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L’autre match des Brésiliens

par Léo Ruiz à Belo Horizonte
L’autre match des Brésiliens

À Belo Horizonte, pendant que la Seleção arrachait sa place pour la finale de la Coupe des confédérations, des dizaines de milliers de manifestants brésiliens occupaient les alentours du stade et luttaient durement avec la police. Récit de l'intérieur.

Depuis le centre ville de Belo Horizonte, il y avait deux options pour se rendre au Mineirão. La première, la plus facile, le bus. Devant le luxueux Dayrell Hotel, sur la rue Espirito Santo, les touristes se précipitent billets en main dans les nombreux cars mis à leur disposition pour aller assister au match. L’autre moyen de locomotion, c’était la foule. Dès midi, des dizaines de milliers de manifestants se réunissent autour de la place Sete de Setembro, à 500m du Dayrell. Débarquant par vagues régulières, ils sont venus avec le kit complet : pancarte, sifflet, tee-shirt jaune et drapeau du Brésil sur le dos. Les revendications concernent majoritairement l’éducation et la corruption, mais l’ampleur que le mouvement a pris dans le pays a transformé ces manifestations en défouloir populaire. Chacun y va de son message : les retraites, la réforme agraire, la maltraitance envers les femmes, le respect des homosexuels et des populations indigènes, les impôts, l’avortement. Le gouvernement brésilien comptait sur cette préparation du Mondial pour montrer sa force au monde entier, c’est finalement le peuple qui profite de cet immense coup de projecteur pour lui rappeler ses faiblesses.

« Go home FIFA »

Au sein des manifestants, les deux coupables sont facilement identifiés : le gouvernement et la FIFA. « Je troque des stades contre des bibliothèques » , « On ne veut pas de coupe, mais une réforme politique pour un Brésil plus juste » . Le slogan répété sans arrêt : « Une coupe pour qui ? Go home FIFA » . Les hélicoptères tournent au-dessus de la place et les centaines de policiers mobilisés contrôlent son accès par des fouilles de sacs systématiques. Mais la situation devient rapidement incontrôlable et aux alentours de 14h, la foule prend la route, direction le stade. La principale voie d’accès, une voie rapide surélevée, est bondée sur des kilomètres. Le stade est loin, le chemin est long, la marche dure presque deux heures. Le soleil tape, les panneaux électroniques affichent 35 degrés, ce qui permet aux vendeurs ambulants d’épuiser leurs stocks d’eau fraîche et de Brahma. Les maillots de foot en vue sont ceux de l’Atlético Mineiro, de Vasco ou de Flamengo, mais pas ceux du Brésil. Ou alors ceux floqués « Educação 10 » . La route traverse les quartiers pauvres, où la densité des habitats est effrayante. Les résidents sortent des maisons généralement pas terminées pour assister au spectacle, et applaudissent. Des escaladeurs se pendent des ponts drapeaux en main, les tambours font danser les manifestants, la fête est totale. Jusqu’à l’arrivée au stade.

Le match commence, la fête se termine

Au croisement des avenues Presidente Antônio Carlos et Antônio Abrahão Caram, le Mineirão est là, à 500m. Une tentative de barrière humaine est formée par un groupe de manifestants, sans succès. L’idée était d’éviter la confrontation avec la police, qui attend tout ce beau monde une centaine de mètres plus loin. Deux lignes de barricade, puis un nombre impressionnant de flics. Le match va commencer. Le combat aussi. Les barricades commencent à être renversées, quand la police envoie ses premiers tirs de gaz lacrymogène. Dans le tas. Les plus équipés (masque, foulard) s’en fichent et foncent au duel, mais ils reviennent au galop, les yeux qui brûlent et la gorge en feu. L’ambiance devient électrique, ça pète de tous les côtés. Les tambours et saxophones tentent de remettre de la bonne humeur, mais la manifestation a perdu son côté champêtre. L’état d’euphorie est retombé. Les sourires ont disparu. Le match a commencé, et la fête a pris fin. Trois hélicoptères de la police surveillent les manifestants. Chaque bout de barrière ramenée parmi la foule, devenue spectatrice, est synonyme d’ovation. Mais les gaz se propagent et les manifestants reculent. L’air est irrespirable. Du liquide pour les yeux est distribué en abondance. C’est bientôt la mi-temps, Fred vient d’ouvrir le score, et les premiers blessés sont à déplorer.

Des blessés, des feux et des heures de marche

Les pompiers sont peu nombreux, mais courent dans tous les sens. Un homme est au sol et semble mal en point. Le problème, c’est que toutes les rues sont coupées et qu’aucune ambulance ne peut accéder à lui. Un couloir humain est formé pour laisser les pompiers, ovationnés, agir. L’homme est finalement évacué sur brancard. Mais la guérilla continue. Un feu, puis deux, puis trois sont déclenchés sur l’avenue. D’immenses flammes noires s’échappent dans le ciel, et les tirs continuent, provoquant à chaque fois des mouvements de foule. Au bout de la rue, dans le Mineirão, la Seleção est en difficulté, mais tout le monde s’en fout. Les manifestants disputent un autre match avec la police, autrement plus important. La fin de la demi-finale approche, la fatigue se fait sentir. Paulinho libère les siens, le Brésil l’emporte, les spectateurs quittent le stade de l’autre côté des heurts, et peu à peu la tension retombe. Derrière leurs barricades, les policiers quittent progressivement les lieux. Les manifestants pacifiques font de même, les autres restant sur place pour alimenter leurs feux. C’est reparti pour deux heures de marche. Les gens sont épuisés, mais une partie d’entre eux reprendra la lutte jusqu’à tard le soir, en centre ville, où explosions et hélicoptères se feront entendre une bonne partie de la nuit. La Seleção est en finale de sa Coupe des confédérations, et c’est peut-être bien la dernière des préoccupations du peuple brésilien.

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

par Léo Ruiz à Belo Horizonte

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