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L’ISL aide-t-elle vraiment le foot indien ?

Par Guillaume Vénétitay, en Inde
L’ISL aide-t-elle vraiment le foot indien ?

Derrière le bling-bling des stars et le succès populaire, les débats sont nombreux sur la capacité de l'Indian Super League à développer le foot en Inde. Petit tour des questions.

Pelé de retour à Calcutta. C’était il y a quinze jours. Le Roi était présent dans les tribunes du Salt Lake Stadium pour un match de l’Indian Super League (ISL). Près de 38 ans après sa première visite lors d‘une exhibition entre le NY Cosmos et Mohun Bagan, club légendaire en Inde pour avoir battu les Britanniques pieds nus en 1911. Nita Ambani, patronne de la compétition, jubilait : « L’ISL grandit. Regardez, c’est encore mieux cette année. C’est un rêve de rencontrer Pelé. » La séquence s’inscrit parfaitement dans le storytelling mis en place pour asseoir un peu plus la légitimité de la ligue. Passée l’euphorie de la première année, l’ISL (tournoi privé de deux mois entre 8 franchises détenues par les stars du cricket et du cinéma) et ses promoteurs (IMG-Reliance, dit IMG-R) doivent ainsi prouver qu’ils sont la voie du succès pour un football indien à la ramasse depuis des décennies. Ce qui ne va pas de soi pour tout le monde. Feux d’artifice à chaque but, marketing agressif : les puristes pensent que l’ISL n’a que pour but de faire le show. « Ce côté glamour était peut-être nécessaire pour attirer les masses. Je pense que très bientôt les gens viendront en priorité pour le jeu » , analyse Amlan Das, journaliste pour Sportskeeda. Ce modèle très indien de championnat resserré couplé à une promotion bling-bling reproduit ce qui a déjà marché avec le cricket et le kabaddi, un sport local.

Un foot indien éclaté

« Il faut le reconnaître. Ils amènent du monde au stade. Mais l’ISL, ce sont des businessmen. Donc ils sont là pour le football ou pour l’argent ? » s’interroge Sanjoy Sen, coach de Mohun Bagan, dernier vainqueur de l’I-League, le championnat domestique. Ce dernier survit, éclipsé par le succès populaire de l’ISL, à l’affluence presque quatre fois plus élevée, et miné par des soucis financiers (six clubs ont fait faillite depuis 2007, dont 2 cette année, ndlr). Le football indien se retrouve ainsi éclaté dans un calendrier qui frôle le n’importe quoi : des ligues régionales en début de saison, l’ISL, et ensuite l’I-League (janvier-juin), reconnue par la Fédération asiatique et qui permet d’accéder à la Ligue des champions. Un chevauchement baladant les joueurs, qui disposent de conditions idéales (staff élargi, pré-saison à l’étranger…) en ISL pendant deux mois, mais se retrouvent à jouer à 15 heures en plein été et à s’entraîner sur des terrains moisis le reste de la saison. Ce calendrier et ce fonctionnement sont intenables. Et là-dessus, tout le monde s’accorde : il faut clarifier, tant pour le public que pour la progression des joueurs. « À long terme, il sera essentiel d’avoir une seule ligue » , confirme Simon Festinesi, directeur sportif de la franchise de NorthEast United.

« Ils pensaient que l’ISL serait une blague »

Passer de deux à huit mois. OK, mais comment et avec qui ? « Je ne suis pas sûr que Del Piero ou Trezeguet, qui ont participé à la première édition, accepteraient de venir en Inde pendant une saison » , estime Novy Kapadia, journaliste TV. Il faudra peut-être se contenter d’Apoula Edel. Ou amener simplement moins d’étrangers. L’ISL adopte la règle du 6+5 à l’envers (6 étrangers au maximum sur la pelouse, les cyniques rebaptisant la compétition la Foreign Super League) quand la Fédération asiatique n’autorise que 4 étrangers (dont un obligatoirement du continent) pour la Ligue des champions. « On parle beaucoup de fusion. Mais personne ne réfléchit vraiment à ces détails » , poursuit Kapadia. Une première réunion s’est déjà tenue début septembre entre la Fédération indienne (AIFF), IMG-R, et les dirigeants de Mohun Bagan et d’East Bengal. Objectif : réfléchir comment intégrer les deux clubs ultrapopulaires de Calcutta au sein d’une seule ligue. Mais pourquoi IMG-R ne s’est-il pas appuyé sur eux dès la création de l’ISL ? « Je pense que Reliance a essayé de les attirer. Mais Mohun Bagan et East Bengal ont estimé que l’ISL allait être une blague. Or, ça a été un succès » , avance Dhiman Sarkar, journaliste au Hindustan Times. Aucun club d’I-League n’était également en mesure de respecter le cahier des charges imposé. Pas forcément le souci d’IMG-R, qui avait de toute façon l’obligation de créer une nouvelle compétition. C’était dans les termes d’un deal à 100 millions d’euros avec l’AIFF, signé en 2010 et valide pour 15 ans.

Reliance tient la fédé

L’accord comprend deux autres axes : améliorer l’équipe nationale, et booster la formation. En somme, construire. « On a les mêmes infrastructures et standards que dans les années 50 (une époque où l’Inde perdait seulement 2-1 contre la France et terminait même 4e des JO 1956, ndlr) » , constate Munal Chattopadhyay, journaliste à Aajkaal. L’ISL a donc placé des objectifs ambitieux : chaque franchise doit se doter d’un centre de formation d’ici 2017. « L’an passé, on était plus sur du grassroots. L’objectif était de toucher un maximum d’enfants et de faire des détections. Cette année, l’ISL a ouvert son premier centre national de formation à Mumbai » , indique Simon Festinesi, qui plaide aussi pour « des changements dans l’organisation de la Fédération » , minée par sa bureaucratie. Mais le foot indien a-t-il les moyens d’engager sa mue ? IMG-R ne fera pas tout. Sans grand soutien des autorités, il faut des investisseurs durables. Problème : comment les garder quand les clubs ne touchent aucun centime sur les droits télé, le diffuseur étant… le 3e promoteur, Star Sports. L’accord changera peut-être d’ici quelques années. En attendant les franchises ont cumulé 4,1 millions d’euros de perte lors de la 1re édition. En filigrane, les débats sur l’ISL racontent l’histoire d’une fédération sportive qui a donné les clés depuis plusieurs années à deux opérateurs privés, IMG et surtout Reliance, la plus puissante entreprise indienne cornaquée par le couple Ambani, dont la vision du foot reste un mystère. « Mais le foot indien n’a rien à perdre, vu où on en est. Il y a beaucoup d’étapes. L’ISL est la première » , pense Dhiman Sarkar. Participer à la Coupe du monde et marcher sur les traces de Pelé restent, pour l’heure, une chimère.

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