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« L’Espagne va passer sans problème contre l’Italie »

Propos recueillis par Aquiles Furlone
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Il n’était ni le plus connu, ni le plus doué, mais une chose est sûre : Joan Capdevila n’était pas le moins intelligent de la Roja, championne d’Europe en 2008 et championne du monde en 2010. Alors qu’il s’apprête à disputer le tour préliminaire de Ligue des champions avec le club andorran de Santa Coloma, l’ancien international espagnol prend le temps d’évoquer la Roja, une sélection à qui il doit ses plus beaux frissons sportifs.

Quel regard portez-vous sur les prestations de la Roja depuis le début de l’Euro ? Malgré le faux pas inespéré contre la Croatie, je considère que l’Espagne reste l’une des favorites de l’Euro. Désormais, il n’y a plus de marge d’erreur. Le problème c’est que la défaite contre les Croates a fait basculer la Roja dans la partie de tableau la plus difficile. Je pense que l’Espagne va passer sans problème contre l’Italie, car elle est supérieure, mais en quarts contre l’Allemagne, ce sera plus compliqué. Un Espagne-Allemagne, c’est une sorte de finale anticipée.

Vous croyez que l’Espagne s’est relâchée contre la Croatie ? J’en suis sûr. La clé du match c’est le penalty raté de Ramos. S’il le met, l’Espagne est première du groupe et s’ouvre une voie royale vers la finale. Del Bosque aurait dû faire tourner. On était assurés d’être qualifiés, ça n’aurait pas été illogique de laisser souffler les habituels titulaires pour qu’ils puissent être le plus frais possible en huitième.

Pourquoi Del Bosque n’a pas fait tourner selon vous ?Je n’en sais rien, mais je serai toujours derrière Del Bosque. Toujours. Je respecte ses choix, mais personnellement, j’aurais donné du temps de jeu à ceux qui ne jouent pas, pour que tout le monde soit content. Maintenant, ça va être difficile que ceux qui n’ont pas joué jusqu’à présent puisse le faire. Ça risque d’affecter un peu la vie du groupe. Au-delà de ça, je pense que l’Espagne à un niveau suffisant pour franchir tous les obstacles qui seront sur sa route.

Vous avez joué le quart de finale de l’Euro 2008 contre l’Italie qui à changé l’histoire de la Roja. Quels souvenirs gardez-vous de ce match ? Avant ce match-là, on avait l’impression qu’on ne franchirait jamais la barrière des quarts de finale. C’était quelque chose qui nous paraissait impossible. Ce match contre l’Italie à changé l’histoire de la Roja. Ce jour-là, le mental du groupe et les arrêts d’Iker lors de la séance de tirs au but avaient été fondamentaux.

Tu sais ce que c’est une prolongation contre l’Italie ? C’est un supplice.

C’est ce jour-là vous avez réellement pris conscience de votre potentiel ?Ce match contre l’Italie a été une libération. On s’est débarrassés d’un poids en les éliminant. C’est à partir de là qu’on a commencé à se faire respecter par les adversaires. Aujourd’hui, on nous prend au sérieux. Tout le monde sait aujourd’hui que la Roja est une sélection qu’il ne faut pas prendre à la légère. Par exemple, l’Italie ne doit pas être ravie à l’idée de nous affronter. L’Espagne va prendre l’initiative du jeu et l’Italie va opérer en revanche-attaque. Il faudra qu’on soit vigilants en défense.

Vous pensez que le match d’aujourd’hui va être un remake de celui de l’Euro 2008 ? Marquer un but aux Italiens, c’est toujours difficile. Et puis physiquement, c’est toujours très dur contre eux. Et je ne parle même pas du fait de les jouer en prolongation. Tu sais ce que c’est une prolongation contre eux ? C’est un supplice. C’est pourquoi j’évoquais l’importance du turnover. Les Italiens ont eu une semaine de vacances et nous, non. Le seul truc que je souhaite c’est qu’il n’y ait pas de prolongation. Pour s’éviter des problèmes, l’idéal ce serait qu’on puisse venir à bout de l’Italie en 90 minutes.

Quel est le point faible et le point fort de la Roja actuelle selon vous ? Son point fort, c’est son identité de jeu. Elle continue à dominer le jeu et, sur le papier, on peut dire qu’on est quasiment l’une des meilleures sélections de l’Euro. Techniquement, on est peut-être même la meilleure de la compétition. J’ai aussi l’impression que le groupe vit bien, même si les déclarations de Pedro (Le joueur de Chelsea a indiqué qu’il ne serait pas venu s’il avait su d’abord qu’il n’allait pas avoir de temps de jeu, ndlr) sont tombées comme un cheveu sur la soupe… Le défaut de la Roja, c’est qu’il lui arrive parfois de perdre la concentration. C’est quelque chose qu’il faut corriger parce qu’à partir de maintenant, la moindre erreur peut t’envoyer à la maison.

Les déclarations de Pedro peuvent affecter le groupe ?J’espère que non. Pedro n’a pas choisi le moment opportun pour se plaindre. Tout le monde veut jouer, c’est logique, mais personnellement j’aurais attendu la fin du tournoi pour parler, ne serait-ce que par respect envers mes coéquipiers.

Les propos de Pedro et l’affaire De Gea (mis en cause dans un scandale sexuel juste avant l’entrée en lice de la Roja dans l’Euro, ndlr) sont des polémiques inhabituelles pour la Roja… C’est quand même une grande coïncidence, ce qui se passe autour de De Gea, non ? Que ce soit vrai ou faux, l’affaire a été rendue publique au pire moment possible. D’une certaine manière, ceux qui ont fuité cette histoire voulaient faire mal à la sélection. Tout ça n’a pas été fait avec de bonnes intentions. C’est bizarre, je trouve. Trop bizarre, même… On veut toujours détrôner les meilleurs. On est les double tenants du titre et on a la possibilité de rentrer dans l’histoire en remportant un troisième Euro d’affilée. Je pense que certains se sont dit qu’il était temps de nous faire tomber.

C’est quelqu’un de très affectueux et il n’est pas aussi sérieux avec les joueurs qu’il peut l’être, par exemple, en conférence de presse. Il ne crie pas sur le banc de touche, mais il sait désamorcer n’importe quelle situation.

Vous pensez que les joueurs ont toujours faim de victoire ?Je sens que leur ambition est intacte. Je vois dans leurs yeux qu’ils veulent remporter l’Euro. Ce ne sera pas facile, parce qu’on n’arrête pas de leur mettre des bâtons dans les roues, comme l’affaire de De Gea, ou toutes ces conneries dans le genre, mais ils sont assez forts pour aller au bout. L’essence de cette sélection n’a pas changé depuis 2008. En milieu de terrain, il y a toujours Iniesta, Busquets et Silva. C’est vrai qu’autour d’eux, les noms ont changé, mais le système et la philosophe de jeu reste la même.

Une philosophie que l’on doit à Aragonés. Comment il a fait pour changer le processeur d’une Roja embourbée dans sa Furia ? Il connaissait notre potentiel et il a su utiliser nos capacités comme personne. Luis Aragonés a changé l’histoire de la sélection en instaurant le tiki-taka. Avec lui, on s’est rendu compte très vite que notre meilleure arme, c’était la possession du ballon. On avait une excellente génération, Xavi, Xabi Alonso, Senna, Silva… Jouer avec ce milieu de terrain là c’était merveilleux.

Et Del Bosque, il est comment ? La motivation ne semble pas être l’une de ses grandes vertus…Au contraire, c’est l’une de ses principales qualités. Il a été joueur au Real Madrid, il sait ce que c’est, et surtout il sait aussi comment fonctionne le football. C’est quelqu’un de très affectueux et il n’est pas aussi sérieux avec les joueurs qu’il peut l’être, par exemple, en conférence de presse. Il ne crie pas sur le banc de touche, mais il sait désamorcer n’importe quelle situation. Je lui dois énormément. Aucun joueur ne vous parlera jamais en mal de Del Bosque. Aucun. Même pas Pedro. (rires)

Vous pensez qu’il leur a dit quoi, aux joueurs, après la défaite contre la Croatie ?Del Bosque a sûrement dû leur dire qu’ils avaient fait un bon match et que tout s’était joué sur des détails, qu’il faudrait corriger pour les huitièmes de finale. Je pense qu’il a dû piquer ses joueurs dans l’orgueil en pensant déjà à l’opposition contre les Italiens.

Vous avez toujours dit que vous aviez eu beaucoup de chances de jouer pour la Roja parce que vous considériez ne pas avoir le niveau suffisant pour être international… Je suis un mec très chanceux, qui a eu la chance de partager des moments exceptionnels avec une très bonne génération de joueurs. Il est clair que je n’étais pas au niveau de mes coéquipiers, mais je me suis toujours senti à l’aise à leurs côtés.

En finale du Mondial 2010, tous les joueurs de la sélection évoluaient au Barça ou au Real, sauf moi. Des fois, je me disais : « Mais bordel, qu’est-ce que tu fais là pauvre abruti?! »

Il y a un joueur de ce profil là dans la sélection actuelle ?Non, parce que ce sont tous des stars. À mon époque, le joueur le plus faible du groupe, c’était moi. J’en étais conscient. Mais dans le football, il faut être intelligent. Je savais ce que je pouvais faire et ce que je n’étais pas capable de réaliser. Mon rôle, c’était de faire mon travail, en essayant de déranger le moins possible celui de mes coéquipiers. C’est quand tu te vois trop beau, que tu finis par tout foirer. Un joueur qui perd l’humilité et qui bombe le torse est tout de suite ramené sur terre par la réalité du football.

Vous n’avez pas l’impression que Juanfran est le Capdevila 2.0 ?Il joue dans un grand club comme l’Atlético, il a gagné la Liga… Moi, avec Villarreal, le mieux que j’ai fait, c’est une deuxième place de Liga. En finale du Mondial 2010, tous les joueurs de la sélection évoluaient au Barça ou au Real, sauf moi. Des fois, je me disais : « Mais bordel, qu’est-ce que tu fais là pauvre abruti?!  » (rires)

Aujourd’hui celui qui occupe votre poste est Jordi Alba. Qu’est-ce que vous en pensez ?C’est un phénomène. À l’Euro 2012, il avait été le meilleur latéral de la compétition et cette année, il peut encore l’être.

En 2008, vous aviez réalisé votre plus beau geste technique lors de la célébration du titre. Vous aviez alors dansé avec un verre sur l’épaule toute la nuit. Comment faut-il danser pour que le verre ne tombe jamais ?(rires) Quand l’Espagne gagnera à nouveau, je révélerai mon secret. Tout ce que je peux dire c’est qu’il faut de la pratique, beaucoup de pratique pour arriver à ce résultat. C’est Cazorla qui m’a tout appris. Au moment de fêter l’Euro, je me suis dit : « C’est le moment de montrer ce que tu sais faire ! »

La Roja a toujours autant de qualités, mais elle n’a plus d’ambianceur comme vous et Reina pour célébrer les titres… S’ils gagnent, ils peuvent nous inviter ! (rires) Les victoires, il faut les fêter, parce qu’on ne sait jamais si on aura la possibilité de gagner à nouveau. Il faut vivre à fond tous les bons moments. Quand on a gagné l’Euro 2008, je ne me doutais pas à ce moment-là que je finirais par gagner un Mondial. Du coup, j’ai fêté ce titre comme quelque chose d’unique. C’était grandiose !

Dans cet article :
L'Espagne et l'Italie dans le groupe de la mort, la Belgique épargnée
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Propos recueillis par Aquiles Furlone

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