S’abonner au mag
  • Espagne
  • Copa del Rey
  • Finale
  • Athletic/FC Barcelone

Iraola : « Affronter Ronaldinho en un contre un, c’était un grand défi »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
Iraola : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Affronter Ronaldinho en un contre un, c&rsquo;était un grand défi<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Si aujourd'hui, les médias du monde entier parlent de Xavi, peu d'entre eux pensent à rendre hommage à Andoni Iraola. De nature discrète et réservée tout au long de sa carrière, l'arrière droit de l'Athletic Bilbao – aussi international espagnol – s'apprête à jouer son 510e et dernier match parmi les Leones, en finale de Coupe du Roi contre le FC Barcelone. Interview d'un mythe.

Tu es devenu le quatrième joueur avec le plus de matchs sous les couleurs de Bilbao… Tu comptes t’arrêter quand ? (Rires) Oh tu sais, je ne vois pas tellement ça sous la forme d’un concours de statistiques. Je serai heureux à chaque fois que l’entraîneur décidera de me mettre sur le terrain. Il faut penser à court terme à présent, et voir comment mon corps tolère l’enchaînement des rencontres.

Et pour ton club, c’est une fierté ?

La plupart des joueurs à Bilbao commencent leur formation dans les équipes de jeunes, là où j’ai commencé. Voir ses jeunes espoirs réussir chez les professionnels, c’est toujours une fierté immense. Dans toutes les catégories, je suis vraiment tombé sur des entraîneurs prêts à me faire confiance, à me donner l’occasion de me montrer. Grâce au ciel, je ne me suis jamais blessé gravement, et c’est aussi un facteur essentiel dans ma progression. J’espère que mes jeunes coéquipiers vont eux aussi pouvoir porter les couleurs de l’Athletic pendant de longues années encore. Ils sont talentueux et méritent de porter ce maillot.

Parmi eux, il y a Inaki Williams, né au Pays basque de parents d’origine africaine. Ça montre une nouvelle étape dans la formation de votre club d’après toi ?

Je vais te dire, c’est une excellente chose. Inaki a grandi comme nous tous avec les terrains de foot de la cantera. Il est basque, ses qualités footballistiques sont essentielles à notre jeu, puisqu’il nous aide par sa percussion et ses appels en profondeur. C’est un vrai plus pour l’équipe. Souvent, les étrangers nous perçoivent comme des racistes, des gens méprisant les origines différentes… C’est n’importe quoi ! Ces polémiques sont dues à la mauvaise information des gens : on est très heureux que des joueurs issus de tous les horizons puissent venir jouer au football ici. S’ils veulent venir, nous les accueillons avec grand plaisir. Il faut simplement savoir que pour jouer à Bilbao, grandir au sein de nos centres de formation reste capital. C’est notre seule exigence.

Des gens appellent maintenant leur fils Andoni en référence à toi. Un fan est même venu directement depuis l’Arabie saoudite pour venir vous voir jouer… Comment s’est passée cette rencontre ?

C’était très spécial pour tous les joueurs présents à ce moment-là. Un fan de l’Athletic qui vient d’aussi loin, on se dit que cet homme a beaucoup de passion pour ce que nous faisons. On lui doit beaucoup de respect. Et par conséquent, voir que notre club s’étend dans le monde entier, cela montre aussi que nous restons une région ouverte vers les autres. En Europe par exemple, Bilbao montre une image différente du football du Real Madrid ou du FC Barcelone avec cette identité basque. Avec nos propres idéaux, nous parvenons à ce que des personnes du monde entier se reconnaissent dans notre style et décident de nous soutenir.

Parmi tous ces matchs, il y a le premier chez les pros, un match forcément particulier. Quels en sont tes souvenirs ?

Celui-là, je ne suis pas près de l’oublier. C’était le 30 août 2003, un match de Liga, à domicile contre le Barça… Tout changeait en un seul match : c’était une affiche du championnat, je jouais comme titulaire devant 40000 personnes, contre des mecs que j’avais l’habitude de voir devant ma télé… Pfff, c’était un choc ! Au final, on perd 1-0 sur un but de Phillip Cocu. Même si on avait perdu, c’était une grande joie personnelle.

Tu es arrière droit de vocation. Ton premier marquage à Bilbao, c’était donc… Ronaldinho ?

Pour ce premier match, on m’avait spécialement placé plus haut, en milieu droit. Mon principal marquage, c’était Van Bronckhorst et de temps en temps Luis Enrique. Mais en cours de match, j’ai dû redescendre d’un cran. Et là, oui, il y avait Ronaldinho.

Ah… Et dans ton match, tu as beaucoup souffert ?

(Rires) C’est sûr qu’on pouvait imaginer un début plus tranquille ! Mais j’étais vraiment heureux d’être là, de pouvoir l’affronter en un contre un, c’était un grand défi que j’étais prêt à relever. Je voulais montrer que je pouvais jouer en Primera.

On a souvent tendance à penser que le latéral droit manque de technique et de sens du dribble. Toi, c’est tout le contraire… Comment est-ce que tu peux nous expliquer ce placement si bas dans ton équipe ?

Je pense que le profil des latéraux a énormément changé depuis les dernières saisons. C’est vrai que chez les jeunes, on mettait le joueur le moins doué à ce poste ! Aujourd’hui, c’est complètement différent. Le jeu a changé et les gens savent que pour construire une action dangereuse, il faut partir de derrière. Avoir un défenseur qui manie bien la balle, c’est devenu presque obligatoire à Bilbao. Je crois qu’à ce niveau, le passage de Marcelo Bielsa nous a appris beaucoup de choses. C’est un homme qui veut avant tout bien jouer au football. J’ai beaucoup appris avec lui à mes côtés.

Cette action contre Manchester United à la Cathédrale, c’est énorme ! Vous étiez sur une autre planète à ce moment-là, non ?

C’est vrai qu’on dégageait quelque chose de spécial. On arrive en finale de cette édition-là, avec un collectif très solide. Cette double confrontation contre Manchester United, c’est nos deux matchs références de la compétition. L’action dont tu me parles, je m’en souviens très bien. J’ai même l’habitude de dire à mes amis : « C’est le plus beau but que je n’ai pas réussi à marquer ! » (Rires) Sur le coup, j’étais déçu, mais l’important, c’était de gagner, ce que nous avons fait (2-1).


En Espagne, votre match contre le Barça de Guardiola en 2013 à la Cathédrale, avec Bielsa à votre tête, est l’un des plus beaux matchs de l’histoire (2-2). Tu étais sur le terrain. Quelles étaient tes sensations sur ce match ?

Ce jour-là, nous avons démontré qu’on pouvait regarder le Barça droit dans les yeux, sans aucune crainte. Je me souviens qu’il pleuvait énormément au cours du match, mais cela n’avait pas altéré le niveau de jeu durant le match. C’était à la fois très intense à jouer, mais surtout très agréable. À la fin de la rencontre, on pouvait tous être satisfaits du spectacle démontré à nos supporters, chez le Barça comme chez nous.


De tous tes matchs passés dans la Cathédrale, quel est celui que tu garderas le plus en mémoire ?

J’ai le souvenir d’une demi-finale retour de Coupe d’Espagne, contre le FC Séville, où nous gagnons le match 3-0. En face, il y avait la très grosse équipe de Séville : Luís Fabiano, Kanouté… Ils nous avaient battus 2-1 à l’aller. Et je peux te dire qu’au match retour, l’ambiance était dingue. Vraiment, on avait fait le match parfait.
Vidéo


Tu marques aussi pour le premier match au nouveau San Mamés. Quelle était l’atmosphère ce soir-là ?

Déjà, j’ai beaucoup de fierté d’avoir connu les deux stades. Mes anciens coéquipiers ou la génération future de Bilbao n’auront pas ce privilège. Ce premier match contre le Celta Vigo, nous souhaitions le gagner et nous y sommes arrivés (3-2, ndlr). Par chance, durant le match, je suis arrivé à marquer le but du 2-1 pour passer devant au score. Voir le plus ancien marquer, c’était un petit signe sympa du destin.

Comment ça se fait que Valverde ait eu un peu plus de mal cette saison, alors que l’an dernier vous terminez quatrième ?

Faire partie du top 5 en Espagne, c’est quelque chose de difficile chaque année. Mine de rien, jouer des matchs de Ligue des champions sollicite beaucoup les organismes et empêche de bien se conditionner pour les matchs de championnat. On a très vite oublié de se qualifier pour la prochaine C1, car il y avait trop de retard. Maintenant, il nous reste cette finale à jouer, les objectifs de la saison prochaine viendront après.

Quand tu vois Gerrard partir à Los Angeles, tu aurais envie de faire la même chose ?

C’est une option envisageable, oui. J’aime bien voyager aussi, mais partir en vacances, ce n’est pas vraiment s’imprégner d’une culture comme tu peux le faire en signant dans un club à l’étranger. Dans mes voyages, j’ai beaucoup aimé le Japon. Les Japonais sont des gens très bien éduqués, avec une histoire immense et une cuisine délicieuse… Ils méritent vraiment que l’on s’intéresse à eux, même hors de Tokyo, c’est un pays à découvrir. J’ai passé presque un mois là-bas, c’était très enrichissant.

En dehors de ta carrière sportive, tu as des hobbies ?

Bon, déjà j’aime bien me reposer, mais ça, je crois que tout le monde aime (rires) ! Sinon, j’aime bien la photographie et aussi lire des livres. Pour revenir au Japon, je suis fan des œuvres d’Haruki Murakami. Il parle du monde réel au Japon, dans lequel se produisent des choses plus imaginaires et originales, et où beaucoup de thèmes sont abordés. Les enquêtes policières sont parfois proches du fantastique… C’est un peu surréaliste, comme style.

Ce samedi soir, Bilbao jouera le finale de la Coupe du Roi contre le Barça. Quelles seront les chances de ton équipe ?

Le FC Barcelone part avec un statut de favori, c’est clair. Ils possèdent des joueurs différents des nôtres, avec davantage de possibilités au niveau de l’effectif. Ce sera compliqué, mais il faut rester confiant dans notre jeu.

Côté gauche de l’attaque, ce sera logiquement Neymar pour toi. Comment est-ce que tu comptes le neutraliser, façon Ronaldinho ?

(Rires) Ouais, on va tout faire pour ! C’est un joueur très compliqué à marquer : il est rapide, technique, agile… Le ballon lui colle aux pieds, donc c’est compliqué de ne pas faire faute. Il faudra être attentif mentalement, préparé physiquement pour courir beaucoup, et surtout rester solidaire.

Le club n’a plus été champion d’Espagne depuis 1984, tu avais alors 2 ans. On peut envisager une saison similaire sous peu de temps ou ça te semble impossible ?

Ce sera très difficile de réaliser à nouveau cette performance, d’autant plus avec l’évolution actuelle du football. Les chances sont infimes pour gagner une Liga… L’Atlético Madrid l’a fait la saison passée, mais son effectif est autrement plus fourni que le nôtre. Mais si nous remportons un trophée comme la Coupe du Roi cette année, ou une Coupe d’Europe dans les années à venir, cela pourrait donner un nouvel élan au club.
Dans cet article :
Gerard Piqué : la révolution en pantoufles
Dans cet article :

Propos recueillis par Antoine Donnarieix

À lire aussi
Articles en tendances
21
Revivez la qualification de l'Atlético face à l'Inter
  • C1
  • 8es
  • Atlético-Inter
Revivez la qualification de l'Atlético face à l'Inter

Revivez la qualification de l'Atlético face à l'Inter

Revivez la qualification de l'Atlético face à l'Inter
26
Revivez Montpellier-PSG (2-6)
  • Ligue 1
  • J26
  • Montpellier-PSG
Revivez Montpellier-PSG (2-6)

Revivez Montpellier-PSG (2-6)

Revivez Montpellier-PSG (2-6)
31
Revivez Villarreal-OM (3-1)
  • C3
  • 8es
  • Villarreal-OM (3-1)
Revivez Villarreal-OM (3-1)

Revivez Villarreal-OM (3-1)

Revivez Villarreal-OM (3-1)
20
11 Amine HARIT (om) - 03 Adrien TRUFFERT (srfc) during the Ligue 1 Uber Eats match between Rennes and Marseille at Roazhon Park on March 17, 2024 in Rennes, France.(Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport)   - Photo by Icon Sport
11 Amine HARIT (om) - 03 Adrien TRUFFERT (srfc) during the Ligue 1 Uber Eats match between Rennes and Marseille at Roazhon Park on March 17, 2024 in Rennes, France.(Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport) - Photo by Icon Sport
  • Ligue 1
  • J26
  • Rennes-OM
Revivez la victoire de Rennes contre Marseille

Revivez la victoire de Rennes contre Marseille

Revivez la victoire de Rennes contre Marseille

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Xavi