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  • Ligue des champions – J4 – Groupe F – Naples/Marseille

Imbula et le syndrome du miracle

Swann Borsellino
Imbula et le syndrome du miracle

C'est Daniel Riolo, dans son style qui l'a rendu célèbre à Las Vegas, qui a allumé la mèche : « J'aimerais punir tout ceux qui se sont enflammés comme des dingues sur Imbula ! Les priver de parole. » Une remarque un brin dictatoriale, mais qui a le mérite de mettre le doigt sur un mal chronique du football moderne : miser gros et s'emballer sur un cheval qui n'est encore qu'un joli poulain. Le joueur et les observateurs raisonnés, eux, ne s'inquiètent pas. Petit Gianelli deviendra grand Imbula.

Dans un monde du football aussi carré qu’une fonction mathématique, où les statistiques font office d’abscisse et la tactique d’ordonnée, la place laissée au ressenti et, en somme, au débat, à la mauvaise foi, bref, à la vie, est aussi mince que dans le métro à une heure de pointe. À Marseille, terre de passionnés, on ne vibre plus vraiment autour d’individualités depuis que Mamadou Niang a emporté ses crochets en Turquie, que Lucho préfère faire des passes millimétrées à Porto et que Hatem Ben Arfa est allé claquer des lucarnes à Newcastle. Arrivé auréolé du titre de meilleur joueur de Ligue 2 du haut de ses 21 ans, Giannelli Imbula était, pour beaucoup, un illustre inconnu dont on attendait moins qu’un Payet. Mais le gamin a décidé de démarrer fort. Très fort. En somme, Imbula, c’est un coup de foudre. Du Love at first sight façon Kylie Minogue. Un type que l’on voit jouer à quelques reprises et dont on sent qu’il a quelque chose de différent. Quelque chose en plus. Jusqu’à, peut-être, en oublier qu’il n’a jamais joué en Ligue 1 ou en Ligue des champions, et qu’en 1992, l’année de sa naissance, Khaled était à son apogée avec Didi, Dr Dré sortait The Chronic et Rage Against the Machine dégainait son premier album. Pour certains extrémistes, l’ancien Guingampais est déjà un crack. Pour d’autres, pas moins tarés il est surcoté, amené à n’être qu’un joueur moyen, plus Alou Diarra que Yaya Touré. Les extrêmes, où le don d’esquisser des montagnes russes là où il n’y a qu’une courbe de progression logique, faite de belles performances et de galères, de titularisations et de déceptions.

Trop vite, trop fort, trop haut

L’Olympique de Marseille pèse si lourd que même les épaules d’un haltérophile aguerri ne tiendraient le coup. Pourtant, après un petit mois de Ligue 1, beaucoup voulaient déjà que Giannelli Imbula porte la Cité Phocéenne comme on tient un baluchon : tranquillement. À cette époque, les Marseillais pensent encore à rivaliser avec Paris et la lutte face au rouleau compresseur de Laurent Blanc, qu’elle soit à distance ou directe, ne passe que par une domination au milieu de terrain. Un secteur dont l’international espoir a été l’éclaircie tout au long du début de saison. De sa première au sein de l’élite contre Guingamp, son ancien club, à une prestation aboutie face à Saint-Étienne, avec son premier but à la clé, tout se passe bien. Trop bien. Ici, on envoie l’intéressé en équipe de France avec Pogba. Là, on le voit lutter avec le génie Marco Verratti, lui aussi, membre de la génération 92, mais bien plus précoce et développé. Car c’est là que le bât blesse. Trop vite encensé et, paradoxalement, trop bon là où l’on attendait qu’il ait besoin d’un temps d’adaptation, Giannelli Imbula a fini par lever le pied. Titulaire indiscutable, à l’OM et en espoir, le milieu de terrain a connu une baisse de régime significative, comme si son corps avait dit stop. « Il avait besoin de se régénérer » , dira Élie Baup, qui lui avait notamment préféré Cheyrou, très peu utilisé cette saison, au match aller face à Naples. Mais ce dont le joueur a besoin, c’est simplement du temps. Certes, de plus en plus de joueurs percent au haut niveau à des âges où un gamin lambda prend des râteaux loin des pelouses. Mais à 21 ans, Imbula n’est pas surcoté, sous-coté, coté ou à côté. Il est un très jeune joueur qui n’est pas aussi émancipé que certains footballeurs de son âge mais est au moins aussi talentueux.

« Muscle ton jeu, Gianelli »

Plus jeune joueur à avoir débuté avec les pros sous les couleurs de Guingamp, Imbula, arrivé en Bretagne en 2007, n’a pas tardé à faire l’unanimité, au sein du club et ailleurs. Un but délicieux contre Colmar, une place trouvée au milieu du terrain de l’EAG et très vite, une impression de dépit pour les entraîneurs adverses. Tous ont subit la maestria d’Imbula dans l’entrejeu, mais parmi eux, Erick Monbaerts, entraîneur du Havre, est celui qui a été le plus marqué du sceau du Belge de naissance. « Ce n’est pas Guingamp qui nous a gêné ce soir, c’est Imbula. Il a marqué la rencontre de sa classe. C’est un joueur exceptionnel » , balançait le coach après un Guingamp – Le Havre. Exceptionnel, le mot est peut-être fort, mais Imbula est assez solide pour être élu meilleur joueur de Ligue 2 à 20 ans, ce qui n’est pas rien. Assez solide aussi, pour briser les lignes des milieux de terrain de Ligue 1 les doigts dans le nez lors de ses premières prestations. Epatés par le talent du minot, Valbuena, Payet et compagnie apprécient sa puissance, sa qualité de passe, sa vista et sa technique. Indéniables, ces qualités sont parfois mises à mal par un déficit important à la récupération. Pas assez méchant, pas assez présent, Imbula sort parfois de son match et c’est ce que l’on peut lui reprocher sur ses dernières sorties. « Quand il y est moins, son jeu s’en ressent. Il faut qu’il soit un peu plus performant pour aller gagner des ballons dans les pieds de ses adversaires » , confie notamment Jocelyn Gourvennec, son ancien entraîneur, avant d’ajouter que Gianelli peut « encore progresser » . Quelque chose qui semble normal, à seulement 21 ans, non ?

Après la trêve internationale, place au festin !

Swann Borsellino

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