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Italie-Argentine 90, le jour où Diego a divisé Naples

Eric Maggiori
Italie-Argentine 90, le jour où Diego a divisé Naples

Ce soir, l’Italie et l’Argentine s’affrontent à Rome, pour un match amical de luxe. L’occasion de faire un bond en arrière de 23 ans, pour remonter à une époque où le public du stadio San Paolo était tiraillé entre supporter l’Italie, ou supporter son idole.

Il y a des matchs, comme ça, que l’on oublie pas. Parce que le scénario est dingue. Parce qu’un but d’anthologie y est inscrit. Parce qu’un geste inoubliable y est réalisé. Le Italie-Argentine disputé lors du Mondial 90, en Italie, n’a rien de tout ça. Pas de scénario fou, pas de but mémorable. Pourtant, cette rencontre, 23 ans après, demeure l’un des moments forts de l’histoire des deux nations. Il faut d’abord se replacer dans le contexte. Nous sommes le 3 juillet 1990. L’Italie et l’Argentine s’affrontent en demi-finale de la Coupe du monde. La Nazionale arrive à cette demi-finale avec une stat impressionnante : elle n’a pas encaissé le moindre but depuis le début de la compétition. En face, c’est l’Argentine de Maradona, championne du Monde, qui se dresse face aux Azzurri. Le Pibe, capitaine de la sélection argentine, connaît mieux que quiconque son adversaire : voilà six saisons qu’il évolue à Naples, club dont il est devenu l’idole et avec lequel il a tout gagné : le Scudetto (1987 et 1990), la Coupe d’Italie (1987) et la Coupe UEFA (1989). Évidemment, comme si cela avait été fait exprès, le match se dispute au stadio San Paolo de Naples. Là où, deux mois plus tôt, Maradona a remporté son deuxième sacre national avec le Napoli, laissant la ville dans un état de joie et d’allégresse exceptionnel. Mais en ce 3 juillet 1990, Diego est dans le camp adverse. Il est l’ennemi. Vraiment ?

Nord et Sud

Lors de cette Coupe du monde italienne, tous les stades sont contre l’Argentine. Lors du match inaugural, perdu par les Argentins face au Cameroun, le stadio San Siro n’a cessé de siffler les joueurs au maillot bleu et blanc. Mais le stadio San Paolo n’est pas un stade comme les autres. Car depuis 1984, Maradona en a fait son stade, sa demeure. Et le numéro 10 n’hésite pas à le rappeler à tous, juste avant le début de la rencontre, histoire de semer le troubler. « Amis napolitains, pendant 364 jours par an, vous êtes considérés comme des étrangers dans votre propre pays. Aujourd’hui, vous devez faire ce qu’ils veulent que vous fassiez, en supportant l’équipe d’Italie. À l’inverse, moi, je suis napolitain pendant 365 jours par an » affirme-t-il. Un message qu’il faut tout de même décrypter. Naples est une ville du Sud de l’Italie. Or, on le sait, en Italie, les relations entre le Nord du pays et le Sud ne sont pas toujours excellentes. Pour faire concis (et un peu réducteur), les gens du Nord sont les riches, la clase sociale supérieure, tandis que ceux du Sud sont les pauvres, souvent traités de « paysans » .

Au cours de ses années à Naples, Maradona a vite assimilé cette différenciation. Il s’est posé en porte-étendard de Naples, et les Napolitains lui sont reconnaissants pour avoir emmené le Napoli au sommet de l’Italie, faisant ainsi la part-belle aux grandes puissances du Nord. « Je me sens plus napolitain qu’italien » nous avait affirmé Paolo Cannavaro, capitaine du Napoli, lors d’une interview accordée en 2011. Ce sentiment est évidemment partagé par une grande partie des habitants de Naples. Voilà pourquoi, à quelques heures du coup d’envoi de cette demi-finale, le public du San Paolo est encore tiraillé. D’un côté, il y a une potentielle finale de Coupe du monde pour la Squadra Azzurra, qui deviendrait ainsi la nation la plus titrée de l’histoire (à ce moment là, elle est égalité avec le Brésil, avec trois sacres). De l’autre, il y a Diego. Diego qui a déjà remporté le Mondial 1986, et qui rêverait d’en remporter une deuxième d’affilée. D’autant plus sur les terres de son pays d’adoption.

Invincibilité brisée 3 juillet, donc. 19h50. Les deux équipes font leur entrée sur la pelouse. Pas de sifflets pour l’Argentine, contrairement à ce qui s’était produit sur toutes les autres pelouses de la pelouse. Diego pénètre dans son antre. Il est accueilli par une belle banderole déployée dans la Curva. « Maradona, Naples t’aime, mais l’Italie est notre pays » . Le choix est fait. Le San Paolo a, quelque part, écouté l’appel des joueurs de la Nazionale. « Ce n’est pas vrai que la ville de Maradona est discriminée par rapport au reste de l’Italie. Les fans n’ont pas besoin de le supporter » avait affirmé Toto Schillaci, qui sait de quoi il parle puisqu’il est né à Palerme, et qu’il joue à ce moment là à la Juventus. Pourtant, malgré la bannière, les tifosi partenopei ne peuvent pas s’empêcher de s’émerveiller à chaque « giocata » , chaque dribble de Diego. Le stade est derrière l’équipe d’Italie, mais, pour la première fois dans cette compétition, l’équipe d’Argentine est traitée avec respect. Et le match, dans tout ça ? Il va être dramatique, au sens premier du terme. L’Italie ouvre rapidement le score par l’inévitable Schillaci. La rencontre est intense, beaucoup de contacts, pas mal de fautes. Au fur et à mesure de la partie, Maradona monte en puissance. À la fin du match, la presse locale affirmera qu’il a disputé là la meilleure prestation de son tournoi. Finalement, à la 67e minute, l’Argentine brise l’invincibilité de Walter Zenga, et parvient à égaliser par Claudio Caniggia. 1-1. Prolongations.

L’Argentine se retrouve à 10 après l’expulsion de Giusti, mais tient bon. L’Italie ne parvient pas à faire sauter le verrou, et il faut s’en remettre à la loterie des tirs au but. Baresi, Baggio et De Agostini ne flanchent pas côté italien, Serrizuela, Burruchaga et Olarticoechea non plus. 3-3 après trois tirs. Donadoni s’élance mais Goycoechea, le portier argentin, détourne magnifiquement la tentative. Le quatrième tireur argentin s’avance. C’est Diego Maradona. Un sentiment inexplicable s’empare de la Curva napolitaine. Depuis six ans, ils vouent un culte sans faille à ce joueur. Ce même joueur qui a désormais l’occasion d’éliminer l’Italie. Des sifflets presque incontrôlées arrivent des tribunes. Mais l’émotion ne submerge pas Diego, qui ajuste Zenga sans trembler. 4-3. Serena n’a pas les nerfs solides, et rate le dernier tir au but italien. L’Argentine est en finale. Les Italiens sont dévastés, le stade est quasiment muet. Maradona, lui, est en transe. Chez lui. L’Argentine s’inclinera quelques jours plus tard en finale contre l’Allemagne. Et Diego quittera Naples un an plus tard. 23 ans plus tard, il demeure toujours le joueur le plus aimé de l’histoire du club. Et peu importe ce 3 juillet 1990…

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Eric Maggiori

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