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L’étrange aventure de Moussa Dembele

Par Martin Grimberghs
L’étrange aventure de Moussa Dembele

Les compilations YouTube ont fait son succès. Sauf qu'il y a six ans, Moussa Dembele les actualisait chaque semaine grâce à ses dribbles enivrants aux courbes folles. Aujourd'hui, il se les mate en boucle dans l'attente d'une renaissance improbable. Il y a six ans, Dembele était un génie ; aujourd'hui, Dembele a une vie aussi triste qu'un acteur à la retraite.

« Je l’ai vu chez les jeunes et je l’ai trouvé très bon. Malheureusement, il n’avait pas encore 16 ans et ne pouvait donc pas jouer avec l’équipe première. Il a attendu quelques semaines, et dès qu’il fut sélectionnable, il a commencé à jouer. Ensuite, il s’est très vite blessé et est parti. Il n’a donc pas marqué beaucoup de buts pour nous. » Marc Brys, le premier entraîneur de Moussa Dembele, résume bien le début de carrière d’un jeune homme pour qui tout a commencé très tôt. Le 30 octobre 2004 exactement. C’est ce jour-là, dans l’étriqué Kuipje de Westerlo, que Moussa Dembele fête sa première titularisation en division 1 belge. L’homme a alors 17 ans, 3 mois et 14 jours et défend les couleurs du Germinal Beerschot Anvers (GBA), son club formateur. Comme toute la planète foot, il vient de s’infliger un Euro 2004 à pleurer et a envie de dribbler pour oublier. Ce qu’il fait. Moussa dribble, mais ne marque pas. Aujourd’hui encore, Marc Brys se souvient très bien de cette anomalie : « C’était vraiment un neuf, mais il ne marquait pas suffisamment. On se doutait que ce serait peut-être un problème dans le futur. Pour moi, ça allait devenir un très bon dix, car il tenait très bien le ballon. Mais devenir six ou huit, cela je ne l’aurais pas cru. » C’est à cette place qu’il sera pourtant aligné le 17 juin dernier pour le premier match de la Belgique en Coupe du monde depuis douze ans. L’échec sera retentissant. Moussa Dembele ralentit le jeu comme jamais quand il n’est pas imprécis. La sanction ne tardera pas à tomber. Peu après l’heure de jeu et alors que la Belgique est toujours menée par l’Algérie, Dembele est remplacé par Fellaini. Ce dernier inscrira le but égalisateur avant que Mertens ne vienne finalement donner la victoire aux Diables rouges à dix minutes du terme. En quinze minutes, Moussa Dembele, d’abord apprécié pour ses qualités de conservation du ballon, vient de perdre sa place dans le onze de Marc Wilmots. Peut-être pour la dernière fois. Depuis, le joueur de Tottenham n’a plus jamais été aligné dans un match à enjeux en sélection et peut compter sur les doigts d’une main ses titularisations en club. Entre l’éclosion en 2004 avec le GBA et le déclin, il y a eu une carrière. Celle d’un joueur doué. Une carrière avec frissons, mais sans réelle apogée. Une carrière sympa, mais qui aurait dû être géniale. Une carrière qui ne devrait surtout pas encore être finie. Parce que Moussa Dembele n’a que 27 ans et a un jour été annoncé comme « la huitième merveille du monde » .

Le kid

Dans l’ombre d’une éclosion encore discrète, Dembele est transféré à 18 ans et à l’été 2005 à Willem II. Il suit alors l’exemple de Thomas Vermaelen et Jan Vertonghen, tous deux partis plus jeune du GBA vers les Pays-Bas et l’Ajax d’Amsterdam grâce au partenariat existant entre les deux clubs. À l’inverse de ses deux compatriotes, lui n’est pas retenu et doit apprendre à tracer son propre chemin. « L’Ajax prenait les meilleurs éléments, mais ils n’ont pas pris Moussa parce qu’ils avaient déjà un neuf. Il était un peu déçu, mais convaincu de ses qualités. Il n’a pas changé, il est toujours comme ça. » Comme beaucoup d’autres entraîneurs en Belgique à la même époque, Marc Brys voit donc son meilleur élément quitter le port d’Anvers. Direction Tilburg et Willem II donc. Un club plus discret, un club sans pression surtout. Un club qui convient donc parfaitement au jeune Moussa. En une saison, Dembele apprend à marquer des buts et éveille l’intérêt de l’AZ Alkmaar. Mieux, il honore sa première sélection avec les Diables rouges d’Aimé Anthuenis. En pleine crise de talent et alors que la Belgique fait avec des Gil Swerts, des Karel Geraerts et des Stijn Huysegems, le stade Roi-Baudoin découvre Moussa Dembele, sa technique et son charisme de beau gosse.

Pour la première fois, toute une jeune génération de supporters découvre aussi un joueur capable d’inverser le cours d’une partie sur un coup de génie. Le type de joueur qui avait disparu des radars du football belge depuis près de dix ans. Christophe Grégoire n’a que deux petites sélections internationales à son actif, mais les a partagées avec le tout jeune Dembele. « Moi, j’avais 27 ans, mais entre nous, c’était moi le nouveau. Ce que je retiens de lui, c’est sa conservation de balle impressionnante et peut-être aussi le fait qu’il ne gérait pas encore trop ses efforts. Je n’ai pas gardé contact avec lui par la suite, mais je me souviens d’un mec qui, malgré son statut de nouveau prodige du football belge, n’avait pas le melon. Il était plutôt réservé, voire consciencieux. C’était quelqu’un de très pro dans sa manière de se comporter. » Tellement pro que Dembele explose dès ses premières sélections. Comme ce 22 août 2007 contre la Serbie. À une époque où les matchs de qualification de la Belgique pour les grands tournois ressemblaient très vite à des matchs amicaux. À une époque où, entouré de vieilles branches sur le déclin (Leonard, Goor, Sonck, Englebert…), Dembele s’éclate à rendre le foot à nouveau populaire en Belgique. Dembele débute.

Les feux de la rampe

À 20 ans et après ce doublé contre la Serbie, Moussa Dembele est officiellement considéré comme le deuxième joueur de top niveau à être né dans les années 80. Deuxième, derrière l’extra-terrestre Vincent Kompany présent en équipe nationale depuis 2004. La suite ressemble un peu à un rêve. En deux saisons, la Mouss découvre dans le désordre Graziano Pellè, mais surtout Kevin Mirallas, René Vandereycken, Louis van Gaal, la Coupe UEFA, les JO de Pékin. En Asie, et conjointement à ses activités avec les A, c’est avec les Diablotins de Jean-François de Sart qu’il poursuivra l’opération séduction entamée un an plus tôt lors de l’Euro Espoirs aux Pays-Bas en 2007. Dans les deux cas, Dembele confirme qu’il est sans doute le plus grand talent d’une sélection dans laquelle on retrouve aussi Steven Defour et Marouane Fellaini, en plus de Kompany, Vertonghen, Mirallas et Vermaelen déjà cités. Comme eux, Dembele alterne les bonnes performances avec les A de René Vandereycken et les excellentes avec l’équipe Espoirs de Jean-François de Sart. Ce combo improbable durera deux ans. Le temps pour les espoirs d’accrocher une demi-finale aux JO après avoir vaincu l’Italie en quarts, avec Dembele en guest star. Le temps enfin d’écrire ce qui sonne encore aujourd’hui comme ses plus belles heures avec les Diables rouges, les vrais. Dembele est content de lui.

Les temps modernes

La carrière de Moussa Dembele est ainsi faite qu’elle ne ressemble à aucune autre. Quand beaucoup attendent d’avoir des poils au menton pour exploser, Moussa a lui déjà fait le tour du propriétaire. La saison qui suit sera pourtant encore celle de la confirmation. En 2008-2009, l’AZ de Louis van Gaal lui appartient, et, malgré une blessure qui l’écartera des terrains pendant près de trois mois, le titre conquis par l’AZ Alkmaar en fin de saison est le sien (10 buts) autant que celui de Mounir El Hamdaoui (23 buts). Son but d’anthologie qualifié de huitième merveille du monde par un journaliste hollandais contre ses anciens équipiers de Willem II le prouve. À 21 ans, Moussa Dembele est au sommet. Un an et demi plus tard, au moment de parapher son contrat à Fulham, le doute commence à s’installer peu à peu. La raison ? Le prix du transfert. Quand Fellaini quitte le Standard pour Everton, les Toffees allongent 20 millions, alors que les Cottagers n’en mettent que 6,5 pour Dembele. Les chiffres trompent rarement. Le garçon est doué, mais n’influe que trop peu sur le jeu d’une équipe.

Marc Brys, aujourd’hui entraîneur à Al-Raed en Arabie saoudite, continue de suivre la progression de son ancien poulain et a sa petite idée sur la question : « Il fait son boulot, il est créatif, il trouve des solutions, mais il ne parle pas beaucoup sur un terrain. C’est tout l’inverse d’un Steven Defour par exemple. » Un artiste muet reste un artiste. Tottenham veut y croire et le fait signer contre 12,5 millions d’euro le 29 août 2012. Le but du transfert ? Faire de Dembele le nouveau Luka Modrić tout juste parti au Real Madrid. Deux ans et demi plus tard, force est de constater qu’il s’agit d’un échec. En équipe nationale comme à Tottenham, Moussa Dembele n’a plus rien d’un titulaire. Pour Christophe Grégoire, Dembele n’est pas un charlot, mais une victime de son époque : « Il y a un moment où il était clairement au-dessus du lot. Maintenant, quand on voit l’évolution de ses conccurents, on se rend compte qu’ils lui sont tous passés devant. Au-delà de l’aspect sportif, c’est mentalement que ça doit être dur. Surtout très dur de retrouver son meilleur niveau sans la confiance de son entraîneur. » Christophe Grégoire sait de quoi il parle et a sans doute raison. Moussa Dembele est aujourd’hui un homme bien seul. Un homme qui a deux entraîneurs à reconquérir. Dembele patine.

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