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Jean-David Beauguel : « La nourriture tchèque, c’est bourratif »

Propos recueillis par Lhadi Messaouden
Jean-David Beauguel : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La nourriture tchèque, c&rsquo;est bourratif<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Toulousain de formation, marseillais de cœur et pragois depuis l'année dernière, JD Beauguel est ce qu'on peut appeler un « baroudeur » des terrains. Sauf qu'à 23 ans, avant l'Eredivisie et Pavel Nedvěd, on tombe parfois dans des traquenards. Et Beauguel l'ouvre.

Dimanche 23 août dernier, notre ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a été victime d’un petit malaise alors qu’il était en visite ministérielle à Prague. Alors c’est fatiguant, la vie en République tchèque ?

C’est une autre culture. J’ai vécu un an en Hollande, les gens sont très accueillants. Ici, ils sont plus refermés, ils vous regardent un peu bizarrement. Les Tchèques n’ont pas la joie de vivre, enfin pas tous. Moi, je viens de Marseille, et la comparaison est saisissante. J’ai pris des cours pour apprendre la langue, mais c’est très dur, il y a des lettres supplémentaires. Ce n’est pas du tout évident ! Je connais les mots à utiliser sur le terrain, mais en dehors, c’est trop dur. Depuis l’an dernier, j’ai envie de rentrer en France. Je suis parti de chez moi à l’âge de 16 ans. J’ai toujours tenu le coup mentalement, mais là, j’ai besoin de rentrer. J’ai l’impression de ne pas avoir de vie en dehors du foot. J’ai un très bon club, avec un coach qui veut me faire progresser, mais j’ai le mal du pays. J’ai besoin de voir mes amis, ma famille. Ce n’est pas un caprice.

Comment c’est, la capitale ?

La ville est magnifique ! Une des plus belles d’Europe. C’est notamment pour ça que je suis venu. Il y a énormément de monuments, de trucs à voir. Ça bouge énormément, beaucoup de touristes. On sort, on rencontre du monde avec mes coéquipiers. On voit des gens qui viennent du monde entier, on échange énormément et c’est vraiment intéressant.

Tu es né à Strasbourg, il paraît que c’est pas mal non plus…

J’ai grandi avec ma mère qui était responsable de vente, et ma grand-mère, qui était à nos côtés. Elle a toujours fait en sorte que je ne manque de rien. Un jour, elle a été mutée à Marseille, donc je me considère davantage comme marseillais que strasbourgeois. L’OM, c’est mon club de cœur. Mon premier match au Vélodrome c’était un Marseille-Bastia, il y avait encore Fernandão. C’était en 2003, il me semble. Je suis toujours devant les matchs.

En parlant de l’OM, qu’est-ce que t’as pensé du départ de Bielsa ?

Abasourdi par son départ. J’étais au téléphone avec un pote, il me parlait, mais je ne calculais plus ce qu’il disait quand j’ai lu que Bielsa partait. Même mes coéquipiers ici en République tchèque m’en ont parlé. Avec Michel, on verra. On avait un nouveau projet avec Bielsa, beaucoup de spectacle. S’il arrive à apporter sa touche, ça devrait être pas mal.

Ton premier contrat pro, c’est à l’Espérance de Tunis que tu l’as signé, en 2012, à seulement 20 ans. C’est fort comme décision à un si jeune âge !

À l’époque, mon agent me disait que Tours et l’Espérance étaient intéressés par moi. Je me suis dit que c’était l’occasion de partir là-bas, pas très loin de Marseille et pour l’une des meilleures équipes africaines. Une belle opportunité, d’autant plus que j’étais jeune.

Comment c’était la vie là-bas ?

Je suis arrivé dans un pays qui sortait tout juste de la révolution. C’était un peu le désordre au niveau de l’organisation des championnats. Il y avait encore les séquelles de la révolution, avec des check-points et des endroits encore endommagés. C’était un peu triste. C’est une belle ville, Tunis, c’était dommage de voir la ville dans cet état. D’autant que j’y étais allé à plusieurs reprises avant…
Je ne suis pas un Inzaghi, mais il ne me faut pas beaucoup d’occasions pour marquer et j’inscris énormément de buts de l’intérieur de la surface.

Comment tu as été accueilli par les fans ? En tant que Français dans un club où l’héritage français est important, Roger Lemerre ayant entraîné là-bas par exemple.

J’étais l’inconnu. J’avais eu un seul coup d’éclat avec Toulouse (un but pour son premier et unique match au Téfécé, ndlr), mais l’accueil a été fou. Mon premier entraînement, il y avait des supporters qui hurlaient mon prénom. C’était de la folie. J’ai appelé ma mère derrière pour lui faire part de mon étonnement. Le premier match de l’équipe que j’ai vu, l’ambiance était folle. Des fumigènes, des chants, tambours, banderoles, etc. Incroyable. J’adore ce genre de choses. Les supporters montaient dans notre bus pour une photo, un autographe…

Mais le coach ne te fait jamais fait confiance, tu ne joues pas un seul match officiel, et l’équipe ne tourne pas très bien…

Je devais remplacer un attaquant suisse, Yannick Ndang. C’était en milieu de saison. Le coach était content de me voir arriver. Mais après deux mois, je suis allé le voir pour savoir quand j’allais jouer. Il m’a rassuré. La même semaine, j’ai rencontré le directeur sportif du club pour lui demander un service. Il m’a expliqué qu’on s’était occupé de mon cas et que je n’allais pas rester. J’étais là depuis deux mois, je n’ai rien compris. Je vais voir mon coach, et il me dit que « c’est le football » . J’étais déboussolé, je n’avais pas joué un match officiel. Je ne faisais presque plus partie de l’effectif. Je m’entraînais seul, je jouais avec la réserve, alors que je n’avais pas signé pour ça. Il me suffisait d’une excuse bidon pour avoir des jours de repos supplémentaires. Les supporters aussi ne comprenaient pas ce qu’il se passait.

Tu as été d’autant plus malchanceux que tu n’as connu qu’un seul coach pendant ton année de contrat, alors que depuis 2007, 19 sont déjà passés à la trappe…

Ce club est un truc de malade. Il y a trop de business derrière. C’est un club immense avec une vraie histoire. Mais il se passe des choses, notamment avec le directeur sportif, Riadh Bennour, qui a fait des choses qui ne sont pas permises. Ce monsieur, qui ne mérite pas d’être dans ce club, il a fait des avances à ma mère. Je n’en ai jamais parlé jusqu’ici, je ne voulais pas faire d’histoires. Une fois, ma mère l’a contacté, car j’avais besoin d’un papier et je n’arrivais pas à le joindre. Elle lui a expliqué et en a profité pour prendre de mes nouvelles auprès de lui. Il lui a dit que j’allais bien et que lorsqu’elle arriverait, il l’inviterait au restaurant, qu’elle était une très belle femme. Je m’arrête là. Mais ce qu’il a fait ne se fait pas. Heureusement, il y avait Hocine Ragued, un ancien du PSG, qui m’a beaucoup soutenu. Comme un grand frère. Il m’a conseillé et aidé.

Tu pars ensuite pour la première division néerlandaise, au RKC Waalwjik, encore un choix étonnant…

Mon agent de l’époque m’avait promis beaucoup de choses. Quand j’ai voulu resigner mon contrat, il m’a laissé m’occuper de tout sans m’aider. Il est juste venu quand il y a eu la signature de séparation. Pendant ce temps, il devait me négocier un contrat avec Le Havre, mais il ne m’a jamais rappelé, et ce, malgré mes relances. J’ai dû trouver un autre club. J’ai atterri au Cannet-Rocheville, je m’entraînais là-bas en attendant. Ils m’ont bien aidé et je les remercie au passage pour leur accueil. Ça m’a fait du bien de côtoyer un peu le foot amical. Ensuite, j’ai fait des essais au Portugal, en Belgique, puis en Hollande au RKC. Ils recherchaient un second attaquant. Lors du premier match, l’attaquant titulaire se blesse : il se fait les croisés. Résultat, le directeur sportif me dit de rester, et l’aventure a commencé à partir de là. J’ai passé un an dans ce club et ça s’est vraiment bien passé. J’ai vraiment kiffé. On avait un petit stade, mais une vraie ambiance. Malheureusement, le club est descendu en deuxième division et j’ai dû partir.

Aujourd’hui, à Prague, tu marques beaucoup de buts de renard de l’intérieur de la surface, alors que tu as une corpulence impressionnante (1m96) qui pourrait suggérer un jeu plus en puissance. Cette technique, tu l’as toujours eue ?

Je ne suis pas un Inzaghi. Mais effectivement, il ne me faut pas beaucoup d’occasions pour marquer et j’inscris énormément de buts de l’intérieur de la surface. Je m’appuie surtout sur mon jeu aérien et ma puissance physique. J’essaie de servir de point d’appui pour mes coéquipiers pour faire remonter le bloc équipe. Je ne suis pas très rapide, mais ça va, je cavale bien je pense. J’essaie de me servir de mon physique au maximum, mais on me fait la remarque que je pourrais m’en servir davantage. Je travaille dans ce sens. Puis techniquement, je m’en sors.

Ce jeu plus technique que la moyenne du championnat, c’est plutôt normal pour un club qui a fait signer son premier contrat pro à Pavel Nedvěd…

On a des joueurs plutôt bons techniquement. On a un coach qui prône un jeu offensif et collectif. Ce n’est pas pour rien qu’on a terminé sixièmes la saison passée, soit le meilleur classement de l’histoire du club. On propose du jeu et on est l’un des rares à le faire dans le championnat.
Des fois je mange, et je me demande comment on fait pour en mettre autant dans l’assiette !

Quelles sont tes influences dans le jeu ?

Le joueur qui m’a vraiment fait rêver, c’est Ronaldinho. Je passais mon temps à imiter ses gestes avec un pote. Je sais que je n’ai pas le talent de ce mec, mais il m’a inspiré avec ses buts, ses dribbles. Je regardais beaucoup Thierry Henry, Adebayor et Guillaume Hoarau quand il était au PSG. Alors oui, c’est un Parisien et moi un Marseillais, mais je peux quand même regarder des joueurs qui ont mon profil pour m’en inspirer, non ?

Et la cuisine ? Il paraît que c’est plutôt costaud, avec beaucoup de crème fouettée et de bière…

C’est assez bourratif, tu vas au resto, on t’amène une assiette bien remplie. Des fois je mange, et je me demande comment on fait pour en mettre autant ! Bon, je ne fais pas ça tout le temps. C’est occasionnel, il n’y a pas mort d’homme.

Où situerais-tu le championnat tchèque par rapport à l’Eredivisie et la Ligue 1 ?

C’est un championnat globalement très physique, excepté pour les clubs du haut de tableau, notamment ceux qui visent les Coupes d’Europe. Les autres balancent beaucoup et proposent des matchs un peu casse-pipes. L’Eredivisie, c’est plus précis, plus spectaculaire, un peu comme le championnat anglais. Je dirais que c’est de la Ligue 1 pour les grosses équipes et Ligue 2 voire National pour les autres.

Et au niveau des infrastructures ? Il paraît que l’un de tes buts a été refusé à cause d’une panne de courant…

Oui, c’était un beau but en plus ! Une frappe des 25 mètres, du gauche. On jouait, il faisait très froid, et il y a eu une première panne de courant. On rejoue derrière, je marque. Et à nouveau une panne ! On revient après, mais une troisième panne et le match est annulé. J’ai eu la haine…

Avant d’arriver au Dukla, tu avais fait une vraie préparation militaire en perdant 3kg, qu’est-ce que tu serais prêt à faire pour revenir jouer en France ?

J’ai eu des contacts avec des clubs de Ligue 1 il y a un an. Ils devaient venir me voir jouer l’an dernier, d’où ma préparation intensive. Mais je me suis blessé et ça a gâché ma saison. Maintenant, les équipes s’interrogent sur mon niveau, elles ne veulent pas prendre un gars dont ils ignorent tout. Je vais tout faire pour être performant cette saison afin de partir cet hiver.
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Propos recueillis par Lhadi Messaouden

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