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L’étrange départ d’Alex du Fenerbahçe

Par Alexandre Pauwels
L’étrange départ d’Alex du Fenerbahçe

Via un message sur son compte Twitter, Alex, idole de Fenerbahçe, a annoncé la fin de son aventure avec le club turc. Après huit ans d’amour mutuel, c’est une drôle de fin. Pour autant, en Turquie, personne n’est dupe : l’éviction du joueur résulte d’un travail de longue haleine, mené par un coach jaloux. Explications.

« J’ai résilié mon contrat. C’est la signature la plus triste de ma vie. Fenerbahçe a perdu un joueur, mais il a gagné un supporter. Merci pour tout. » Une déclaration courte, en portugais, sur Twitter. La marque d’Alexsandro de Souza, plus connu sous le nom d’Alex, qui annonçait le 1er octobre dernier, son départ du club stambouliote. Soit dit en passant, le nombre de retweets est un record en Turquie. Il a même atteint la 6e place mondiale, après avoir été copié 53 000 fois. Surtout, subsiste l’interrogation. Parce qu’Alex était une idole au Fener, déchaînait les passions et amassait tous les records possibles depuis huit ans. Son attitude, toujours exemplaire sur et en dehors du terrain, avait également joué dans l’élaboration de son image de dieu vivant. A tel point que le 15 septembre dernier, ses supporters lui érigeaient une statue. Comme si ce geste, souvent adressé à des joueurs « partis », était prémonitoire. En fait, il était presque calculé. Cela faisait un moment que la situation d’Alex était compliquée, à Fernerbahçe. Des rapports tendus avec ses dirigeants, et surtout son coach Aykut Kocaman, sont en effet à l’origine de sa décision.

Le meilleur passeur de l’histoire du club

Avant qu’il ne débarque à Istanbul à l’été 2004, Alex n’est pas n’importe qui, chez lui au Brésil. Exceptionnel avec Palmeiras (1997-2002), il l’est tout autant à Cruzeiro (2002-2004), leader d’une équipe qui rafle trois titres en une saison. C’est avec ce statut de star qu’il débarque sur les rives du Bosphore. Mais les supporters du Fener sont plutôt méfiants, à son arrivée. Deux éléments motivent leur sentiment : le passage récent d’une autre pseudo star sud-américaine, Ariel Ortega (qui se battra avec ses collègues avant de se tirer), et la première expérience européenne ratée du Brésilien, deux ans plus tôt, à Parme (Alex n’y jouera que quelques semaines et cinq petits matchs, en conflit avec coach Prandelli). Pourtant, le joueur ne mettra que peu de temps à mettre tout le monde d’accord. Un regard sur ses stats suffit : pour sa première saison en Turquie, Alex marque 24 buts et distille 16 passes décisives. Sacrée base. Et s’il baissera un peu le pied statistiquement parlant les années suivantes (mis à part sa folle saison 2010/2011, 28 buts et 13 assists à la clé), il deviendra le leader technique du Fener. Spectaculaire, Alex est un milieu complet, avec la palette du « 10 » brésilien, et une évidente facilité face au but. Quand il va, le Fener va. Pas pour rien que sur les trois saisons où il a été le plus prolifique (2004/2005, 2006/2007 et 2010/2011), son club a remporté la Süper Lig. Au terme de sa carrière à Istanbul, Alex est donc le meilleur passeur de l’histoire du club, et le second buteur, derrière la légende Ziki Riza Sporel. Pour ce qui est des réalisations en championnat en revanche, un autre attaquant le devance. Ce mec, c’est l’actuel entraîneur des Canaris, Aykut Kocaman.

Arrivé en juin 2010 pour remplacer Christoph Daum, Kocaman, cette ancienne gloire du Fener, a les faveurs du président Aziz Yildirim. Il a aussi ses idées. Car le coach n’apprécie pas la star Alex, et dès sa prise de fonction, lui préfère des joueurs plus jeunes (le Brésilien a alors 33 ans), comme Mamadou Niang, Issiar Dia ou Miroslav Stoch. Résultat : le club se fait sortir de la course à la Ligue des Champions par les Young Boys Berne, puis en barrages d’Europa League par le PAOK Salonique. Autant dire, des clubs très faiblards. Contraint de revoir ses plans, le coach appelle alors la vieille star à la rescousse. Pour rappel, il plantera 28 buts, et les Canaris seront champions. Ne pas croire, cependant, que cet élément tissera un lien entre les deux hommes. La saison passée, ils ont su faire abstraction, pour le bien de leur équipe. Mais cet été, le coach a posé de nouvelles conditions.

« Personne n’est au-dessus de Fenerbahçe. »

Certains médias turcs rapportent que Kocaman aurait révélé au Brésilien son intention de le mettre davantage sur le banc. Malgré ses 35 printemps, Alex n’est pas d’accord. Conséquence de cette mésentente, il sera exclu du groupe pour une dizaine de jours, ratant ainsi la double confrontation en barrage de Ligue des Champions face au Spartak. Durant ce laps de temps, le Fener accueillait aussi le Gaziantepspor en championnat (victoire 3-0). Scène irréelle durant la rencontre, le président Yildirim prend le micro, pour répondre aux chants des supportrices (les hommes étaient bannis des tribunes pour ce match), qui demandaient où était passée leur star : « Vous vous trompez. Respectez et soutenez les joueurs sur le terrain. Personne n’est au-dessus de Fenerbahçe. » Tandis que la situation s’envenime, le Brésilien, lui, ne fait qu’aggraver les choses. Suite à l’élimination en LDC (le Spartak gagnera 3-2 au cumul), il balance ainsi un tweet, où il s’en prend directement à son coach, le traitant de « jaloux » . La théorie avancée par la star, et reprise par les supporters et de nombreux médias, est que Kocaman ne voudrait pas voir Alex dépasser son nombre de réalisations en championnat. Les deux hommes ne s’entendaient pas, c’est de notoriété publique. Mais jusque-là… En tout cas, si tel était le désir du coach, il a été exaucé : Alex restera bloqué à 136 réalisations en championnat turc. Kocaman, lui, en est à 140.

Mais le mauvais traitement infligé à la star a déjà coûté au coach tout son capital sympathie. Le 29 septembre dernier, alors que le Fener est défait par le promu Kasimpasa (0-2), le stade entier chante son éviction. Kocaman, devant de telles proportions, se résoudra à poser sa démission. Mais le club refuse d’y donner suite. Comme par hasard, deux jours plus tard, Alex annonçe son départ… Les causes évoquées par le Brésilien sont logiquement de « mauvais rapports avec le coach » . Une version corroborée par le président Yildirim, qui est revenu sur leur dernière rencontre : « Alex voulait me voir. Il était censé arriver à 16h à notre rendez-vous, il a débarqué avec quinze minutes de retard en tweetant avec son Smartphone. Il n’a même pas regardé mon visage. Je lui ai demandé ce qu’il voulait. Il m’a répondu que l’entraîneur ne voulait plus de lui et m’a demandé mon opinion. Je lui ai dit qu’il devait faire ce qui serait le mieux pour lui. Alex voulait quitter le club et résilier son contrat. Personne ne peut être au-dessus du club, ni Alex, ni l’entraîneur, ni moi. Le joueur a également refusé qu’on lui rende hommage. Tant que je serai président, l’entraîneur Kocaman restera à son poste s’il le souhaite. » Une conclusion un peu triste. Alors qu’Alex est désormais proche d’un retour au Brésil, il n’aura pas eu droit aux célébrations qu’il méritait pour son départ d’Istanbul. Ne reste à l’un des milieux les plus sous-estimés de ces dix dernières années, que le souvenir des belles années. Et une putain de statue.

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