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L’iceberg de Kaysersberg

Par Maxime Brigand et Steven Oliveira
L’iceberg de Kaysersberg

Au départ, l’objectif était simplement de pouvoir garder les maillots. Il y a un an, Kaysersberg, nid de moins de 3000 habitants coincé dans le Haut-Rhin, galérait à la dernière place de son championnat et ne pensait déjà plus à la Coupe de France. Puis le coach a changé, l’esprit a été retrouvé et voilà le dernier pensionnaire de PH face à un huitième tour. Voyage entre la bolo, Roger Hassenforder et le Poisson rouge.

Jonathan Hanquez peine à recoller les morceaux d’un jour où il est passé « par tous les états » . Au fil de l’histoire de la Coupe de France, ces scènes sont devenues un rendez-vous. Une bande de potes qui fait face à un objectif. Des langues tirées, des visages qui n’ont aucun sens et quelques supporters qui en profitent pour jouer des coudes, histoire d’avoir son visage sur la photo souvenir. Autour des silhouettes, huit cents témoins tentent de comprendre ce qu’il vient de se passer. Kaysersberg, ses quelque 2700 habitants et son président Daniel Haxaire n’avaient jamais connu ça. La nouveauté est ainsi : on vit l’instant et on le digère plus tard. Quand tout s’arrête finalement. Vincent Aimetti, la tête pensante qui a relevé un club dernier de son championnat à la même période l’année dernière, le voit comme ça et l’explique ainsi : « Oui, on est conscients de ce qui nous arrive aujourd’hui, mais on réalisera surtout quand on sera éliminés. » Pour l’instant, Aimetti ne veut pas y penser. Kaysersberg veut vivre son rêve. Lequel ? Celui d’un club de PH, le dernier encore en lice cette saison en Coupe de France, qui s’apprête à vivre le premier huitième tour de son histoire contre Feignies (CFA2) samedi. Oui, le 13 novembre dernier, le petit village du Haut-Rhin a retourné Dahlenheim (3-2) lors d’un après-midi frissonnant. Jonathan Hanquez reprend : « Avant la rencontre, on était stressés, puis on a mené 3-0 en début de seconde période. Là, on a eu un excès de confiance. 3-1. Et on en prend un deuxième et à 3-2, on se dit : « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? » » L’expérience, rien de plus, et le bordel a pu continuer jusqu’à tôt le lundi matin. Histoire de profiter en poussant jusqu’à la boîte du coin, à Wintzenheim, au Poisson rouge. L’objectif de départ était simplement de pouvoir garder le maillot de la Coupe de France. Chacun en a aujourd’hui quatre.

L’ombre du basket

Il faut remonter le temps pour comprendre et filer au nord du Haut-Rhin, à une dizaine de kilomètres de Colmar. Jusqu’ici, Kaysersberg était surtout réputé pour avoir vu naître le docteur Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix en 1952, et son équipe de basket. Un club quatrième de N2 et qui vient de remporter la Coupe de France amateur. Daniel Haxaire, le boss du foot du village, raconte : « On vit un peu dans l’ombre de notre équipe de basket. Nous, c’est plus compliqué, car on est un petit club. Eux, c’est déjà le haut niveau. Ils ont déjà gagné la Coupe de France, nous, on ne pourra jamais aller aussi loin. » Pas aussi loin, mais déjà sur une belle route pour un club qui n’avait jamais dépassé le cinquième tour. « Lors du deuxième tour, le coach m’a dit : « Le maillot, ça ne sera pas pour cette année. » Moi, je n’avais jamais passé le troisième tour jusqu’ici » , repose Hanquez. Le tableau de chasse : Andolsheim, le Racing H.W. 96, Feldkirch, Mertzen, Hoerdt, Sierentz et, donc, Dahlenheim. L’histoire de Kaysersberg a débuté au premier tour, fin août. Elle se poursuivra donc samedi, mais à Colmar : « Quand on met les pieds dans la cour des grands, on s’aperçoit que les contraintes sont nombreuses. Par exemple, on a dû être délocalisés, car notre stade n’a pas les caractéristiques demandées par la FFF. On va jouer chez nos voisins. La ville nous prête le stade gracieusement. »

Tonio, France 2 et le sauvetage

Il y a un an, le coach Vincent Aimetti n’était pas encore en poste. Ancien entraîneur des féminines, des jeunes, ex-joueur à Colmar en CFA2 avant une rupture des ligaments croisés, l’homme qui a repris le club en mars dernier n’a depuis connu qu’une défaite. « Avant qu’il arrive, on était derniers de PH. Depuis, on a fait dix matchs, huit victoires, deux nuls et on s’est sauvés. Allez comprendre ce qu’il s’est passé ! » , raconte le président Haxaire. Cette saison, Kaysersberg n’a perdu qu’une rencontre et a les pieds sur le podium de son championnat. La recette ? Une certaine idée de la fidélité que raconte le gardien remplaçant Maxime Marchand, électricien dans la vie : « J’ai toujours joué ici, je n’ai jamais changé. Je me suis attaché à mon club de cœur vu que je suis du village. En plus, ça se passe bien, alors je ne vois pas pourquoi je changerais. » Résultat : depuis une semaine, l’équipe première se prépare sur les terrains gelés de la ville et entre les caméras de France 2, avec Jérôme Alonzo qui est venu apporter son expérience. Vincent Aimetti : « Là, on reste sur trois ou quatre matchs compliqués, moyens et mal aboutis. Je ne peux pas dire que je suis optimiste, mais j’y crois. Tout est possible, et le stade sera plein pour nous, donc on ne va rien changer. Un rendez-vous samedi vers neuf-dix heures, un réveil musculaire, les spaghettis bolo de Tonio… »

« Je ne donne pas mon maillot, ils ne savent même pas qui je suis »

Alors, forcément, on se met à rêver. À l’entraînement, malgré les quatre divisions qui sépareront Kaysersberg de Feignies samedi, on imagine des scénarios, et surtout le plus rêvé de tous : jouer Strasbourg que tout le monde supporte au club. « Ça fait déjà deux-trois tours que les joueurs veulent tomber contre le Racing, cadre le président. Ce serait notre derby à nous. Et ils imaginent même aller jouer dans la gueule du loup, à la Meinau, car c’est un rêve qu’ils ont tous. Personnellement, ça ne me déplairait pas de rencontrer une équipe comme Lyon ou quelque chose comme ça, mais bon, il y a déjà un iceberg devant nous samedi, alors il ne faut pas trop voir plus loin. » Jonathan Hanquez, le maçon-attaquant, lui, pense aussi à l’hypothèse PSG depuis le déclic du cinquième tour où Kaysersberg était aller gagner aux tirs au but contre Hoerdt. Reste une chose sur laquelle Hanquez ne veut pas bouger : « Donner mon maillot à un mec du PSG ? Non. Je ne donne pas mon maillot, ils ne savent même pas qui je suis. » Il reste encore une marche à franchir.

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Par Maxime Brigand et Steven Oliveira

Tous propos recueillis par MB et SO.

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