Il y a quelques mois, Simone Panizzi a reçu le maillot que Ricky Atamai a porté avec Tahiti contre l'Espagne lors de la Coupe des confédérations 2013. Cela a permis à ce passionné italien de compléter son incroyable collection puisque le voilà en possession des paletots des 211 sélections affiliées à la FIFA.

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi

Comment en es-tu venu à débuter cette incroyable collection ?J’adore le foot, je suis le club de Livourne pour des médias locaux et j’ai toujours été attiré par les petites équipes ou sélections. Un jour, je suis allé sur la Riviera romagnola et je suis monté à Saint-Marin juste pour acheter le maillot. Je m’en faisais ramener par mes parents et amis qui allaient en vacances à l’étranger. Puis en naviguant sur Internet, j’ai vu qu’un autre gars avait commencé à faire la même chose. Les petites sélections m’ayant toujours plu, j’ai décidé de relever le défi, c’était en 2012.

Tu n’as mis que cinq ans à compléter ?Oui, disons qu’il y a une soixantaine vraiment compliqués à trouver. Principalement pour une raison de merchandising, il y a des sélections qui jouent tellement peu que les équipementiers ne commercialisent pas le matériel. Il s’agit aussi de pays aux revenus moyens extrêmement bas, personne ne dépenserait d’argent dans un maillot. Au-delà de ça, un paquet de fédérations sont assez mal organisées.

Tu t’es donné des règles ?C’est une question économique à la base, je n’ai pas des fonds illimités pour acheter des maillots. Pour beaucoup, le seul moyen de les avoir est de se les faire envoyer par la fédé et surtout par des joueurs qui l’ont utilisé pendant quatre ou cinq matchs. C’est l’unique façon d’avoir un maillot officiel, car il faut faire attention, il y a beaucoup de contrefaçons, puisque beaucoup se sont mis à faire cette collection ces dernières années. Certains en profitent et sur eBay, vous trouvez les maillots en vente, mais il s’agit souvent de personnes achetant les maillots neutres Adidas ou Nike sur lesquels ils cousent le blason de la sélection. C’est d’ailleurs ainsi que sont faits les maillots de certaines petites sélections asiatiques ou africaines, mais si vous tombez sur un vendeur qui en vend dix, ce sont forcément des faux.

Sur eBay, il s’agit souvent de personnes achetant les maillots neutres Adidas ou Nike sur lesquels ils cousent un blason.

Donc tu es passé quasi exclusivement par les fédés et les joueurs ?J’ai envoyé des mails à toutes les fédérations qui m’intéressaient et en back-up, j’ai traqué les dirigeants sur les réseaux sociaux. Beaucoup de fédérations n’ont même pas un site internet, mais les organigrammes figurent sur le site de la FIFA. Pour les joueurs, il y a des sites qui répertorient les internationaux, j’ai 2000 amis sur Facebook dont 1400 joueurs. L’algorithme des amis en commun m’a bien aidé. J’envoyais des messages en résumant mon initiative, beaucoup m’ignoraient et certains répondaient, je proposais de payer les frais de port voire les maillots, mais pas non plus à des prix exorbitants. Il y avait des dirigeants qui cherchaient à arrondir les fins de mois, on m’a demandé 1000€ une fois.

Il paraît que les adversaires des sélections t’ont parfois aidé.C’est le cas du maillot de l’Arménie que j’ai récupéré via Giorgio Chiellini qui est de Livourne comme moi et avec qui j’ai des connaissances en commun. Il l’avait affrontée avec l’Italie. Idem pour le maillot du Mexique qu’il a joué en Coupe des confédérations.

Et si ces techniques ne fonctionnent pas ?Les ambassades ! C’est comme cela que j’ai eu celui du Koweït, via l’ambassade de Rome, pareil pour l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan. À l’inverse, l’ambassadeur italien en Syrie m’a fourni le maillot de cette dernière. Pour les envois, ce n’est pas toujours simple, dans certains pays, c’est compliqué de trouver une Poste, sans parler de la douane qui s’en mêle. J’ai des paquets qui y restaient bloqués des semaines.

Quel a été la plus difficile à trouver ?En Europe, c’était assez accessible, idem pour l’Amérique du Sud. En Amérique centrale, c’est plus laborieux avec les îles des Caraïbes. C’est aussi une question de chance, il faut tomber sur le gars qui a envie de perdre du temps avec toi, qui est fiable et qui ne t’enrhume pas pendant deux mois pour finalement disparaître. Ces sélections jouent peu de matchs et ce sont des pays très peu peuplés. Il fallait que je me souvienne du prochain match qui était parfois quatre mois plus tard, vérifier si le joueur est convoqué, envoyer un message de rappel. Le top c’est de tomber sur des mecs qui jouent en club en Europe et qui peuvent te l’envoyer plus facilement une fois rentré. Celui de la République centrafricaine a vraiment été difficile à trouver. Après y a le cas de l’équipementier AMS, selon moi c’est un gars qui faisait des faux maillots et qui a monté sa boîte, il fait ceux de l’Erythrée et du Soudan du sud. L’Éthiopie aussi c’était chaud, l’équipe même joue parfois avec des faux maillots. Enfin, la Somalie, je pense être le seul à avoir une vraie version. Cela a mis plusieurs années via un dirigeant de la Fédé qui me l’a envoyé de la Suède où il suivait une formation d’arbitre organisée par la FIFA. Je l’ai payé 70€, c’est un des cas où ça valait la peine d’ouvrir le porte-monnaie.

La Somalie, je pense être le seul à avoir une vraie version. Cela a mis plusieurs années via un dirigeant de la Fédé.

C’est quoi ton prochain objectif, les équipes non affiliées à la FIFA ?Celles du fameux Mondial CONIFA ? Il y en a peut-être 1000, c’est sans fin. Disons que j’essaie de remplacer d’anciennes versions par des maillots plus jolis. 

Quand des articles de journaux sont sortis sur ma collection, un garçon italo-somalien m’a contacté car il voulait voir le maillot de son pays d’origine, il ne savait pas à quoi il ressemblait.

Où les conserves-tu ? Chez moi, je me suis équipé de dressings de magasins, ceux à roulettes. Il y a en a 70 bien en vues, les autres sont pliés et catalogués dans des boîtes par continent pour les sortir à l’occasion. J’essaye d’organiser des expos, je ferai celle d’Effetto Venezia qui se passe dans un quartier de Livourne, l’édition 2018 est dédiée au sport, ce sera dans le contexte, donc c’est bien, ça a un sens. J’ai écrit au musée du foot à Coverciano, mais on ne m’a pas répondu. Si ça intéresse quelqu’un, même en France, moi je suis dispo ! Faut juste souscrire une assurance sur le matos. C’est bien beau de collectionner, mais c’est encore mieux de partager. Quand des articles de journaux sont sortis sur ma collection, un garçon italo-somalien m’a contacté, car il voulait voir le maillot de son pays d’origine, il ne savait pas à quoi il ressemblait.

Si tu devais conseiller un maillot particulièrement beau et inconnu ?J’aime beaucoup Antigua et Barbuda, noir avec une bande qui reprend les couleurs du pays. J’aime bien aussi celui du Mali. Ou alors le Bhoutan, c’est le capitaine de l’équipe qui me l’a procuré, il récupérait les maillots et les revendait aux collectionneurs, il m’a aussi envoyé des cartes postales.

Tu as gardé contact avec des joueurs ?Bien sûr, je n’ai pas disparu après avoir reçu leurs maillots, parfois je regarde les résumés des petits matchs sur YouTube. Vladislavs Gabovs, un Letton qui m’a filé plusieurs maillots, est même venu me voir quand il a passé ses vacances en Italie. Chaque maillot a son histoire et son parcours.

Tous ses maillots sur son blog : http://allcoloursoffootball.blogspot.it/

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi

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