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La Coupe du monde a-t-elle un effet sur le marché des transferts ?

Par Nicolas Jucha
La Coupe du monde a-t-elle un effet sur le marché des transferts ?

Jusqu'au 13 juillet, la planète football respirera au rythme du Mondial brésilien. Pendant ce temps, le marché des transferts est officiellement ouvert, mais relativement atone. L'effet Coupe du monde n'a cependant pas que des désavantages.

« C’est une catastrophe, cela fait une parenthèse d’un mois. Grosso modo, au lieu d’avoir trois mois de boulot, on n’en a que deux. Les scouts et les clubs sont soit en vacances soit en train de suivre la Coupe du monde, ils freinent les négociations pour des transferts ou prolongations de contrat. » L’agent de joueur Laurent Gutsmuth exagère quelque peu le trait et complètement l’actualité du Stade rennais qui, en plein Mondial, a déjà signé André (Ajaccio), Mexer (Nacional Madère), Hosiner (Austria Vienne) et Zeljkov (Rabotnicki Skopje). On pourrait également citer Saint-Étienne (Monnet-Paquet) et Lille (Corchia) qui n’ont pas hésité à avancer sur certains dossiers.

Ces transferts n’annoncent cependant pas une nouvelle tendance, mais quelques exceptions confirmant la règle, si l’on en croit l’agent historique Christophe Mongaï : « En général, lors des années de Coupe du monde, le marché démarre un peu plus tard. » Chercheur à l’université de Lausanne et auteur d’Une histoire des agents sportifs en France. Les imprésarios du football (1979-2014), Stanislas Frenkiel en est lui aussi persuadé, la Coupe du monde n’est pas propice aux affaires : « Le business ne se fait pas à la Coupe du monde. Trop de dépenses, trop d’énergie à fournir pour peu de résultats. Beaucoup plus de choses se passent au salon annuel White Scouting à Milan, où les agents de tous les pays se retrouvent. C’est dans un lieu comme celui-là que cela se passe, pas durant la Coupe du monde. » À quelques exceptions près (Fàbregas, Xavi, Sagna), les éventuels mouvements pendant la compétition ne concernent pas des joueurs retenus en sélection. À cause de la jurisprudence Aimé Jacquet de 1998 ? « Ce ne sont pas les sélectionneurs qui fixent les dates des transferts, mais les clubs. On est dépendants d’eux » , assure Christophe Mongaï, pour qui cependant « si tout peut être réglé avant la Coupe du monde, ce n’est que mieux pour le joueur qui aura l’esprit libéré. »

« Dans certains pays, les agents paient pour que leurs joueurs soient sélectionnés »

Si la Coupe du monde peut freiner le marché, elle n’en reste pas moins un véritable accélérateur de carrière pour certains joueurs. « La valeur marchande n’évolue pas forcément, mais un joueur se vendra plus facilement s’il a fait la Coupe du monde. Les forces en présence, tout le monde les connaît, si Ronaldo met trois buts de plus, cela ne changera pas grand-chose. Les scouts et les clubs sont surtout à l’affût des bons coups dans des sélections moins médiatiques. Il peut y avoir des effets Schillaci, Milla ou Salenko, on jette la pièce en l’air et elle tombe du bon côté… » , témoigne Laurent Gutsmuth. Le son de cloche est similaire du côté de Christophe Mongaï : « Les cotes ne changent pas réellement car tous les joueurs présents, surtout ceux des grands pays, sont déjà connus. Qui aujourd’hui ne connaît pas les joueurs du Portugal, de la Belgique ou du Cameroun ? La Coupe du monde peut influencer en marge si un joueur explose les compteurs. »

Pour Stanislas Frenkiel, participer au Mondial ou être simplement international revêt en revanche une importance considérable pour les joueurs moins médiatisés : « C’est tout bonus pour les agents et tous bonus surtout pour les joueurs. Même si un joueur ne joue pas une minute, il est officiellement reconnu comme l’un des 23 meilleurs de son pays. Il y a une course aux sélections dans certains pays notamment en Afrique, et pas seulement à cause des binationaux. Être en sélection, c’est un moyen d’être sous le feu des projecteurs. Dans certains pays africains, des agents paient pour que leurs protégés soient sélectionnés. Même Vahid Halilhodžić a expliqué avoir été sollicité pour l’équipe d’Algérie. »

Plus aucun joueur inconnu

Et puis dans une négociation de transfert ou de prolongation de contrat, avoir un joueur retenu en Coupe du monde est cependant clairement bénéfique car « cela veut dire que le joueur fait partie de l’élite de sa nation » , précise Christophe Mongaï. Pas besoin de préciser non plus quand son poulain participe à la grande fête du ballon rond selon Stanislas Frenkiel. Pour ce dernier, l’agent bénéficie au moins autant de la sélection en Coupe du monde : « Le fait pour un agent d’avoir un joueur en Coupe du monde, ou ne serait-ce qu’un international, c’est un excellent moyen d’en attirer d’autres. Très peu d’agents ont des internationaux. Sur les 338 agents reconnus par la FFF, la majorité n’a même pas de joueur de Ligue 1 en 2014. De manière générale, il faut au moins un joueur en Ligue 1 pour qu’un agent soit pris au sérieux en France, en avoir un en Coupe du monde permet de faire partie du gotha. »

Pour autant, le fantasme du joueur inconnu qui devient star lors du Mondial a vécu, avec ses exemples pérennes (Ribéry de 2006) ou éphémères (Salenko de 1994), si l’on se fie à Laurent Gutsmuth : « Aujourd’hui, c’est tellement internationalisé que les clubs bien structurés, avec une vision, ne vont pas craquer sur une révélation dont ils ne connaissent rien. Aujourd’hui, il y a tellement de sources d’informations différentes que les personnes en charge de recruter sont censées connaître tout le monde. Les vraies révélations… En 2010, Forlán a cartonné, mais tout le monde le connaissait déjà. Si un club mise à fond sur un Salenko, tu peux être sûr que c’est une décision du président, qui l’a vu planter ses cinq buts à la télévision et s’est dit « Je le veux ! » Dans certains clubs, ses conseillers techniques lui diront : « Attention, ce joueur est irrégulier ou se blesse souvent. » Forcément, si le mec est dans les 23, c’est qu’il n’est pas mauvais, mais un exploit en Coupe du monde ne veut pas dire grand-chose… »

« Pour moi, le cas Sagna a été un enfer »

Et puis avoir un joueur au Mondial, c’est certes un atout pour un agent, mais la situation comporte clairement ses désavantages : « Pour moi, le cas Sagna a été un enfer en 2010, un gros bordel. Il est dans un bunker, il y a 25 000 personnes qui tentent de participer au transfert et le joueur attend que cela se passe. Il y a les deux cas : parfois c’est une contrainte, s’il y a déjà une négociation en cours, et puis il y a ceux qui préfèrent attendre en misant sur une bonne performance en Coupe du monde. » Un joueur qui flambe en plein Mondial, c’est aussi un joueur que l’agent pourrait avoir du mal à conserver dans son écurie : « En marge du Mondial 2006, Ribéry a eu trois représentants différents. Il a démarré avec John Bico de 2001 à 2005, ensuite il a été avec le Luxembourgeois Bruno Heiderscheid de 2005 à 2007, et depuis 2007 il est officiellement avec Jean-Pierre Bernès. En 2007, Heiderscheid a attaqué Ribéry et Bernès, et après plusieurs procédures, Ribéry a été condamné à verser 800 000 euros à son ancien agent pour rupture unilatérale de leur contrat de collaboration » rappelle Stanislas Frenkiel.

Finalement, la seule sécurité pour l’agent, c’est de ne pas voir la valeur de son poulain chuter à cause d’un Mondial raté, comme en attestent les gros transferts de Yoann Gourcuff (22 millions d’euros) et André-Pierre Gignac (16 millions d’euros) à l’été 2010 : « Ils ont eu des performances équilibrées ou tout du moins lissées par la situation extraordinaire de l’équipe de France, leur niveau intrinsèque n’a pas été remis en cause. Pour perdre de la valeur à cause d’un Mondial, il faut fracasser le crâne de quelqu’un ou faire un salut nazi… Normalement, la Coupe du monde ne peut qu’apporter qu’un plus. » Pour preuve, Nicolas Anelka a prolongé son contrat à Chelsea peu après son éviction du groupe France et ses mots doux à l’égard de Raymond Domenech…

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