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L’ode à la joie des hymnes nationaux

Par Eric Carpentier
L’ode à la joie des hymnes nationaux

Les matchs à élimination directe, c'est de la tension et la main sur le cœur au moment des hymnes. Avant le coup d'envoi des quarts de finale, on fait le match des huit hymnes encore en lice.

Pologne – Portugal

Mazurek Dąbrowskiego vs A Portuguesa

« Les hymnes polonais et portugais sont plutôt à ranger dans la catégorie des marches, par opposition aux hymnes solennels, de célébration, que l’on retrouve davantage au nord. Les marches vont sur un rythme en croche pointée double,« pam papam ». Il y a un effet d’entraînement, ça saute bien, ça fonctionne. » Nicolas Chalvin, directeur musical de l’Orchestre des Pays de Savoie, annonce un match sans temps mort entre les deux hymnes. Dès les premiers instants, mauvais alignement de la défense portugaise : « Le Portugal me paraît moins intéressant harmoniquement. » La sanction est immédiate, 1-0. Et 2-0 quand vient le refrain de La Portugaise, un peu trop pompé sur la Ligue 1 : « Aux armes, aux armes ! / Sur la terre, sur la mer / Aux armes, aux armes / Pour la Patrie, lutter ! / Contre les canons marcher, marcher ! » Mais au second couplet, les Polonais commettent la même erreur dans leur Mazurka de Dombrowski : « Bonaparte nous a donné l’exemple, / Comment nous devons vaincre. » 2-1 à Ange-Casanova, la fin du match se joue à l’expérience. La Pologne s’avance avec un compositeur inconnu et un hymne officiellement reconnu en 1927, bien qu’écrit en 1797. De son côté, le Portugal dégaine Alfredo Cristiano Keil – compositeur, peintre, collectionneur – en 1910 et une adoption dès l’année suivante. But d’ACK11 dans les arrêts de jeu, 2-2. Match nul ? Non, parce que la Selecção compte un autre multicarte dans ses rangs : CR7, joueur et chef d’orchestre. « Trop vite, trop vite » , et 2-3 avant la note finale. Victoire des Heróis do mar.

Pays de Galles – Belgique

Hen Wlad fy Nhadau vs La Brabançonne

La première opposition de style. Alors que La Brabançonne fait partie des marches, Le vieux pays de mes ancêtres « est plus solennel, plus calme, cérémonieux » , présente Nicolas Chalvin. Ne pas s’attendre pour autant à un match plat entre les deux pays : « Les hymnes se jouent généralement en tonalité majeure. C’est-à-dire, schématiquement, une tonalité assez gaie. » Dès les premières minutes, les vagues galloises emportent le directeur musical : « C’est un hymne très choral, très émouvant, c’est un chant à frissons. » Du beau jeu en tribunes qui fait 1-0. Le romantisme bat son plein lors du premier couplet : « La terre de mes ancêtres m’est chère / Terre de poètes et de chanteurs, d’hommes illustres et d’honneur / De braves guerriers, si nobles et si vaillants / Qui versèrent leur sang pour la liberté. » Et c’est William Hague, secrétaire d’État pour le pays de Galles, qui conclut quand il épouse Ffion Jenkins en 1997, à l’origine chargée de lui apprendre les paroles du Land of my Fathers. 2-0 pour le pays dont l’hymne est surtout utilisé pour les compétitions sportives. La Brabançonne est désarçonnée, perdue entre des paroles plusieurs fois modifiées depuis la première version du Français Jenneval, en 1830, et des adaptations en néerlandais et en allemand. Dans un dernier baroud d’honneur, elle revient dans le match avec ces paroles : « Tu vivras toujours grande et belle / Et ton invincible unité / Aura pour devise immortelle / Le Roi, la Loi, la Liberté ! » Las, l’unité chantée ne se traduit pas en actes, et le score reste à 2-1. Les Dragons volent trop haut.

Allemagne – Italie

Das Deutschlandlied vs Fratelli d’Italia

Le match des poids lourds, sur les terrains comme dans les partitions. Où l’on retrouve une opposition entre chant solennel, Le Chant de l’Allemagne, et marche militaire, Frères d’Italie. Où l’on trouve, surtout, des compositeurs un brin célèbres. Côté italien, c’est Giuseppe Verdi qui attribue au morceau composé par Michele Novaro le statut de symbole de la patrie dès 1862. Côté allemand, c’est tout simplement Joseph Haydn à la composition, ce qui est donc « de grande classe » pour Nicolas Chalvin. L’Allemagne est proche de prendre l’avantage, mais ça passe de peu à côté : l’Autrichien s’est inspiré en 1797 d’une mélodie croate, « ce qui n’est pas étonnant, Haydn aimait bien reprendre des chansons populaires » . Et c’est finalement l’Allemagne qui déjoue. Dans les années 30, le NSDAP réinterprète le premier couplet et son « Deutschland, Deutschland über alles » , pour « L’Allemagne, l’Allemagne par-dessus tout » , comme un slogan de domination accolé à l’hymne de la SA. Résultat, le premier couplet est utilisé pour la dernière fois lors de la finale de la Coupe du monde 1954, avant de laisser place à un 3e couplet plus pacifique : « Unité et droit et liberté / sont les fondations du bonheur. » Un jeu périlleux qui conduit à des bourdes, comme à l’Euro 2008 lorsque la télé suisse sous-titre avec les paroles des premiers couplets polémiques. But contre son camp, 0-1. Et peu importe que le Fratelli d’Italia n’ait toujours pas officiellement le statut d’hymne national : les Italiens l’emportent en roublards et tout le monde applaudit. « Où est la Victoire ? / Qu’elle lui tende sa chevelure / Car esclave de Rome / Dieu la créa. »

France – Islande

La Marseillaise vs Lofsöngur

Une opposition a priori déséquilibrée. D’un côté La Marseillaise, incontournable et « très bien composée » selon le boss de l’Orchestre des Pays de Savoie. « En général, les schémas harmoniques des hymnes sont assez simples. Il y a plus de modulation dans La Marseillaise, « Entendez-vous, dans vos campagnes… » est en mineur par exemple. » De l’autre, Lofsöngur, la « Chanson de la louange » , un chant populaire islandais datant de 1874 et adopté comme hymne national lors de l’indépendance de l’île, en 1944. Un hymne solennel et peu connu, mais aussi « de belle facture, bien écrit » pour Nicolas Chalvin. L’offensive Marseillaise a du mal à prendre à revers « les cohortes des temps » tressant « une couronne de soleils du firmament sans fin » au dieu islandais auquel sont chantées ces louanges. Les attaques sont brouillonnes, tel un stade systématiquement en avance sur l’orchestre. Peut-être Giscard n’aurait-il pas dû faire diminuer le tempo de La Marseillaise afin de retrouver la vitesse originelle. Et pourtant, il est encore « de 120 à la noire. À titre de comparaison, une trotteuse de montre sera à 60 à la noire » , nous apprend le sélectionneur Chalvin. Mais cela reste insuffisant. Trop brouillon, trop vu et entendu, l’hymne français est pris par la fraîcheur insulaire. Il se met définitivement hors jeu lorsque la bande à Dédé, tout juste championne du monde, éclate de rire sur l’interprétation locale un soir de septembre 1998. Victoire sur tapis vert de l’Islande.

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