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L’autoflagellation selon l’Atlético

Par Robin Delorme, à Madrid
L’autoflagellation selon l’Atlético

Pourtant troisième armoire à trophées d'Espagne, l'Atlético de Madrid souffre d'un important syndrome d'infériorité face à son voisin du Real. À tel point que le club colchonero s'est fait une spécialité de l'auto-dérision.

« Le Real part toujours avec neuf points d’avance sur le Barça : les trois points que l’on prendra face au Barça à la maison, plus les six que prendra le Real sur nos deux confrontations. » Enrique Cerezo est un rigolo. Et un fataliste. Lorsque le président de l’Atlético de Madrid lâche cette boutade en 2010, il ne fait que participer à la résignation – limite soumission – du peuple colchonero. Face à son omnipotent voisin blanc, le club du sud de Madrid a toujours cultivé un fort sentiment d’infériorité. Sportivement, ses deux Europa League et neuf titres de champion ne font pas le poids face aux neuf Ligues des champions et 32 couronnes nationales du Real Madrid. Histoire de se démarquer, l’Atlético de Madrid a donc décidé de rire de lui-même. Car, comme le résume Michael Robinson, commentateur vedette de Canal Plus Espagne, « les fans de l’Atlético revendiquent la défaite. Le fait de ne jamais gagner prouve qu’ils sont de meilleurs supporters. C’est presque du masochisme, comme s’ils aimaient s’autoflageller dans une procession religieuse. » Du côté de Vicente Calderón, pas de martinet ni de cravache, mais une communication bien huilée. Et drôle.

« L’Atlético, c’est comme une passion romantique, c’est Humphrey Bogart, c’est Cary Grant »
La rivalité madrilène remonte aux balbutiements du football espagnol. Créés à un an d’intervalle (1902 pour le Real, 1903 pour l’Atlético), les deux entités de la capitale sont illico placées à des niveaux différents. Ainsi, le Real Madrid s’offre son « gros » derby de Madrid face au voisin de Moncloa. L’Atlético – alors Athletic – de Madrid est, lui, directement relégué au second rang. Un rang qu’il ne quittera jamais vraiment. Alors que le Real collectionne les titres et le prestige local, l’Atlético est catalogué comme un club ouvrier, toujours à la peine, à contre courant du voisin merengue. Paradoxalement, c’est ce sentiment d’infériorité qui conduira le peuple « colchonero » à se forger son identité. Dans les défaites, un mythe de poissard se construit. Car même lorsque victoire il y a – quatre titres entre 1940 et 1951 – le Real Madrid répond par sa palanquée de trophées européens dans les fifties. « L’Atlético, c’est comme une passion romantique, c’est Humphrey Bogart, c’est Cary Grant : l’histoire d’amour est impossible » , définit Juanma Trueba, journaliste chez As.
Cette poisse prend tout son sens à l’aube du nouveau millénaire. Après avoir perdu la C1 1974 face au Bayern – suite à une frappe anodine de 40 mètres lors d’une finale à rejouer… – le club frise le ridicule lors de la saison 1999-2000. Avec un effectif mêlant Valerón, Solari, Hasselbaink ou encore Baraja, l’Atlético trouve le moyen de descendre : le summum de la lose. « Il y a vraiment un avant et un après 2000. Le complexe d’infériorité était vraiment à son paroxysme : entre les polémique de l’ère Gil et la descente, se dire de l’Atlético était très « courageux » à Madrid » , analyse Dani Hidalgo, spécialiste des Colchoneros pour As. Conscient du ridicule, le service communication rojiblanco lâche alors une campagne de réabonnement courageuse. Au fond de la voiture, un fils demande à son père : « Papa, pourquoi sommes-nous de l’Atléti ? » Après un silence pesant, une phrase sur fond noir apparaît : « Ce n’est pas facile de l’expliquer. Mais c’est quelque chose de très, très grand. » Ils seront plus de 40 000 à répondre à l’appel. Du second degré, de l’humour… C’est peut-être ça être colchonero.
Simeone peut tout changer
« Par la suite, le club a continué avec des clips comme ça, poursuit Dani Hidalgo. Par exemple, tu peux voir une famille équatorienne qui dit qu’elle est bien traitée, heureuse, qu’elle mange bien… Au final, elle vit dans une armoire et supporte l’Atlético… » Remonté en Liga, vainqueur à deux reprises de l’Europa League, l’Atlético de Madrid ne fait désormais plus rire que ses propres supporters. Et ceux du Real Madrid. Depuis leur come-back en Liga, les Colchoneros ne se sont jamais imposés face aux Merengues. Pis, ils surfent sur une triste série de 24 matchs sans victoire… « Mais tout cela peut changer rapidement, prévient Dani. Depuis que Diego Simeone est arrivé sur le banc de touche de l’Atlético, la mentalité a changé. Les supporters croient en leur chance, ils se prennent plus au sérieux. » Avec ce derby de Liga, mais surtout la finale de la Copa del Rey en prévision, Vicente Calderón bout. « Si l’Atlético gagne la coupe dans le stade du Real Madrid, et se qualifie pour la Ligue des champions, le rapport de force ne va pas changer, mais sera beaucoup moins grand entre les deux clubs » , conclut le journaliste de As. Pour les 110 ans du club, l’Atlético a fait dans le sobre avec son spot : « L’Atlético te rend plus fort. » La fin du masochisme ?

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

Par Robin Delorme, à Madrid

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