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  • 1987-2017
  • 30 ans du Scudetto du Napoli

L’or de Naples

Par Antonio Moschella
L’or de Naples

Il y a trente ans, le Napoli gagnait son premier Scudetto de l’histoire, un exploit sans précédent jusque-là. Chronique détaillée du point d'orgue de la révolution entamée par Diego Armando Maradona trois ans auparavant.

10 mai 1987. 16 heures. La ville de Naples est en silence. Ses rues sont vides. Et même le Vésuve pose son regard vers l’autre côté du Golfe, où le stade San Paolo est rempli depuis quatre heures. La structure tremble, vibre comme jamais. Ce jour-là, elle a pris le rôle du volcan. Fuorigrotta, le quartier du stade, est le nombril du football italien, dans une journée attendue depuis 61 ans par un peuple, par une culture, par tout le Sud de l’Italie. Deux heures plus tard, le coup de sifflet final de Pierluigi Pairetto est le détonateur de l’explosion d’une fête attendue depuis longtemps : grâce au match nul 1-1 obtenu contre la Fiorentina, le Napoli est sacré champion d’Italie pour la première fois dans son histoire. Une revanche pas seulement footballistique, mais aussi culturelle et humaine. La victoire du Sud des « pauvres » contre le Nord des « riches » . Une victoire qui va déclencher un spectacle unique dans les rues de la ville, qui avaient retenu leur souffle depuis plusieurs jours.

Un brassard de capitaine comme promesse

Les joueurs aussi, d’ailleurs, étaient sous pression depuis le début de la semaine. « La nuit avant le match contre la Fiorentina, on était concentrés dans le centre sportif de Soccavo, pour bien préparer le match, rembobine Andrea Carnevale, attaquant de ce Napoli et pointe d’un triangle magique composé de Maradona et Giordano, aussi connu comme « La Magica« . Il y avait beaucoup de tension, on n’arrivait pas vraiment à dormir. Je me rappelle que l’on n’avait pas fermé les portes des chambres car on allait discuter entre nous pour atténuer la tension. »

La marche triomphale du Napoli a véritablement commencé en août 1986, quand, après la victoire de la Coupe du monde au Mexique, Diego Maradona a été nommé capitaine du Napoli par l’ancien défenseur Beppe Bruscolotti, qui avait décidé « de donner le brassard de capitaine à Diego pour le stimuler à répéter ce qu’il avait fait avec l’Argentine. En échange, je lui avais demandé de nous faire gagner le Scudetto. » Pari réussi : le 10 mai 1987, soit onze mois après l’exploit du stade Azteca, Diego Maradona et ses disciples s’apprêtent à écrire l’histoire d’un club toujours débordant de passion, mais jusque-là incapable de remporter un titre de champion. Ce jour-là, le ciel était complètement bleu, de la même intensité que l’Azzurro du Napoli. Tout était prêt depuis l’aube.

Le rugissement d’une ville entière

Entre le centre sportif de Soccavo, l’endroit où le club s’entraîne à l’époque, et le stade, il y a à peine 4 kilomètres de distance, pour un trajet d’environ dix minutes. Mais ce 10 mai, les choses sont un peu différentes. « Le bus qui nous amenait au stade a pris une heure pour y arriver, affirme Carnevale. Il y avait un énorme bouchon sur le chemin au stade, les gens nous attendaient dans la rue pour nous saluer et l’ambiance était unique. La ville entière était totalement bloquée. »

Le match commence pendant que le stade accompagne les événements comme un concert de rock sans pause. À la 39e minute, premier tremblement de terre. Carnevale ouvre le score après une magique talonnade de Giordano. Le cri du San Paolo produit une secousse incroyable dans toute la ville et la fête peut commencer. Le but d’un jeune Roberto Baggio dix minutes plus tard ne changera rien. À 17h47, le Napoli est champion d’Italie avec une journée d’avance. « C’était quelque chose d’incroyable, avec 80 000 supporters au stade et un million de personnes dans les rues. Gagner un Scudetto à Naples est une émotion unique. C’était la victoire d’une ville qui avait attendu longtemps et avait mérité ce trophée. Les supporters avaient beaucoup souffert avec nous pendant tout la saison » , assure Carnevale. Et cette fête ne fait que commencer.

De la Baie au Paradis

La suite est une célébration dingue, partout, des ruelles de la vieille ville jusqu’à la promenade à côté de la mer, où le bleu du ciel et de la mer se mélangent dans l’horizon et se fondent avec celui des drapeaux et des bannières. Les tifosi qui avaient décidé d’aller au stade à pied se mélangent avec les voitures et les scooters, qui produisent une interminable mélodie de klaxons. Les quartiers les plus populaires comme Forcella et Quartieri Spagnoli sont décorés par plusieurs banderoles qui célèbrent l’événement. La plus éloquent ? « Désolés pour le retard » . La grande célébration se propage jusque dans les endroits les plus improbables. Parmi eux, un cimetière, sur les murs duquel on peut lire un message, adressé aux morts : « Vous ne savez pas ce que vous ratez » . Le lendemain, une autre inscription apparaîtra juste en dessous : « Êtes-vous sûrs qu’on l’a raté ? »

Deux heures après la fin du match et une douche de champagne qui arrose joueurs, entraîneur et président, le bus de l’équipe qui sort du stade est escorté par la police et les supporters, qui ne veulent plus laisser leurs champions seuls. La fête se déroule dans tous les quartiers pendant que les joueurs se rendent au port : « Le président Ferlaino avait loué un grand bateau pour pouvoir fêter loin des endroits glamour du centre-ville, et aussi pour éviter la foule et l’invasion d’amour des gens. Mais la vraie fête était devant nos yeux, dans les rues de Naples, je la voyais du bateau » , se rappelle Carnevale, qui se souvient aussi que « la police avait dû nous escorter à la sortie du port à 6h du matin, car les gens étaient encore là pour nous attendre » . L’habituel spleen du retour au travail le lundi matin est ainsi totalement éclipsé par ce premier Scudetto de l’histoire. Éclipsé par la joie et le triomphe d’un peuple toujours sans guide, qui a enfin trouvé dans la figure de Diego Armando Maradona le seul leader rebelle capable de lui apporter la gloire, après plusieurs décennies d’oppression. Finalement.

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JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Par Antonio Moschella

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