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La bataille d’eau

Par Charles Alf Lafon
La bataille d’eau


Quand Allemands et Polonais se retrouveront encore une fois ce soir, beaucoup de souvenirs remonteront à la surface. Notamment ceux datant du 3 juillet 1974, en presque demi-finale de Coupe du monde.



De nombreuses raisons peuvent expliquer le sacre de la Nationalmannschaft à la Coupe du monde 1974. Il y avait évidemment l’instinct infaillible du Bomber Gerd Müller, l’élégance du Kaiser Franz Beckenbauer, les exploits du Katze Sepp Maier. Mais l’histoire aurait pu prendre une tout autre tournure si une simple flaque d’eau n’avait pas existé, ou plus généralement, si une pluie torrentielle ne s’était pas abattue sur Francfort le 3 juillet 1974. Ce jour-là, la NM affronte la Pologne. De l’avis de beaucoup, les Pays-Bas étaient la meilleure équipe du tournoi, et leur défaite en finale, imméritée. D’autres préfèrent choisir un troisième camp, celui des Polonais, comme Paul Breitner l’a avoué au site de la FIFA il y a quelques années : « Ils avaient une meilleure équipe à la Coupe du monde que l’Allemagne, les Pays-Bas, le Brésil, ou n’importe qui d’autre d’ailleurs. Les Polonais avaient la meilleure équipe en 1974. » De fait, la sélection polonaise est la grande surprise du tournoi. Bien qu’ils se soient débarrassés des Anglais en éliminatoires, personne ne s’attendait à les voir à ce niveau. Ils avaient même perdu contre Haïti deux mois avant le début de la compétition ! Pourtant, une fois les choses sérieuses commencées, leur jeu rapide et offensif, fait de redoublements et de permutations, basé sur des joueurs aussi talentueux que le milieu Kazimierz Deyna ou les attaquants Grzegorz Lato, Andrzej Szarmach et Robert Gadocha, impressionna tout le monde. L’Allemagne restait favorite, certes, mais il allait y avoir match. C’est pourtant une bataille qui a eu lieu.

It’s always rainy in Frankfurt


Les Allemands l’appellent « die Wasserschlacht » , la bataille d’eau, alors que les Polonais parlent de « mecz na wodzie » , le match d’eau. Certains pensent que c’est une demi-finale, mais c’est seulement le dernier match de la phase de poules. À l’époque, le premier du groupe accède à la finale, contre les Pays-Bas ou le Brésil. En vertu d’une meilleure différence de but, les Allemands peuvent se contenter d’un nul. Ils auront le droit à un miracle. Dans la matinée, le soleil brille toujours sur Francfort, mais un déluge de 40 minutes transforme la pelouse en paysage marin. Uwe Seeler annonce à un journaliste la bonne nouvelle : « C’est notre temps. Les terrains détrempés aident notre jeu. » Les pompiers et les bénévoles tentent bien de désengorger le terrain à la pompe et au rouleau, rien n’y fait. Le coup d’envoi est retardé, les joueurs s’échauffent dans les vestiaires. « On a tapé le ballon contre le mur dans le couloir, on s’est fait des passes, puis on est allé dans la douche avant qu’ils viennent enfin nous chercher » , s’est rappelé des années plus tard Bernd Hölzenbein. La nervosité est palpable, on parle quand même d’une possible finale de Coupe du monde, à domicile qui plus est pour les Allemands. En raison du calendrier serré, l’arbitre autrichien Erich Linemayr ne tient pas plus que cela à annuler pour la première fois de l’histoire du football un match de la Coupe du monde, et renvoyer les 62 000 spectateurs chez eux. Alors à 16h31, alors que le soleil fait une timide apparition, il siffle le début des hostilités avec 31 minutes de retard.

Dans un premier temps, les deux équipes doivent s’habituer aux conditions difficiles. Le ballon reste coincé dans la boue, les accélérations sont pénibles, il faut un exploit pour ne pas glisser. Pourtant, Uwe Seeler se trompe. Les Polonais s’adaptent bien mieux aux conditions, refusant de balancer comme leurs adversaires pour construire, utilisant les quelques parties du terrain praticables. Si, à la mi-temps, le score est encore de 0-0, c’est surtout grâce à Sepp Maier. Et une flaque d’eau juste devant lui, responsable de bien des arrêts, notamment sur une frappe de Lato alors que le but était vide. Dans son autobiographie, l’entraîneur allemand Helmut Schon traduit ce sentiment : « Je ne veux pas imaginer ce qu’il serait arrivé si on avait été mené. » Il n’aura jamais à le savoir. Après la pause, la dynamique change de champ, notamment sous l’impulsion d’un Overath qui a tout compris. Si Uli Hoeneß rate un penalty, ce n’est que partie remise. À la 75e minute, Gerd Müller profite d’un ballon mal dégagé qui traîne pour exécuter la sentence et envoyer les siens en finale.

La conspiration


La légende raconte alors que les pompiers ne se seraient délibérément occupés que d’une moitié de terrain pour nuire aux Polonais. Stupide pour Lato, qui deviendra meilleur buteur du tournoi avec sept réalisations après son but en petite finale contre le Brésil : « C’est une aberration totale. D’abord, il y a eu un changement à la pause, et d’autre part, nous avons eu le choix du côté. » Reste alors la parole des vainqueurs. Franz Beckenbauer : « Dans des conditions normales, nous n’aurions probablement eu aucune chance. » Paul Breitner : « Je suis sûr que nous n’aurions jamais battu les Polonais sans ces conditions. » Espérons pour les Polonais qu’ils ne pleuvent pas trop ce soir.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Charles Alf Lafon

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