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Jean toque tôt

Par Arnaud Clement
Jean toque tôt

Complètement obnubilé par sa réussite chez les pros et son perfectionnement entrainement après entrainement, Corentin Jean est en train de se faire un petit nom en L1, après avoir claqué un doublé à 17 ans. Portrait d'une machine.

A Blois, on a l’habitude de donner au milieu professionnel année après année quelques joueurs défensifs pas dégueulasses. Kuami Agboh (ex-AJA) il y a quelques années, Ahmed Kantari (Brest) ou les frères Aly (Valence) et Issa Cissokho (Nantes), la tradition est bien ancrée. Sauf qu’elle se retrouve soudain chamboulée par l’émergence d’un jeune merdeux de 17 ans, en train de niquer la réputation maison à grands coups d’accélérateurs dévastateurs façon Lavezzi et de buts précoces en Ligue 1. Son nom : Corentin Jean. L’un des trois minots pas encore en âge de voter dont le nom résonne autant que les cloches du Vatican depuis une semaine, en compagnie de ceux de Neal Maupay et Adrien Rabiot. On le présente comme un futur grand. « Je ne suis pas Ancelotti, je n’en ai pas eu des dizaines de jeunes joueurs, mais c’est la première fois que j’en vois un comme lui » répète d’ailleurs à qui veut l’entendre Jean-Marc Furlan, le coach troyen. Mais qu’en est-il vraiment ? A en croire Philippe Bergeroo, sélectionneur national des U18, ou ses deux éducateurs au Blois Football 41, il a la dalle.

Il faut pourtant quelques années au poids plume d’1,70 m pour se faire repérer alors qu’il empile les pions dans son petit club du Loir-et-Cher de l’US Chemery. Parfois blessé, donc passé au travers des sélections de jeunes, celui qui est tout de même dans le viseur du district attire l’œil de Laurent Gatay, responsable préformation pour le club blésois : « Ce n’était pas un phénomène, mais il y avait du potentiel, des qualités à travailler. » Ça tombe bien, le garçon est un affamé, un stakhanoviste obnubilé par l’envie de devenir un buteur parmi les grands. « Ça nous arrive de passer dans la section sport-études pour faire un rappel aux jeunes de l’importance des études, du travail au vu des difficultés à percer dans le milieu professionnel. Mais lui ne lâchait rien. Quand on lui demandait ce qu’il ferait plus tard, la réponse était toute trouvée » rigole aujourd’hui son éducateur en U15 inter-régions, Arnaud Aurouet. Beau scénar’ pour un happy-end à la Disney ? La suite lui donne en tout cas pour le moment raison.

Rennes n’en veut pas

Sa première année à Blois aurait pu être celle des illusions perdues. Le bonhomme né en 1995 doit alors s’adapter à un nouvel environnement, un autre niveau, des mecs qu’il ne connait pas… « Même s’il avait la rage de vaincre et se dépouillait déjà à l’entrainement, même si on jouait sur un terrain pourri, il y avait plus fort autour de lui en U14 » se souvient Laurent Gatay. Malgré tout, ce petit quelque chose qu’il cultive attire la curiosité du Stade Rennais, qui l’appelle alors avec l’un de ses coéquipiers de l’époque pour deux jours de test à la Piverdière. « On l’avait intégré aux jeunes du centre de formation pour voir ce qu’il donnait. Il devait aussi passer des tests. Il avait d’ailleurs brillé sur les épreuves physiques, mais Rennes ne l’a pas gardé. Peut-être car il y avait encore des doutes quant à son évolution ou sa marge de progression » rafraîchit Laurent Gatay, présent sur place au moment des faits. Beaucoup ont dit qu’il avait été recalé pour ne pas être entré dans les canons physiques de l’époque. Qu’en est-il ? « Ça n’engage que moi, hein, mais le fait d’avoir vu un petit gabarit aux côtés de son papa, qui est aussi assez petit, ça a peut-être freiné les formateurs pour un profil d’attaquant. »

Et pourtant, Corentin Jean revient de la Bretagne avec la même envie de se perfectionner, de devenir le meilleur. Sa deuxième année à Blois sera d’ailleurs celle lui permettant de décoller pour l’ESTAC. Arnaud Aurouet, son coach d’alors, se souvient lui aussi particulièrement de cette soif de victoire qui l’animait, au point de l’en rendre presque malade : « Il y a d’abord ce dernier match de la saison, qui nous permet d’être champions si on le remporte. Et avant la rencontre, je vois son regard. Je le trouve limite en état de transe, il fait presque peur à voir. Sauf qu’en vingt minutes, il nous colle deux buts et règle l’affaire. Ensuite, il y un moment sur la fin de saison qui m’a particulièrement marqué. On fait les derniers entrainements, sans pression, à la cool. Pour se faire plaisir, on fait une séance de reprises de volée. Et là, je l’ai vu enquiller, enquiller, enquiller… C’était du très haut niveau. Ce qui m’a marqué, c’est qu’il n’y avait aucune pression. Mais lui faisait toujours la chose à 200%. »

« Des gamins comme ça pour le foot français »

Subjugué par ses qualités, que les autres n’ont pas encore su flairer, l’ESTAC le fait signer dans l’Aube en 2010, où il s’adapte de nouveau sans encombre à un autre niveau, de nouveaux partenaires, etc. Le refrain est aussi connu qu’une chanson de Chantal Goya. Ceci amène bien évidemment Jean-Marc Furlan à se pencher sur son cas, pour aujourd’hui faire de lui presque le numéro 1 dans la hiérarchie d’attaque. Mais il n’est pas le seul puisque les sélectionneurs des équipes de France de jeunes le prennent eux aussi sous leur aile. D’abord Jean-Claude Guintini, puis Philippe Bergeroo, qui le côtoie depuis cette année avec les U18. La Berge a été très agréablement surpris par petit Jean : « Je le vois pour la première fois pour un match contre l’Autriche. Je l’avais mis côté droit et il a été exceptionnel. On gagne 4-1 et il est à l’origine de deux buts. Mais plus que ça, quel état d’esprit ! Bon, offensivement, il prend l’initiative, pas de problème. Mais défensivement, s’il faut faire une course de 70 m pour rattraper le latéral qui monte, il le fait et peut répéter les efforts. Il est d’ailleurs très fort sur les transitions, à rapidement presser haut le porteur une fois le ballon perdu. »

Si l’ancien gardien international lui conseille tout de même de bosser sa maitrise émotionnelle, surtout dans les temps faibles, celui-ci se montre plus avare en compliments à son sujet, louant cette qualité d’écoute lui permettant de progresser toujours plus ou son envie de toujours bien faire. D’ailleurs, à vrai dire, il ne se fait « guère de souci pour lui malgré sa jeunesse » . Au moins pour deux raisons. La première ? « C’est quelqu’un de vraiment bien humainement. Ce sont des gamins comme lui qu’il nous faut pour le football français. Il faut toujours faire attention à cet âge-là, mais lui a vraiment la tête sur les épaules » insiste Bergeroo. Secundo, en trois matchs avec la sélection, il a affolé pas mal de compteurs, comme nous le détaille son sélectionneur : « A chaque rencontre, des spécialistes de la cellule recherche de la FFF installaient des capteurs pour effectuer tout un tas de relevés. Que ce soit en termes de VMA, de répétitions d’efforts, de vitesse balle au pied ou de répétitions des accélérations avec le ballon, il fait partie de ces joueurs qui présentent toutes les caractéristiques pour rejoindre le haut niveau. » Un avis qui pourrait bien faire tilt chez les amateurs de Football Manager.

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