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Johan Passave-Ducteil : « J’agace mes coéquipiers avec le foot »

Propos recueillis par Ali Farhat
Johan Passave-Ducteil : « J’agace mes coéquipiers avec le foot »

Dimanche dernier, la JSF Nanterre, le club de basket qui déjoue tous les pronostics depuis quelques saisons, a remporté l'Eurochallenge dans la salle de Trabzonspor. Une victoire au bout du suspense, acquise grâce à une passe décisive de son pivot, Johan Passave-Ducteil. Le totem de la JSF qui, il y a quelques années encore, ne jurait que par le ballon rond.

Raconte-nous les toutes dernières secondes de cette finale d’Eurochallenge face au Trabzonspor…

Il restait onze secondes au moment de la remise en jeu. On était menés d’un point. Le coach avait demandé un temps mort, il avait appelé un système pour décaler Kyle Weems qui avait mis les gros shoots pour nous permettre de revenir en fin de quatrième quart-temps. Et la seconde option était de faire sortir Jamal Shuler. Remise en jeu, Weems a le ballon, tout se passe comme prévu, sauf qu’en face, les mecs défendent hyper bien. Il me fait la passe. J’arme, en pensant qu’il faut tirer, mais finalement, je vois Joseph Gomis qui est mieux placé, je la lui passe, Gomis la passe à Campbell qui shoote…

… Et il rate, sauf que tu te bats pour aller chercher le rebond entre deux mecs.

Comme je ne suis pas le plus grand des intérieurs, je la tape une première fois pour ramener la balle vers moi. Je l’attrape en deux temps, j’arrive à faire un pied de pivot, je m’oriente vers le cercle et je fais la passe à T.J. Campbell…

Cette passe, c’est de l’instinct, ou bien tu savais déjà que Campbell viendrait là ?

Un peu des deux, en fait. Au moment où je fais la passe à Gomis, j’ai vu qu’il ne restait plus que sept secondes de jeu. Lorsque Campbell prend son shoot, je sais qu’il ne reste vraiment plus beaucoup de temps. Tout s’est enchaîné très vite : par instinct, je suis allé vers le cercle, en me disant qu’il y aurait peut-être quelqu’un, je prends un rebond entre deux personnes, donc j’allais pas avoir un shoot facile. D’où la passe.
Vidéo


Nanterre marque le panier décisif à 1/10e de seconde de la fin. Tout le monde est content, mais ce n’est pas fini…

Les arbitres nous calment, pour regarder la vidéo. Tu es euphorique, donc tu penses que rien ne peut t’arriver. Mais voilà, tu joues un Final Four à l’étranger, il y a l’arbitrage maison, donc on ne sait jamais… Ce furent les plus longues minutes de ma vie. Et puis finalement, l’arbitre a validé le panier, explosion de joie.

Mais normalement, si tu regardes la vidéo une fois, tu sais. Là, on vous a fait attendre plusieurs minutes…

De ce que j’ai entendu, il y a eu des visionnages de différents angles. Avec le premier angle, c’était bon, le panier était validé. Sur un autre ralenti, avec un autre angle, on n’était plus sûr. Avec une troisième vidéo, sur un troisième angle, c’était de nouveau bon. Et c’est pour ça qu’on a gagné.

Tu es arrivé à la JSF Nanterre en 2010. Tu as connu des succès, comme le championnat de Pro B, la montée en Pro A, le titre en Pro A, la Coupe de France, maintenant l’Eurochallenge… Il y a beaucoup d’engouement autour de votre équipe, mais t’en as pas un peu marre qu’on parle toujours de vous comme un petit poucet créant constamment l’exploit ?

Quand on gagne le championnat en 2013 alors qu’on est 8es de la saison régulière, je comprends qu’on parle d’exploit. Mais ceux qui, depuis ce titre, nous appellent encore « les petits poucets » ne connaissent pas assez bien le basket. Ça fait cinq ans que je suis ici, il y a une ossature, on a juste changé quelques joueurs. On n’a pas le plus gros budget, c’est vrai. Quelque part, on reste un petit. Mais pas sur le plan sportif. Ça fait cinq ans qu’on répond présent, on figure bien dans les compétitions nationales, voire en Europe. C’est un peu fatiguant, et c’est dommage. Avec le temps, on espérait un peu plus de reconnaissance… Tant pis, on continuera à s’exprimer sur le terrain. Ça, on sait très bien le faire.

Avant Nanterre, tu étais à Limoges, à Saint-Étienne et au Paris-Basket Racing. Mais avant ça, tu jouais au foot…

J’étais au CFFP (Centre de formation de football de Paris, ndlr), à côté d’Orly. J’ai joué là-bas des poussins jusqu’en U15. Mon oncle entraînait là-bas, et j’y suis resté, même après avoir déménagé dans le 13e arrondissement de Paris.

T’étais déjà plus grand et plus puissant que la moyenne…

Je faisais déjà 1,85m, à peu près. Le truc, c’est que j’aimais jouer devant, mais plus les années passaient, plus on me reculait sur le terrain, et ça, ça m’énervait. Je n’étais pas le plus technique, mais j’avais une bonne frappe de balle et un bon jeu de tête. J’étais têtu, je ne voulais pas comprendre. Je voulais m’amuser. En basket, c’est la même différence que lorsque tu joues sur un playground et en club. Du coup, je ne jouais plus au foot qu’avec mes potes. Mais j’ai de bons souvenirs : en U13, je m’éclatais. On jouait sur demi-terrain, je claquais des frappes de 20 mètres, j’avais l’avantage sur tout le monde sur les coups de pied arrêtés… Comme je faisais deux ou trois têtes de plus que les autres, le foot, quelque part, c’était facile pour moi… Ce que j’aimais, c’était marquer des buts et faire des célébrations.
J’ai besoin de consommer du foot. Que ce soit regarder des matchs, jouer à la console… Ça me fait beaucoup de bien.

Tu as de jolis souvenirs de cette période ?

Je me souviens d’une fois où j’avais provoqué un penalty, et je voulais absolument le tirer, même si ce n’était pas à moi de le faire. Le capitaine de l’équipe qui était le fils du coach et qui les tirait d’habitude, me l’a laissé, il a vu que j’avais vraiment envie. C’était cool, d’autant plus que le CFFP, comme son nom l’indique, c’est un centre de formation, donc discipline, on respecte les règles, pas de chamailleries, etc. Sinon, j’ai marqué des triplés, mais jamais de quadruplé.

Et comment tu t’es retrouvé dans le basket ?

Avant le basket, j’ai traversé ma « période » handball. J’y jouais au collège, à l’A.S. Et puis ensuite, il y a deux surveillants du collège qui m’ont convaincu de faire du basket. Un peu comme tout le monde, j’ai commencé sur un playground, dans les différents centres sportifs du 13e, comme le stade Carpentier par exemple. Et quelques années plus tard, je me retrouve à jouer l’Euroligue avec Nanterre dans mon quartier (Nanterre a joué ses matchs d’Euroligue à la Halle Carpentier, ndlr). C’est fou ! Surtout que je n’ai commencé le basket qu’à 17 ans. Avant ça, pour moi, le basket, c’était Space Jam, c’est tout. Au début, j’étais en cadets région, puis quand j’ai commencé à progresser, je me suis retrouvé en cadets France. Et c’est là que j’ai rencontré des mecs comme Xavier Corosine (futur coéquipier à Nanterre, ndlr) et Thomas Laroukis. Moi, je me sentais très nul, mais en fait, je progressais plus vite à leur contact. Ensuite, ma mère m’a mis dans une colonie de basket, à Arles-sur-Tech, là où l’équipe de France préparait ses compétitions (avant l’INSEP, ndlr). Et le comble, c’est que deux agents marseillais ont flashé sur moi et m’ont dit qu’ils allaient faire de moi un joueur de basket.

Le comble, car tu es un grand fan du PSG. Tu vas souvent au Parc ?

Plus jeune, j’y allais parfois, avec mon club du CFFP. Sinon, le match contre Metz il y a quelques jours, c’était mon premier de la saison. Mais il m’est arrivé de voir quelques affiches au cours des années précédentes, en Ligue des champions, mais aussi contre Marseille, Monaco… Après, ça dépend du calendrier. Mais à l’époque où je jouais à Saint-Étienne, j’avais la chance de jouer le vendredi, du coup, je prenais le train le lendemain si Paris jouait à domicile. Tout ça pour aller voir Pauleta. Mais il m’arrivait aussi d’aller voir jouer l’ASSE et mon pote Mohamadou Dabo, avec qui j’étais au lycée.

Quelle place a le foot dans ta vie ?

Le football, tout comme le golf, d’ailleurs, c’est un sport qui me permet de m’évader. J’aime bien taquiner le ballon. Même sur le parquet, je tape des jongles. J’ai besoin de consommer du foot. Que ce soit regarder des matchs, jouer à la console… Ça me fait beaucoup de bien.

Et tu n’es pas frustré de ne pas jouer plus souvent ?

J’essaye de jouer à l’intersaison. Ce ne serait pas bien vu de se blesser en pratiquant un autre sport que le mien.

Il y a des fans de foot à Nanterre ou pas ?

On va dire que je les agace avec mon foot (rires). On me reproche même d’avoir plus de connaissances en foot qu’en basket, c’est te dire. Mais dès que mes coéquipiers veulent savoir un résultat, ils me demandent. Ou bien quand certains viennent au stade avec moi, je leur explique un peu les règles, la tactique…

Tu parles des joueurs français ou des américains ?

Les Américains, surtout. Ils sont curieux. Le lendemain, à l’entraînement, je leur montre comment on fait une passe, un plat du pied… En revanche, clairement, les pieds, c’est pas ça pour eux.
Au Partizan, dès notre arrivée à l’aéroport, on était sous escorte policière. Et à l’entrée de la salle, il y avait un panneau « Interdit aux armes« …

Il y a des choses du football qui te sont utiles en basket ?

Ma mobilité, mes changements de direction, par exemple. Si je suis aussi mobile pour mon gabarit, c’est grâce au football. Je suis petit pour mon poste, mais je fais quand même deux mètres aujourd’hui. Je fais partie des « grands rapides » , et c’est clairement un avantage. Sinon, l’anticipation aussi, et la capacité à utiliser mes jambes pour dévier une passe facile. D’ailleurs, juste avant le Final Four de l’Eurochallenge, on jouait contre l’équipe italienne des New Basket Brindisi. À un moment, pour éviter un panier facile, j’ai mis ma jambe en opposition sur une passe. Ça a redonné 24 secondes à l’adversaire, mais ça nous a un peu sauvés. C’est un réflexe.

Pour revenir aux stades, tu as vu quoi comme rencontres à Geoffroy-Guichard ?

J’ai eu la chance d’assister à un derby contre Lyon. Même si je suis parisien, honnêtement, Geoffroy-Guichard, c’est la folie. Gerland, c’est pas mal, mais malheureusement, c’est ouvert. Mais sinon, le Chaudron, je le conseille à tout le monde. Il faut le faire au moins une fois dans sa vie.

T’as fait quelques grosses salles en basket, notamment en Euroligue. C’est quoi la différence au niveau des sensations ?

C’était une claque. En France, les deux seules salles qui m’ont impressionné, c’est Pau et Limoges. Mais c’est incomparable avec ce que j’ai vécu en Euroligue. Le Partizan, c’était dingue, Barcelone, pas mal non plus, Fenerbahçe, c’était une salle NBA. En Eurocup, les clubs allemands, c’était vraiment bien. Dommage qu’on n’ait pas ça en France.

L’ambiance la plus chaude, c’était où ?

Au Partizan. Dès notre arrivée à l’aéroport, on était sous escorte policière, ça nous a mis la pression direct. La salle était hyper hostile. J’étais blessé, mais j’avais accompagné le groupe. Au coup d’envoi, le lâcher de papiers et de confettis après le décompte, c’était la folie. Abusé ! Impossible de se concentrer. C’est d’ailleurs à cause de ce match qu’on ne va pas au top 16, on perd trop largement. Et il y avait aussi un panneau « Interdit aux armes » . Je n’avais jamais vu ça. Qu’est-ce qu’un tel panneau vient faire ici ? C’était intimidant.

T’as jamais ressenti ça dans un stade de foot ?

Saint-Étienne contre Lyon, là aussi c’était chaud. Différemment, mais chaud quand même. Tu sens qu’ils se détestent beaucoup. Après, je comprends. Quand je vais au Parc, moi aussi je crie dans tous les sens, des « Bouge-toi » , etc. Gregory van der Wiel par exemple, c’est un peu frustrant, surtout quand tu sais que le type peut être très bon. J’étais bien content pour lui quand il a marqué contre Metz. Même si pour moi, c’est le gardien qui le lui donne (rires). Et puis ses centres… Vivement que Serge Aurier revienne.
Barça-PSG : comme au bon vieux remontant

Propos recueillis par Ali Farhat

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