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La chienne de vie de Super Mario

Par Théo Denmat
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La chienne de vie de Super Mario

Tout juste transféré au Milan AC, Mario Balotelli retrouve sur place son compagnon de toujours : Lucky, son chien. Un amour qui prend beaucoup de place dans la vie de l'Italien, l'ayant même amené à devenir bénévole auprès d'un refuge canin de Manchester, en 2011. Récit de cette tranche de vie d'un fou des poils longs et des truffes humides.

Lucky a la truffe chaude. Voilà six mois qu’il est en quarantaine, et son Mario lui manque beaucoup. Il est pourtant gentil, Lucky. Il porte un collier rouge comme le Milan AC et joue de temps en temps au football avec son maître dans le jardin. Il prend toujours soin de son poil pour être beau. Il est beau, son poil. Mais pourquoi est-il enfermé dans cette cage de plastique depuis si longtemps ? D’après ce qu’il a pu distinguer au moment de la séparation, le regard figé sur l’interstice entre les mailles du sac qui le contenait, le maître n’était pas content. Il envoyait ses bras en l’air, comme lorsqu’il lui lance cet objet rond et plat qui fuse silencieusement dans l’air du parc. Sauf que cette fois, il n’y avait pas de pelouse, pas de crêpe volante et encore moins de silence. Le maître criait. Il s’est senti soulevé, le sac a pivoté et le voilà ici. Coincé depuis six mois.

Promenades entre Bentley camouflage et bus à impériale

La malheureuse histoire de Lucky, le labrador milanais de Mario Balotelli arraché en plein aéroport, est symptomatique de deux choses. Tout d’abord, on ne déconne pas avec la législation anglaise concernant les imports d’animaux par avion. Deuxièmement, oui, Super Mario est un dingue de nos amis les bêtes. « Il aime tous les animaux, mais les chiens plus que tout » , confirme dans un sourire Jane Smith du Manchester Dog’s Home, où le joueur avait l’habitude de se rendre aux prémices de sa période mancunienne. Car le 12 août 2010, alors tout juste transféré de l’Inter pour 30 millions d’euros, Balotelli voit son chien recalé à la douane de l’aéroport londonien d’Heathrow. Lucky devra être mis en quarantaine pendant six mois, la faute à un mauvais respect des règles d’hygiène relatives aux animaux importés. Pour l’Italien, c’est le drame. Son adaptation à la vie citizen est d’autant plus compliquée qu’il souffre du genou et ne participe pas aux huit premiers matchs de la saison. Alors, en attendant Lucky, et pour « retrouver l’équilibre » , selon Jane Smith, il embarque dans sa Bentley camouflage et se rend au plus grand refuge pour chiens de la ville.

Là-bas, il y rencontre la jeune femme, qui n’a au départ pas grande idée de son identité : « Au premier regard, c’était vraiment quelqu’un de normal, il nous a dit qu’il voulait adopter un chien. » Jane accepte et lui fait faire le tour de proprio, avant que d’autres membres du staff ne le reconnaissent. Mais Balo hésite, adopter serait faire déshonneur à son Lucky. Il décide donc de devenir bénévole auprès de la « Maison des chiens de Manchester » , et passe régulièrement emmener en promenade ses précieux compagnons, en profitant pour lui-même s’aérer l’esprit : « Il avait pris l’habitude de venir nous voir au moins une fois par semaine, pour promener les chiens. Le sien lui manquait beaucoup. Il arrivait, leur mettait la laisse et partait dans le pré que l’on possède derrière le bâtiment. Il était très gentil et, visiblement, il avait besoin de cette présence pour se recentrer sur lui-même » , détaille Jane. L’affaire dure plusieurs semaines jusqu’à ce que Lucky passe enfin la frontière et ne retrouve son maître à Manchester, où celui-ci demande au board de City la permission de pouvoir l’embarquer sur le bus à impérial lors de la parade pour le titre, en 2012. La requête acceptée, le petit chien devient une figure récurrente des photos Instagram de l’attaquant, un fan allant même jusqu’à créer un compte Twitter dédié qui compte aujourd’hui un peu plus de 1500 abonnés.

« Il a besoin de sentir quelqu’un grandir sous sa protection »

L’histoire aurait pu s’arrêter là, si un pyromane ne s’en était pas mêlé. Car le 11 septembre 2014, le Manchester Dog’s Home prend feu. Le refuge est décimé, les toits éventrés, les murs brûlés. Soixante chiens perdent la vie. Tout juste revenu outre-Manche après une pige d’un an au Milan AC, Balo apprend le drame et sort le chéquier de manière anonyme. Il effectue un don de 10 000£, soit 13 000 euros, tandis que d’autres stars locales comme Simon Cowell – 25 000 euros pour le juré de Britain’s Got Talent – apportent leur soutien à un lieu symbolique de la ville. Si, à l’époque, l’office refuse de confirmer l’information dévoilée par le Liverpool Evening Echo, Jane Smith dévoile aujourd’hui : « Oui, il a fait une donation anonyme, mais ici on a tout de suite su de qui cela venait ! Il ne vient plus maintenant qu’il est à Liverpool, mais cela ne m’étonnerait pas qu’il ait trouvé un refuge pour chiens là-bas, il a besoin d’eux autour de lui. »

Un autre employé de l’époque affirme, lui, « avoir eu quelques discussions » avec Mario. « Je me souviens que l’on débattait autour de Manchester United et Manchester City, mais c’était pour la blague, on se charriait plus qu’autre chose. Enfin bon, c’était mineur, de toute évidence, il avait besoin de cette présence pour se développer dans sa vie personnelle. Je pense qu’il avait besoin de sentir quelqu’un grandir auprès de lui, sous sa protection. À l’époque, c’étaient les chiens. » La pension, qui ne demandait que 7 000 euros au départ de l’opération, en a récolté à ce jour près de deux millions, permettant une reconstruction plus qu’honorable. Après avoir appelé plusieurs pensions pour chiens de la banlieue de Liverpool, il semblerait que Super Mario se soit fait une raison. Aucune trace de son passage au milieu des truffes Reds cette année. Peut-être parce que le bonhomme a décidé d’adopter deux Bull Terriers en janvier dernier, pour tenir compagnie à son cochon Super. Reste maintenant à leur faire rencontrer Lucky, resté à Milan. Mario ne voulait pas lui faire repasser six mois en quarantaine.

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Par Théo Denmat

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