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Karim Benzema et la génération Macron

Par Nicolas Kssis-Martov
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Karim Benzema et la génération Macron

L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir a fait un premier heureux dans le foot français : Karim Benzema, qui a immédiatement salué son élection d’un tweet de félicitations. Un hommage qui avait été remarqué et qui éclairait un fait peu connu : les deux hommes se connaissent, se sont rencontrés et apparemment s’apprécient.

Au moment précis où l’avant-centre madrilène lance une belle opération de com pour appuyer son retour en équipe de France, cette proximité avec le nouveau chef de l’État tombe à point nommé. Mais faut-il juste s’arrêter à cette évidence opportuniste ou est-ce que le rapprochement entre eux ne nous révèle-t-il pas deux ou trois choses sur l’élection présidentielles que nous venons de vivre et cette fameuse « Génération Macron » ?

« On a mangé ensemble. C’est un fan de foot »

« Je l’ai déjà vu trois ou quatre fois. On a mangé ensemble. C’est un fan de foot. On a échangé. On est ensuite restés un peu en contact par messages. » Karim Benzema a beau ensuite expliquer qu’évidemment, il ne cherche pas d’appui politique et que seul le sélectionneur – auquel il taille au passage un joli costard sur mesure – décide de la liste, l’info balancée négligemment dans L’Équipe d’aujourd’hui dépasse la simple anecdote. Elle souligne déjà un étonnant retournement de rapport de force. L’exclusion du joueur des Bleus avait été saluée par l’ensemble de la classe politique, sauf quelques exceptions périphériques (à l’instar de Benoît Hamon par exemple).

« Quand ton nom est cité par le Premier ministre, puis par le président de la République, ça devient compliqué » , confie-t-il, dans la suite logique d’un discours où il se présente seule victime (du système, de la FFF ou encore de Mathieu Valbuena) de l’affaire de la sextape et de ses conséquences. Or le voilà désormais en bons termes avec le pensionnaire du Palais de l’Élysée, laissant même sous-entendre que ce dernier admire au moins le footballeur en lui (ce qui serait pour le coup compréhensible).

Ce « couple » improbable illustre aussi de quelle manière Emmanuel Macron pense son rapport au football et plus largement comment il regarde la catégorie de la population dont, à son corps défendant, Karim Benzema est quelque part devenu emblématique, voire le symbole. Alors que « les banlieues » et les populations supposées y résider (immigrés, y compris quand il s’agit de la quatrième génération, « communauté musulmane » , milieux populaires, etc.) se sont senties au fil du quinquennat Hollande globalement lâchées par la gauche, voilà qu’un ancien ministre de l’Économie de ce même gouvernement, en marche vers son destin, un homme qui veut réconcilier tous les Français, semble presque leur tendre une main virtuelle, y compris avec cette relation « apaisée » et « normalisée » avec le mouton noir du ballon rond hexagonal.

Les réseaux lyonnais

En effet, si Emmanuel Macron s’est distingué de la gauche par son libéralisme assumé, il a aussi refusé de céder aux sirènes identitaires ou « islamophobes » , arrivant de la sorte à séduire les électeurs qui avaient le sentiment d’être continuellement stigmatisés, ou du moins à se faire entendre d’eux, par sa capacité à tenir un discours de quarante-cinq minutes ou une interview télévisée de quinze minutes, sans obligatoirement parler d’islamisme. De la même manière, pour le chef de l’État, le rôle du football tient moins dans son exemplarité morale ou éthique que dans le modèle de réussite – avec des critères précis et des moyens derrière – qu’il offre à la jeunesse des quartiers. « Je dis juste qu’on a su le faire dans le football, détaillait-il au Bondy Blog, parce qu’il y a eu du pragmatisme. Avec les centres de formation, les clubs ont embauché des jeunes de ces quartiers sans se soucier d’où ils venaient tout simplement parce qu’ils étaient les meilleurs au ballon. On a fait pareil avec les comiques. Pourquoi ce serait interdit dans le monde de l’entreprise ? »

Emmanuel Macron ne juge d’abord que par la compétence, sans s’arrêter aux simples conventions « d’un autre temps » . Une telle posture doit sonner doux aux oreilles de l’attaquant du Real Madrid, qui tout au long de son interview dans L’Équipe, ne cesse de surligner en jaune fluo son actuel niveau. Cet accomplissement et cette reconnaissance d’un Français s’imposant dans l’un des plus grands clubs de foot et au milieu d’une des plus belles équipes qui soit ne peut en retour que conforter Emmanuel Macron dans son optimisme sur les ressources et les « richesses » de notre pays pour affronter les enjeux d’une mondialisation particulièrement âpre.

Le fait que leur rencontre se soit effectuée par l’intermédiaire de « réseaux lyonnais » n’est pas non plus sans signification. Dans cette ville où Emmanuel Macron compte tant de soutiens politiques, certainement les plus déterminants (Gérard Collomb qui vient d’être nommé ministre de l’Intérieur), l’Olympique lyonnais de Jean-Michel Aulas propose finalement la métaphore footballistique la plus proche de son projet de néo-colbertisme, où se conjugue une force économique ouverte sur le monde avec le souci de faire émerger des élites locales. Le candidat d’En Marche voulait rouvrir les portes de l’ascenseur social via une éducation nationale « adaptée » aux besoins de l’économie mondialisée. Le destin de Karim Benzema s’avère dès lors extrêmement pertinent de ce point de vue, du centre de formation de l’OL à la finale de la Ligue des champions. Si le non-lieu était déjà tombé, sûr qu’on tiendrait là un parfait ministre des Sports.

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