, à Cheltenham Town, en League Two.

Le premier club d’une longue série…

Oui, après Cheltenham il y a eu Hereford en Conference (5e div), puis Northampton, puis Kidderminster, où ça se passait bien d’un point de vue personnel mais où ça jouait un peu n’importe comment avec du jeu long permanent. Du coup je me suis engueulé avec l’entraîneur, on est descendus et mon contrat se terminant, je me suis retrouvé sans club. Je fais deux matchs d’essai avec Aldershot en 2005, mais malgré de bonnes performances, le coach décide de ne pas me garder. Là je me suis vraiment dit que le foot, c’était pas pour moi. Je fais une croix sur ma carrière pour la deuxième fois et repars à l’université de Bath.

Comment rebondis-tu alors ?

Mon premier entraîneur à Bath, Paul Tisdale, me relance. Comme il fait bien son boulot –tiens d’ailleurs au passage je te parie qu’il entraînera un jour une grande équipe, c’est sûr–, il est embauché par le club d’Exeter City. Quelques jours après, il m’appelle pour me faire venir. C’était il y a cinq ans, je n’ai pas bougé depuis, avec de beaux succès, notamment une double promotion d’affilée de Conference en League One entre 2007 et 2009.

Des regrets ?

Franchement non. J’ai certainement parfois manqué de chance, j’ai été blessé à des moments où il ne fallait pas, mais je me dis que j’ai joué contre des clubs prestigieux comme Leeds, Charlton ou Norwich, alors qu’à la base, j’avais tiré une croix sur une carrière de foot pro. Non, le seul regret finalement, c’est de ne pas être venu en Angleterre plus tôt.

Vraiment ?

Oui. Après je ne dis pas que c’est l’eldorado pour tout le monde, parce qu’il règne dans les petites divisions pro anglaises une mentalité que tout le monde ne peut pas adopter. Faut se donner à fond, mouiller le maillot, même si ce n’est que pour quelque matchs. Les contrats sont précaires, quelques semaines seulement parfois. C’est « up and down » , tu peux vite te faire embaucher comme tu peux vite te faire jeter. A toi de t’adapter et de répondre présent quand on fait appel à toi. Le gros avantage, c’est qu’ici on ne regarde pas ton âge où ton CV, on te laisse faire tes preuves. Mon premier contrat pro, je l’ai eu à 25 ans, c’est inimaginable en France.

On dit que le vrai foot anglais ne se trouve plus en Premier League mais dans les divisions inférieures, tu confirmes ?

Ah oui, c’est là que tu vois que c’est LE pays du foot. Quand tu joues en 3e div’ devant 30 000 spectateurs comme ça m’est arrivé, t’hallucines complètement. Et attention, ils viennent avec les maillots, toute la famille ! Le club, c’est la fierté de la ville. Ils claquent une fortune pour venir te voir au stade ou en déplacement donc en retour, t’es obligé de mouiller le maillot, pas le choix. En retour, si tu montres que tu fais les efforts, tu gagnes leur respect. Moi par exemple je sais que je suis pas quelqu’un de technique, mais je suis un bosseur de l’ombre et je sais qu’on m’apprécie pour ça. Prends la saison dernière, le dernier match décisif pour le maintien, le coach me met titulaire alors que je n’avais pas joué depuis deux mois. J’ai taclé, je me suis sacrifié, j’ai fait du « Bertie » et les fans savent être reconnaissants pour ça.

Niveau argent, c’est comment ?

Quand t’entends que les clubs anglais sont endettés, c’est pas étonnant, ils investissent sans compter. En League One par exemple, t’as le MK Dons, ex-Wimbledon. Le club a récemment investi dans un stade ultra moderne de 25.000 places, tu imagines la prise de risque ? Et les salaires, pareil : en League One, t’en as qui gagnent 10.000 livres par semaine ! Et la moyenne dans les clubs du haut de tableau, c’est 3.000, 4.000 livres par semaine. Pfff, c’est dingue.

C’est pareil à Exeter ?

Exeter c’est un peu différent quand même, parce que le club a échappé de peu à la liquidation il y a quelques saisons, notamment grâce à un tour de FA Cup contre Manchester United, qui a renfloué les caisses, et surtout grâce aux fans, qui ont mis de leurs poches. Tiens d’ailleurs tu savais qu’à Exeter City, il n’y a pas de président ? Le club appartient à un « trust » de supporters. Un truc assez unique. !

Sinon, j’ai cru comprendre que t’avais déjà prévu ta reconversion ?

Oui, j’ai monté à Exeter un business de café–crêpes, en collaboration avec un Américain qui a monté le Domino’s Pizza de la ville. Je bosse dessus depuis deux ans, j’y crois fort. Au début, j’avais l’idée d’un bar à vins, et puis finalement je me dis que la crêpe, ça peut percer en Angleterre. Vu que je suis Breton en plus… Bon pour l’instant ils ont du mal à s’y faire ici, à part la crêpe au sucre et au citron, mais ça va venir. Grâce au foot, je rencontre des sponsors et les supporters viennent dans mon restaurant. Dans quelques années, j’aimerais même créer des franchises ailleurs qu’à Exeter.

La fin de carrière de footballeur est donc proche ?

Mon contrat actuel se termine en décembre, mais je vais sûrement prolonger jusqu’à la fin de saison. Obligé : le dernier match à la maison, c’est le derby contre notre grand rival, Plymouth Argyle. La dernière confrontation remonte à il y a huit ans, les fans attendent ça avec une impatience énorme, je peux pas louper ça !

Propos recueillis par Régis Delanoë

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