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L’inconnu de l’année : Giampietro Manenti

Par Valentin Pauluzzi
L’inconnu de l’année : Giampietro Manenti

Pendant un mois, toute l'Italie du foot ne parlait que de ce mystérieux personnage sorti de nulle part et devenu l'énième propriétaire d'une équipe de Parme agonisante. Sous ces airs de clown triste, se cachait en fait un escroc au casier bien rempli.

18 mars dernier. Tranquillement calé dans sa maison de Cividate al Piano, à quelques pas de Brescia, Giampietro Manenti entend qu’on frappe à sa porte. Encore en pyjama, mal rasé, pas lavé et à l’haleine caféinée, il enfile ses charentaises et se lève de son fauteuil pour aller ouvrir. Sur le seuil, la Guardia di Finanza est prête à lui communiquer ses droits et le menotter. L’accusation ? Tentative de réutilisation d’argent illicite. Direction la prison Opera de Milan où l’attend une cellule bien douillette. Cette reconstitution, un poil fantaisiste certes, est le digne épilogue d’une histoire vraiment ubuesque.

L’habit fait le moine

Un mois plus tôt, ce curieux personnage était devenu l’énième propriétaire du club de Parme. Pour un euro symbolique, il l’avait racheté à l’Albanais Rezart Taçi, lui-même successeur de Tommaso Ghirardi depuis octobre. Alors team manager du club, l’ex-attaquant gialloblù Sandro Melli se remémore la première rencontre : « C’était une personne très timide, sans charisme, peu sûre d’elle. On ne peut pas dire qu’il avait un bel aspect. » Et les différents clichés le confirment, Manenti se balade souvent tête baissé, avec un blazer couleur kaki/beige, des chemises de chasseur, une barbe de quatre jours et des cheveux poisseux. « Dès le début, nous avions eu des milliers de doutes le concernant, mais nous étions entrés dans un tunnel si sombre que l’on espérait tout de même quelque chose venant de lui. » Le néo-propriétaire s’adresse alors aux joueurs et staff technique dans son discours de présentation : « Il nous a promis de payer cinq mois de salaire en retard et a assuré que les mensualités futures seraient bel et bien versées. Cela nous a paru disproportionné. »

À partir de ce jour, Manenti assure quotidiennement que les virements vont arriver. Débute alors une course contre-la-montre pour repérer des fonds, mais les semaines passent et les employés ne voient toujours pas le moindre centime. « Il venait tous les jours à Colecchio, au centre d’entraînement. Il mangeait à la cantine, mais personne ne le calculait ni le saluait. Il était totalement ignoré, c’était vraiment quelqu’un d’insignifiant, la dernière roue du carrosse. Personne non plus ne s’est mis à l’insulter ou le menacer pour les promesses non respectées, il avait une attitude tellement triste et déprimante que cela vous faisait passer l’envie d’être méchant avec lui. » Puis, le 18 mars, c’est l’arrestation : « Je l’ai appris par téléphone via les journalistes de Sky. On se doutait qu’il y avait quelque chose de pas très net là-dessous, mais de là à ce qu’il finisse sous les verrous, ça non. »

Une météorite dans un ciel jaune et bleu

L’opération « GFB-Oculus » envoie 22 personnes en prison et 60 perquisitions sont effectuées à travers le pays. Les accusations vont d’association de malfaiteurs à fraude informatique, utilisation de cartes de crédit clonées ou encore blanchissement. C’est un peu par hasard que Manenti se retrouve au milieu de cette enquête, à la suite d’un coup de fil où il demande des fonds illicites (4,5 millions d’euros) à cette organisation mafieuse dans le viseur de la police et qui avait là l’occasion de blanchir son argent sale. De fait, le désormais ex-président de Parme n’est que la pointe de l’iceberg d’un système frauduleux. Néanmoins, son casier judiciaire publié le jour de son arrestation parle de possession d’armes illicite, agression avec lésion, banqueroute, violation des obligations d’assistance familiale et tentative d’extorsion. Officiellement, Manenti possédait la société de services Mapi Grup dotée d’un capital de 7500 € et dont le siège était dans une maison vide en Slovénie. Selon des connaissances proches, cet homme de 45 ans subsistait grâce à la retraite de sa mère.

Dès le 19 mars, il est auditionné par le juge des enquêtes préliminaires du parquet de Milan, on s’attend alors à en savoir plus sur une affaire loin d’être claire, mais non : « C’est assez symptomatique de la situation, ce type venait de nulle part et a disparu dans le néant. Une véritable météorite. On ne sait pas s’il est encore en cabane, s’il est sorti, s’il est aux arrêts domiciliaires. Personne ne s’intéresse à son cas » , révèle Melli. Deux dates tout de même permettent de suivre le cours de son existence. 22 avril, le tribunal de Parme déclare la faillite de l’Eventi sportivi SPA qu’il avait créée pour détenir 90% du capital social du club. Et le 30 septembre, lorsque la justice sportive italienne le bannit à vie de tout rôle au sein de la FIGC. Sanction évidemment prononcée pour la forme et qui ne dédouane pas les institutions sportives des grosses responsabilités au sein de cet imbroglio. À noter que Manenti avait déjà tenté de devenir propriétaire de la Pro Vercelli et Brescia dans un passé récent. Un escroc insipide, mais téméraire. Un style nouveau, mais qui ne devrait pas faire d’émules.

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