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L’envol des Canari(e)s

Par Thomas Pitrel
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L’envol des Canari(e)s

Créée au cœur de l'été dernier, la section féminine du FC Nantes a déjà fait exploser le concept de « bon début de saison » : six matchs, six victoires, 127 buts marqués, un seul encaissé, avec en point d'orgue une victoire 37-0. Peut-être parce que l'effectif monté par les Canaris a le niveau pour jouer en D2, mais qu'il n'évolue pour l'instant qu'en troisième division de district.

« Franchement, au coup de sifflet final, on savait qu’on en avait pris beaucoup, mais on ne pensait pas que c’était autant. Je crois que même elles ne pensaient pas en avoir mis autant. » Nadège Gazon a passé un bien étrange jour férié, le 11 novembre dernier à Nantes. Secrétaire du FC Le Pin-Vritz, petit club des confins de la Loire-Atlantique, à la frontière avec le Maine-et-Loire, Nadège est également gardienne de la section féminine. Ce jour-là, en match en retard de la deuxième journée de 3e division de district contre le FCN, elle en a pris 18 en première mi-temps, puis 19 en deuxième, pour un score final de 37-0. « Contrairement à d’autres, nous avons joué le jeu, nous ne sommes pas restées dans nos dix-huit mètres. On a même tiré sur la barre, nuance la portière malheureuse. Après, c’est sûr qu’il y a des moments où on a pensé à arrêter le carnage, mais on a continué parce qu’on était très fières de jouer à la Jonelière. Avant le match, on a pris des photos avec nos adversaires parce qu’on sait que ce sont des filles qui vont aller loin. »

Manon, 21 buts en 6 matchs

Il y a en effet un gouffre entre l’équipe féminine de Le Pin-Vritz, créée il y a deux ans, et celle de Nantes, créée il y a deux mois. Après avoir joué contre les six autres équipes de leur championnat, les Nantaises ont inscrit 127 buts, soit une moyenne de plus de 21 buts par match, et n’en ont encaissé qu’un, sur la pelouse de Chateaubriant-Derval, pour une victoire 16-1. Dimanche dernier, elles ont validé leur promotion en D2 de district avec un 30-0 à Saint-Mars-du-Désert, confirmant aussi le statut de meilleure scoreuse et de meilleure passeuse de Manon, 19 ans, 21 buts et 21 assists en six rencontres. « Je crois que nous ne sommes pas près de rejouer contre elles » , prédit Nadège, lucide.

C’est que le Football Club de Nantes n’a pas fait les choses à moitié, à l’heure de créer, enfin, sa section féminine. « C’était une volonté du président Waldemar Kita, qui souhaitait rejoindre les autres clubs de l’élite créant leurs équipes féminines au fur et à mesure » , explique Jacky Soulard, président de l’Association du FCN, qui gère les équipes de jeunes jusqu’aux U13 et les filles. Lorsqu’un grand club décide de porter ses ambitions chez les meufs, deux choix s’offrent à lui : commencer tout en bas de l’échelle ou engloutir un club de la région, pour intégrer la division dans laquelle il se trouvait. Ce qu’a d’abord voulu faire le FCN. « Nous voulions nous associer à Saint-Herblain, un club de D2, mais ils désiraient garder leur nom et leur organigramme, donc nous avons préféré partir de zéro » , dit Soulard. Une version pas vraiment confirmée par le club en question : « Nous avions des soucis avec la mairie de Saint-Herblain, assure le dirigeant Sébastion Duret. Avec le projet que nous avons présenté, le club serait devenu le FC Nantes. Nous avons d’ailleurs présenté le même dossier à Orvault, et l’équipe a pris le nom d’Orvault. En fait, nous avons eu des réunions avec Nantes à partir de janvier. C’était bien engagé et puis en mars, ils ont décidé d’un seul coup de créer leur propre équipe en nous disant « ça prendra le temps qu’il faudra ». »

« Dix ou douze buts dans les dix premières minutes »

Dans le petit milieu du foot féminin local, les méthodes du géant nantais n’ont pas forcément fait l’unanimité. L’été dernier, les détections de joueuses ont par exemple attiré 90 filles, pour 20 places seulement dans l’effectif. « Même si on commence en 3e division de district (6 divisions en dessous de l’élite, ndlr), il y avait beaucoup de filles de D2 et de DH (3e niveau national, ndlr), se souvient Sabrina Belkhir, qui forme le duo d’entraîneurs de l’équipe avec Gwenael Cornu. Ce qui les attirait, c’était sans doute le fait de s’appeler FC Nantes et l’objectif d’amener le club au plus haut niveau. » Alain Martin, président du district de Loire-Atlantique, a une vision un peu différente. « On leur a sûrement promis qu’elles joueraient à un niveau plus élevé que ça, je ne sais pas, mais en tout cas le FC Nantes a déshabillé des clubs qui avaient très bien travaillé, juge-t-il. Moi, ça me gêne. »

Alain Martin n’a pourtant pas que des critiques à la bouche lorsqu’il évoque l’apparition des féminines du FC Nantes. « C’est plus que positif, s’enthousiasme-t-il même. J’étais au match à Saint-Mars-du-Désert dimanche et, malgré la défaite 30-0, c’était une vraie fête, un gala du foot féminin. Il a fallu faire sortir les joueuses de Saint-Mars pour disputer le match suivant. Elles restaient à danser sur le terrain. Et il y avait quand même 450 spectateurs. » Sabrina Belkhir confirme : « Il y a des filles dans l’équipe à qui cela fait bizarre parce qu’elles avaient moins de public lorsqu’elles jouaient en D2. » Un point positif qui ne rattrape pas forcément le peu d’intérêt sportif de matchs lors desquels en général, de l’aveu même de Jacky Soulard, « elles marquent 10 ou 12 buts dans les dix premières minutes, puis les adversaires se replient dans leurs dix-huit mètres » .

Sciatique et Fort Alamo

« Nous prenons quand même du plaisir dans la manière de jouer, tente de convaincre Marie Alliot, étudiante en 3e année de Staps qui, à 21 ans, a choisi de quitter Orvault et la D2 pour prendre le capitanat de l’aventure canarie. Il ne s’agit pas de dribbler tout le monde, nous ne jouons pas la facilité, nous essayons de faire un maximum de passes. » De son côté, Sabrina Belkhir est obligée de constater le gouffre footballistique : « Les filles qui sont en face ne sont parfois que 5 ou 6 à l’entraînement. » « Nous ne sommes que onze dans notre effectif, confirme Nadège Gazon, de Le Pin-Vritz. Contre Nantes, nous avons fait la première mi-temps à 10 contre 11, puis elles ont décidé de jouer aussi à 10 en deuxième période, ce qui ne nous a pas empêchés d’en reprendre 19. Personnellement j’ai une sciatique et deux joueuses étaient blessées à la cheville, mais ont dû jouer quand même. »

Depuis leur victoire 6-1 en Coupe de France contre une équipe de DH, les Nantaises ont la confirmation qu’elles auraient déjà le niveau pour évoluer en D2, mais voilà, elles devront attendre au minimum quatre ans (si elles sont promues à chaque fois) pour rejoindre l’antichambre de l’élite féminine. « Nous voulions démarrer plus haut que le bas de l’échelle, mais nous n’avons pas été entendus là-dessus, déplore Jacky Soulard. J’ai fait du raffut au niveau du district parce que ce n’est pas terrible, ni pour les adversaires, ni pour nous. Ce ne sont plus des matchs, c’est Fort Alamo. » Président dudit district, Alain Martin voit ces velléités de dérogation d’un mauvais œil : « Elles ont clairement le niveau pour être en D2, mais, déjà, nous n’avons jamais reçu de demande officielle de la part du FC Nantes et, ensuite, le district doit être là pour faire respecter les règles. En tout cas, ce sera le cas tant que je serai là. Elles ne grilleront pas les étapes. » En février prochain, les Canaries reprendront donc en deuxième division de district (à ce niveau, le championnat ne se dispute que sur une demi-saison), et pourraient bien disputer un match en lever de rideau de l’équipe masculine. Avec un peu de bol, la Beaujoire verra plus de buts en un seul match que dans toute la saison du FC Nantes en Ligue 1.

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