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La bataille de Bramall Lane

Par Florian Cadu
La bataille de Bramall Lane

Il y a 14 ans jour pour jour, Sheffield et WBA s'affrontaient dans un match qui n'a jamais été au bout des 90 minutes. Réduits à huit puis à six en raison de blessures, les Blades se sont inclinés par forfait. Une bataille marquée par des buts, des coups, des tacles, du sang. Et par une vengeance.

Cela fait 14 ans. 14 ans que les supporters de Sheffield United connaissent une règle de base du football. Une règle dont ils n’avaient sans doute jamais entendu parler avant le 16 mars 2002 et un match de championnat dont le surnom est lourd de sens : la bataille de Bramall Lane. C’est à cause de cette règle qu’une rencontre à Bramall Lane, enceinte de Sheffield, n’a jamais connu sa fin. Opposés à West Bromwich Albion, les Blades n’ont pu aller au bout des 90 minutes. La raison ? Ils n’étaient plus que six sur le terrain. Ce 16 mars 2002, WBA, troisième de Championship à onze points du dauphin Wolverhampton, se déplace à Sheffield, 15e et plus vraiment menacé par la relégation à huit journées de la fin. La victoire est donc obligatoire pour les visiteurs afin d’éviter les barrages et accéder directement à la Premier League. Si la saison est d’ores et déjà à oublier pour les locaux, la défaite est interdite. « Warnock et Megson, les deux entraîneurs, ne pouvaient pas se blairer, pose Patrick Suffo, l’un des principaux protagonistes du match. Il fallait donc faire un résultat, c’était une question d’honneur pour eux. » Malheureusement pour eux, la partie démarre de façon catastrophique, puisque Tracey, leur portier, est expulsé avant le quart d’heure de jeu pour une faute de main en dehors de la surface. WBA ouvre le score dix minutes plus tard par Dobie, qui voit McInnes l’imiter à la 63e sur un corner à la rémoise. Mais c’est quelques instants plus tard que la rencontre part totalement en vrilles.

Suffo : « Je ne suis pas quelqu’un d’impulsif en temps normal… »

60 secondes après le second but, Warnock procède à ses deux derniers changements – il a utilisé son premier pour faire entrer son deuxième gardien -, afin de faire bouger les choses. Et ça marche, mais pas forcément dans le bon sens : une minute après leur entrée sur le terrain, les deux joueurs se font expulser. Le premier est le Français Santos, pour un horrible tampon sur Johnson, que le Mirror qualifiera de « pire tacle jamais réalisé » , et qui constitue le tournant de la partie. Une agression pas gratuite, comme l’explique Suffo : « La saison d’avant, les deux joueurs s’étaient déjà affrontés. Johnson lui avait mis un gros coup de coude dans la tronche. Et il ne s’était jamais excusé. » La pommette et l’orbite dégommés, Santos avait dû passer sur la table d’opération pour se faire poser des plaques d’aluminium au visage. « On savait qu’il gardait une rancœur, mais personne ne s’attendait à une telle vengeance. Même si on imaginait que le jour où ils se recroiseraient, ça ferait très mal. Bon, c’est vrai que le clash était un peu inévitable, surtout qu’ils évoluaient dans la même zone. Du coup, il devait avoir son idée en tête et à la première occasion, il s’est vengé. »

Le constat de Suffo est confirmé par Benoît Croissant, un autre Français resté sur le banc ce jour-là : « Santos est un très bon ami et il ne m’avait jamais parlé de cela avant ce moment. Mais je pense qu’on aurait dû le laisser sur le banc. D’ailleurs, cela a beaucoup fait jaser, car les gens reprochaient à Warnock d’avoir fait rentrer Santos. Certains médias ont même rapporté qu’il lui avait demandé de prendre sa vengeance vu que le match était déjà perdu. » Avec ce geste plus ou moins prémédité, Santos laisse donc Sheffield à neuf. Qui passe même à huit après un coup de tête de… Patrick Suffo, juste entré en jeu en compagnie du tueur. « Après le tacle, toute l’équipe de WBA se rue sur lui. Du coup, vu que c’est mon partenaire, j’interviens et je tente de séparer tout le monde, justifie le principal concerné. Là, il y a un mec qui me fout un doigt dans l’œil. Instinctivement, je me retourne et lui met un coup de tête. » En faisant pisser l’arcade de son adversaire, Suffo, qui n’ « est pas quelqu’un d’impulsif en temps normal » , écope du premier rouge de sa carrière.

Sauf que cette expulsion, combinée à celle de Santos (60 secondes après leur entrée, rappelons-le) va avoir une importance capitale. Car il s’agit d’un jour particulièrement pénible pour Sheffield. Alors que Dobie ajoute un troisième pion à un quart d’heure du terme, Brown sort en boitant côté rouge et blanc, avant qu’Ullathorne ne le suive aux vestiaires. Problème : tous les remplacements étant effectués, United n’est plus composé que de six joueurs. Ce que le règlement interdit. Ni une ni deux, l’arbitre siffle la fin du match dans une ambiance très chaude et sous les huées du public. « C’était vraiment tendu. Un de nos supporters est même entré sur le terrain pour voler le drapeau des supporters de WBA » , se rappelle Croissant.

10 000 dollars d’amende pour Suffo et Santos

Mais le club était-il au courant de cette règle ? Et le cas échéant, pourquoi ne pas avoir laissé le dernier joueur errer sur la pelouse afin d’aller au bout de la rencontre ? « Warnock était au courant, on pensait d’ailleurs qu’Ullathorne allait continuer à jouer blessé, répond-il. Malheureusement, il ne pouvait même plus marcher. Et de toute façon, le match était plié. » « L’équipe jouait à 10 depuis la 10e minute, les joueurs étaient cuits, ils avaient tout donné » , corrobore Suffo. Mis à part un Warnock en furie et qui n’arrête pas de crier dans les vestiaires, les joueurs ne se posent pas de questions et filent à la douche. Santos et Suffo, eux, ne rejoueront plus jamais sous les couleurs des Blades, condamnés à 10 000 dollars et défaits 3-0 par forfait. Mais Suffo contredit la version du licenciement exposée par certaines sources : « Je ne suis pas parti à cause de ce coup de tête, mais parce que je ne jouais pas assez, et la Coupe du monde avec le Cameroun arrivait. » En tout cas, il aura au moins appris la règle concernant le minimum de joueurs à aligner sur une pelouse, qu’il « ne connaissait pas » avant la bataille de Bramall Lane. Sûrement comme une grande partie des supporters.

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