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Julien Sablé : « Pointer au Pôle emploi, je ne savais pas faire »

Propos recueillis par Quentin Moynet
Julien Sablé : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Pointer au Pôle emploi, je ne savais pas faire<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Trois clubs – St Etienne, Lens, Nice -, quatorze ans de professionnalisme, plus de 270 matches en première division. Et d’un coup, Pôle emploi, les Assedic. Cet été, Julien Sablé a découvert une autre facette du foot pro. Celle des chômeurs. Pas prêt à ranger les crampons, le Marseillais était décidé à se battre afin de relever un dernier défi. Et Bastia est arrivé.

Comment cette opportunité à Bastia s’est-elle présentée ?Elle s’est présentée via mon agent la semaine dernière, mercredi dernier. Il m’a appelé en me demandant si ça m’intéressait, ce à quoi j’ai répondu par l’affirmative avec beaucoup d’enthousiasme. Il m’a expliqué que les choses ne bougeraient pas avant le dimanche puisqu’il y avait le match (Bastia-Troyes) et le coach avait dit qu’il prendrait une décision le dimanche. Je l’ai eu le dimanche après-midi et là, tout s’est enchaîné. J’ai pris le bateau le lundi, le coach m’a récupéré et j’ai passé la visite médicale.

Frédéric Hantz vous a-t-il donné des prérogatives particulières ?Aujourd’hui, j’intègre un groupe. Je n’ai rien demandé de spécial, on a parlé du jeu, de ce qu’ils avaient fait depuis deux ans. C’est plus à moi de m’adapter que le contraire. Je dois amener mon expérience, que ce soit de la Ligue 1 ou de la Ligue 2, sans en faire trop. Je suis là pour aider un groupe. Il ne m’a pas dit que je serai titulaire. Il connaît mes qualités et mes défauts.

Ça a été un soulagement pour vous cette signature ?Le soulagement, c’est surtout de pouvoir relever un challenge de ce niveau-là. Je voulais relever un défi qui me fasse vibrer. Jusqu’à maintenant, j’avais eu des choses qui ne me donnaient pas vraiment envie d’y aller. Ma plus grande crainte c’était, de ne pas avoir un challenge qui me fasse vibrer.

Vous étiez donc prêt à rester encore plusieurs mois sans club ?
Je ne comptais pas lâcher. L’opportunité de Bastia est arrivée bien plus vite que ce que j’espérais. Dans ma tête, j’étais en branle-bas de combat pour me préparer pour janvier. C’est arrivé plus vite que prévu donc c’est génial, mais il était hors de question que j’arrête. J’ai une telle passion, une telle envie, que j’avais tout fait pour que mon quotidien ressemble le plus possible à celui d’un sportif de haut niveau pour être prêt au cas où.

Vous auriez pu vous laisser séduire par un retour en Ligue 2 ?C’était envisageable. J’ai eu une offre en Ligue 2 très rapidement après mon dernier match de Ligue 1, mais je venais d’apprendre que je n’étais pas reconduit à Nice donc je n’étais pas dans les meilleures dispositions. Je ne voulais pas prendre une décision trop rapidement. On connaît dans le football une crise qui est arrivée plus tard que dans la vie de tous les jours et tous les clubs, que ce soit en Ligue 2 ou en Ligue 1, voulaient vendre avant d’acheter et donc ils n’ont pas réussi à vendre avant le 4 septembre. Ça a été très long, un marché très fermé. J’étais prêt à relever un challenge, mais il fallait qu’il arrive. Des pays exotiques, Chypre, Grèce, m’ont sollicité régulièrement. Mais en France, qui était ma priorité, je n’ai pas eu de challenge à relever.

Vous attendiez-vous à ce que Nice ne vous prolonge pas ?
Ça a été un petit choc. On s’est sauvés à la dernière journée. J’avais donné beaucoup en trois ans et demi. Maintenant, j’ai beaucoup de respect pour l’entraîneur qui est en place (Claude Puel). Il a été très clair, il a dit qu’il ne reconduisait aucune fin de contrat, il repartait sur une feuille blanche. J’ai un peu accusé le coup parce que c’était quand même trois ans et demi de ma vie professionnelle. J’ai lié de fortes amitiés dans ce groupe-là, je me suis donné à 100% donc j’avais envie de continuer. On est dans un milieu qui est comme ça, et je respecte totalement ce choix-là.
Et donc vous avez été chômeur pendant un peu plus de trois mois…J’ai été chômeur à partir du 1er juillet 2012 jusqu’au 11 octobre. Dans ma carrière, il y a eu des hauts et des bas, mais à 18 ans, je ne pensais même pas faire une carrière. Ce qui a été le plus difficile, c’est que j’ai toujours vécu des préparations, j’ai toujours été sous contrat jusqu’à cette période, donc là, ça a été une chute assez vertigineuse parce que je ne connaissais pas ce chemin-là. Ça m’a appris beaucoup de choses sur moi-même, sur la vie de tous les jours. C’est une belle école de la vie et j’ai une grande pensée pour tous mes potes qui sont chômeurs parce que ce n’est vraiment pas une situation facile. On ne fait que du foot, c’est notre métier mais ce n’est que du foot. Les places valent cher. Tous les matins, je me disais que je ne lâcherais pas. Même si j’étais chômeur, j’enfilais les baskets et j’allais faire mon programme en me disant que peut-être je travaillais pour rien, mais je le faisais parce que j’aime le foot. Je me suis accroché.

Vous êtes-vous senti isolé une fois au chômage ?J’ai eu la chance d’être bien entouré. Ma famille et mes amis ont été formidables. Ce qui a été difficile pour moi, c’est que je suis un joueur qui aime vivre en groupe, le foot, c’est ma vie, le groupe, c’est ma vie, quand j’appartiens à un groupe je me bats pour lui, et c’est vrai qu’il y a eu ce vide, un manque difficile à combler. Il y a eu des choses au quotidien que je ne savais pas faire, des trucs tout bêtes. Aller pointer au Pôle Emploi ça peut paraître simple pour des personnes lambda qui sont habituées à souffrir comme ça, mais pour moi, ça prenait beaucoup plus de temps. On est cocooné, on vit dans un cocon permanent, on a des intendants parce que tout est tourné vers la performance, vers le foot, et on a des gens qui nous aident. Et là, je me suis retrouvé seul à faire des choses que je ne savais pas faire. J’ai appris. Il y a eu des périodes de vide compliquées parce que les gens autour de moi ne comprenaient pas ces moments de solitude que je vivais. Avant, tous les jours, j’allais dans mon vestiaire et je passais du temps avec mon groupe. On vit dans une meute, et ça, ça m’a beaucoup manqué pendant quatre mois.

Vous avez pu vous préparer à Saint-Raphaël puis à Saint-Étienne, votre club formateur…A Saint-Raphaël, j’ai juste fait un intermède avec l’équipe de National pendant quinze jours. Je me suis entraîné à Camp 8, le centre de remise en forme de Ludovic Giuly. Je m’y entraînais tous les jours, deux fois par jour du lundi au vendredi, avec un préparateur physique. Je faisais de la muscu le matin et entraînement l’après-midi. Fin septembre; j’ai fait la demande pour venir m’entraîner à Saint-Étienne, parce que le vestiaire me manquait. Ce manque était insoutenable. J’ai eu l’accord de Saint-Étienne et je suis parti m’installer au centre de formation pour revenir à la genèse de mon métier. Ça m’a fait du bien.

Avez-vous participé au stage de l’UNFP ?Non. Tout de suite après le championnat, je ne me suis pas inscrit parce que je pensais retrouver quelque chose. Ensuite, j’étais parti dans une optique où j’avais besoin d’avoir ma femme, mes enfants et mes potes autour de moi. Ils ont pris de mes nouvelles par téléphone, ils ont joué leur rôle, mais je n’ai pas fait le stage.

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Propos recueillis par Quentin Moynet

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